Chapitre 6

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En écoutant durant la lecture : "Masquerade" de Groundfold

Le soleil se reflétant sur ses cheveux blonds, le petit garçon jouait avec des poupons. Il était posé dans l'herbe, au fond du jardin, seul. Il faisait voler une poupée en produisant le bruitage adéquat quand une silhouette s'arrêta devant lui. Le garçon leva alors la tête, curieux, tandis que la personne s'accroupit. Émilie Agreste adressa un regard empli d'admiration envers le garçon devant elle.

- Adrien, mon cœur.

Son visage s'illumina et elle le prit dans ses bras, le serrant fort contre elle. Adrien posa alors sa tête sur l'épaule de sa mère, ses petites mains autour de son cou. Il huma son odeur, prit entre ses doigts ses cheveux et profita de la proximité de leur étreinte avant qu'on ne l'y arrache, comme toujours.

- Émilie ! S'exclama plus loin Gabriel. Tu dois rester alitée, ne t'épuises pas inutilement !

Sans répondre à son mari, Émilie se détacha juste assez pour pouvoir plonger son regard vert dans celui de son fils qui en avait hérité, et caressa sa joue. Elle ne dit rien, son comportement était bien assez parlant. Ses yeux s'étaient adoucis et admiraient la chose la plus précieuse qu'elle avait dans sa vie ; celle pour laquelle Émilie continuait à se battre contre la maladie rien que pour recevoir un sourire de son ange. Ses lèvres s'étirèrent vers le haut, faisant ressortir ses pommettes, et d'un ton empli d'un amour inconditionnel, Émilie prononça quatre mots.

- Je t'aime Adrien.

Ce souvenir si cher au cœur d'Adrien le faisait maintenant souffrir. Il se sentait impuissant, écrasé par une force si soudaine dans sa violence qu'il comprit qu'il n'avait jamais connu la douleur avant cela. Le monde autour de lui sombra pour ne le laisser que lui et sa mère, face à face, qui l'admirait avec le même sourire que ce jour-là. Adrien sentit ses yeux piquer et son corps trembler. Son cœur s'affolait et sa respiration s’accéléra. Comme le petit garçon qu'il était, Adrien ressentit le besoin de se replier sur lui-même et pleurer. Son chagrin était immense et grossissait chaque seconde qui s'écoulait, comme un tsunami prend de plus en plus de hauteur avant de tout raser et de ne laisser qu'un endroit saccagé sans vie après son passage.

- Adrien, ta mère reviendra si tu me donnes ton Miraculous et celui de Ladybug.

- Tu ne crées que des cauchemars ! Répliqua Ladybug avec affront, pourtant sa voix parut lointaine pour Adrien.

- Le miraculous de la coccinelle et du chat me permettent un vœux s'ils sont assemblés. Émilie peut être ramenée. Ta mère sera de nouveau à tes côtés et ta famille sera enfin complète.

Adrien ne put se retenir plus longtemps et éclata en sanglot. Ses épaules tressautèrent violemment alors qu'il serrait les poings, les jointures tournant blanches. La vague s'était abattue avec puissance, écrasant et piétinant tout ce qui avait été construit et appris. Adrien avait envie de disparaître. La douleur, la souffrance, tout était décuplé. Il se sentait aspiré par les flots, incapable de remonter à la surface. A chaque respiration, il sombrait un peu plus tandis que l'eau remplissait ses poumons. Adrien se noyait dans son chagrin et était attiré dans les profondeurs par le poids de ses désillusions.

Ladybug était réduite au silence. L'état d'Adrien l'avait paralysée. Ses pensées voyagèrent entre chaque souvenir de Chat Noir qui n'osait pas s'ouvrir à elle. Chat Noir portait sur ses épaules le chagrin d'Adrien et essayait de l'enterrer en abusant d'une personnalité joyeuse et enthousiaste à chaque épreuve. Ladybug avait été aveuglée par le jeu d'acteur d'Adrien. Face à autant de désespoir, elle ne savait comment réconforter le garçon qui, au contraire, trouvait toujours les bons mots pour lui remonter le moral. Que pouvait-elle faire pour ce garçon déchiré ? Elle était impuissante pour consoler une si grande tristesse.

Avant que tout imploseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant