Une nouvelle chance de bonheur

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     Alex ne savait pas si les frisons qui lui parcouraient le corps étaient dû au froid glacial qui caractérise si bien les hôpitaux ou à l'inquiétude qui le paralysait depuis déjà une heure.

        Il se promit intérieurement de découvrir pourquoi son amie réagissait de cette façon face au feu ; peut-être était-ce lié à son rêve de la nuit dernière. Il en était là dans ses réflexions lorsqu'une porte s'ouvrit sur l'homme en blouse blanche qui les avait aidés. Celui-ci n'eut même pas le temps de prononcer une parole que déjà Edouard s'élança à sa rencontre. Les deux hommes échangèrent quelques mots et allèrent s'enfermer dans une salle.

  -  Vous êtes responsable de...
  -  Oui, je suis monsieur Azemou Edouard, enchanté docteur...
  -  Kamdem Junior, je suis pédiatre.
  -  Je vous suis extrêmement reconnaissant pour ce que vous avez fait.
  -  N'importe quel médecin aurait fait de même à ma place mais là n'est pas la question, pour commencer, comment s'appelle cette jeune personne ?
  -  Elle s'appelle Yolaine Gerville et il s'agit de ma petite fille.
  -  Monsieur Azemou, laissez-moi vous dire au cas où vous ne sauriez pas que votre petite fille est victime de maltraitance.
  -  Pardon ?!
  -  Je ne devrais pas m'en mêler mais en tant que père, je ne pouvais pas rester muet devant les traces qu'elle a sur son corps qui témoignent des violences physiques dont elle a souvent dû être victime.

Le docteur Kamdem junior regardait Edouard d'un œil sévère, que pouvait-il bien penser de lui à cet instant précis ? Certainement qu'il s'agissait d'un monstre qui battait violemment ses enfants.

  -  Je n'en savais rien ! jusqu'à hier, Yolaine vivait avec sa mère.
  -  Eh bien, je vais vous demander de parler sérieusement à sa mère car elle n'a visiblement pas la mentalité nécessaire pour élever un enfant.
  -  Oui bien sûr... Je peux la voir à présent ?
  -  Bien entendu monsieur Azemou.

Le docteur se leva et incita Edouard à le suivre d'un geste de la main. Ils sortirent pour prendre tous les autres au passage avant d'entrer dans une salle où il y avait plusieurs lits alignés. Ils trouvèrent celle qu'ils cherchaient sur le lit le plus proche du mur. Edouard vint s'assoir au bord du lit. Il n'arrivait pas à imaginer sa fille, sa douce Victoria frapper qui que ce soit et encore moins sa propre fille, raison pour laquelle il était décidé à tirer les choses au clair.

  -  Yolaine, j'ai besoin que tu me dises la vérité : Est-ce que ta mère te frappait ?
  -  Non, répondit-elle du tic au tac.

La vitesse à laquelle elle avait répondu étonna beaucoup Alex, il se dit que soit elle avait répondu au hasard soit la mémoire était en train de lui revenir.

  -  Alors qui te fait du mal ?
  -  Je sais plus.

Devant l'incompréhension générale, Alex se sentit obligé d'intervenir afin d'éclaircir la situation.

  -  Je suis désolé de ne pas vous l'avoir dit plus tôt mais... en fait... comment dire... la vérité c'est que...
- Je n'me souviens pas de vous.

Cette seule phrase fit l'effet d'une claque aussi bien aux grands parents de Yolaine qu'à ceux d'Alex.

- Elle a perdu la mémoire pendant l'accident, ajouta Alex comme pour atténuer la dureté des paroles. On ne vous l'a pas dit parce qu'on pensait que ses souvenirs lui reviendraient si elle se reposait un peu.

Françoise se rappela soudain du moment où elle avait voulu embrasser sa petite fille mais que celle-ci l'avait repoussé. Elle éprouva une sorte de soulagement en sachant que c'était uniquement dû au fait qu'elle ne se souvenait pas d'elle.

  -  Je pense que nous devons longuement discuter de tout ça, déclara-t-elle. Rentrons donc à la maison si vous êtes d'accord.

En remplissant les formulaires exigés par l'hôpital, Edouard se rendit compte qu'il ne possédait aucun document prouvant que Yolaine était bien de sa famille : ni acte de naissance ni carte d'identité. Actuellement, rien ne les liait ensemble, pas même leur nom_ et il se demandait toujours pourquoi Victoria avait donné à sa fille le nom du bon à rien qui lui servait de père_ et maintenant que les souvenirs aussi avaient disparus, le vieil homme prit conscience qu'il fallait officialiser sa situation au plus vite.

L'éclat Du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant