Erreur du passé

62 18 5
                                    

Edouard vit en quelques secondes tous les moments forts qui avaient rythmés leurs vies à tous les deux : le jour de sa naissance, ses premiers pas, son internement, son départ... tous ces souvenirs qu'il gardait au plus profond de son cœur, qui lui faisaient atrocement souffrir mais dont il ne se séparerait pour rien au monde. Il regardait sa fille sans comprendre, sans pouvoir prononcer le moindre mot malgré tous les discours qu'il s'était imaginé au cas où le ciel lui permettrait de la revoir. Il ne trouvait pas qu'elle avait beaucoup changé : bien sûr elle avait grandi et probablement muri, à ses yeux elle était toujours une enfant, son enfant.

- Dis papa, tu pourrais au moins dire bonsoir, à... à moins que tu ne me reconnaisses pas ?

Sa voix ne trahissait pas la moindre émotion mais plutôt une certaine impatience.

- Mi... Michelle... bégailla le vieil homme.
- Tu te souviens au moins de mon prénom, ça fait plaisir.
- Comment peux-tu croire...
- Peu importe, je suis assez pressée.
- Pardon ?! s'exclamèrent ensemble Eduard et Gaspard.
- Ecoutez-moi bien, j'ignore ce que vous espérez obtenir en agissant de la sorte et je m'en moque mais je ne veux pas qu'Alison soit mêlée à vos histoires alors rendez là moi maintenant et on oublie tout...
- M...mais de quoi tu parles ? demanda Edouard complètement perdu.
- Ne joue pas les innocents, quelqu'un vous a vu... ou plutôt, a vu votre chauffeur emmener Alison dans une de vos voitures alors allez la chercher qu'on en finisse.
- Je n'y comprends rien, cette fille n'est pas ici et jamais je n'ai demandé à mon chauffeur de faire une telle chose... et puis quel genre de relation as-tu avec elle ?
- Je ne suis pas d'humeur papa, puisque tu t'entête, fais venir ton chauffeur et on verra s'il ose nier devant moi.

Edouard était juste choqué. Jamais il n'aurait pensé que les retrouvailles avec sa fille se passeraient dans une telle ambiance. Non seulement elle ne faisait aucune allusion à toutes ces années de séparation mais elle lui parlait avec froideur ; comme s'il s'agissait d'un ennemi.

- Ecoute Michelle, tu dois faire erreur. Il n'y a que deux chauffeurs ici : le premier tu l'as vu tout à l'heure et...
- Et le second ?
- Il n'est pas encore rentré...
- Bien sûr qu'il n'est pas encore rentré cette espèce de kidnappeur ! tu as intérêt à le faire venir et il vaudrait mieux pour lui qu'Alison me revienne en bonne santé.
- Mais enfin qu'est ce qui te prend ? il n'y a pas de kidnappeur dans cette maison. Si vraiment Raoul l'a emmené avec lui, il l'a ramènera forcement ici...
- Raoul qui ?
- Pardon ?
- Il faut bien que je connaisse son nom de famille pour pouvoir déposer ma plainte.
- Je t'ai dit de te calmer et puis d'où vient ton intérêt pour cette gamine ?
- Ma gamine !
B- Quoi ?

Edouard avait peur de comprendre.

- M... Michelle... qu'est-ce que tu... tu veux dire...
- Oublie ça, de toute façon ce ne sont pas tes affaires.
- Comment ça ''pas mes affaires'' ? tu parles de ma famille.
- Non, je parle de la mienne.
- Mais tu es ma fille.
- Ah alors tu le sais, parce que ces dernières années j'avais vraiment l'impression que tu avais oublié ce détail.
- Dois-je te rappeler que c'est toi qui est partit et a coupé les ponts avec nous, tes propres parents ?
- Ne joue pas la victime s'il te plait, tu vas me dire que toute ta fortune n'est pas suffisante pour retrouver une adolescente dans la même ville ? Le prix d'une seule de tes voitures suffirait pour passer la ville au peigne fin.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Que si tu avais voulu me revoir une seule fois, tu m'aurais retrouvé sans difficulté.
- Je t'ai cherché, sans relâche, pendant des années...
- Non, tu as payé des gens pour le faire parce que comme à ton habitude tu n'avais pas de temps... sauf pour Victoria.
- Qu'est-ce que ta sœur vient chercher dans tout ça ?
- Avoue le papa, quand je suis partie tu t'en fichais pas mal parce que ta petite Vicky Chérie était à tes cotés et maintenant qu'elle est morte tu te souviens de moi...
- Arrête, gronda Edouard. Tu vas trop loin ! Je ne sais à quel moment tu as pu développer une telle jalousie à l'égard de ta sœur que même sa mort ne parvient pas à effacer.
- Tu oses me demander ça ? tu avais toujours du temps pour elle et pas pour moi, sa parole avait toujours plus de poids que la mienne, tu préférais l'emmener se promener plutôt que de venir me voir à l'hôpital, tu n'avais que son prénom à la bouche... ça te suffit ou tu veux que je continus ?
- Michelle, calme-toi...

L'éclat Du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant