Un pas, deux pas, trois pas... D'un pas lourd, j'avançais sur le sol brûlant de cette journée ensoleillée. Le vacarme alentour avait de quoi faire mal aux tympans mais il en importait peu. Un courant d'air souffla dans mes mèches et la fraîcheur soudaine me fit lâcher un frisson. Je serrai les dents. Je regardais autour de moi, la route était à ma gauche et un paysage de nature se dessinait à ma droite. Je m'approchais d'un pont qui liait deux collines espacées par une cuvette.
Un pas, deux pas trois pas... Chaque fois que mes chaussures claquaient contre le sol, j'imaginais écouter une sorte de mélodie rythmée par des bruits sourds. Je me sentais bien aujourd'hui, toutes les sensations qui m'habitaient me semblaient si agréables. Je souriais passant ensuite ma main dans mes cheveux. Je continuais ma marche nonchalante. Je vis des oiseaux en forme de V avancer vers le soleil chaud et se fondre en de minuscules points jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision. Un nuage vint couvrir l'astre.
Un pas, deux pas, trois pas, j'arrivais bientôt à destination. Le but de mon existence, quel bonheur. A cette pensée, mon cœur se mit à palpiter plus ardemment. Une excitation toute nouvelle se forma dans le fond de mon ventre, empêchant presque mon diaphragme de me faire inspirer. La respiration saccadée, mes yeux se plissèrent alors que le soleil caché par les nuages s'était dévoilé. Ce rayon violent était douloureux pour la rétine, m'aveuglant presque, mais réconfortant en terme de chaleur sur la peau.
Un pas, deux pas, trois pas. J'étais enfin arrivé. Du revers de la main j'épongeais de la sueur perlant de mon front. Cette même sueur salée coulant dans mes yeux, me fit lâcher une larme. De l'autre main, je séchai la gouttelette. Reniflant bruyamment, je me tenais les hanches, fier. C'était donc aujourd'hui que cela allait arriver... J'étais maintenant sur le pont et je marchais pour arriver en son centre, longeant la barrière qui délimitait les bords de l'infrastructure. J'y suis.
Je sentais mon cœur battre la chamade, agrippant mon vêtement au torse comme pour calmer le tumulte de mon âme, je laissais ensuite glisser mon bras jusqu'à ce qu'il se détende le long de mon corps. J'appuyais ma main droite sur la barrière métallique, en relevant la tête pour balayer les environs du regard. Le soleil m'aveuglait. Dans le creux de la cuvette, j'observais que l'endroit était marécageux. Un filet d'eau maintenait les plantes d'ici en vie. La rivière était quasiment asséchée. Une brise légère caressait ma chevelure d'un souffle réconfortant. Satisfait, je plaçais ma seconde main sur la rambarde. Ensuite je montais un pied puis l'autre sur le tube métallique, m'agrippant ensuite à l'un des poteaux du pont. C'était le moment, j'étais prêt pour y aller, après avoir longuement observé la nature.
Lançant un regard derrière moi, ne voyant personne, je lâchais prudemment mes mains. Maintenant en équilibre sur les pieds, je tendai mes bras sur les côtés. Je respirais une fois, deux fois, trois fois, de plus en plus rapidement. Mon cœur s'affolait, mon corps tout entier se mettant à trembler. Des larmes se mirent à perler. Tiens, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je suis pourtant heureux, content de ce que je vais faire, alors pourquoi mon être ne réagit-il pas comme ma pensée ? Je souriais. Après avoir vécu tous ces évènements, il était temps d'y aller, je ne le regrettais pas. Le cœur lourd mais l'esprit léger, je laissais le vide m'accueillir, j'avais sauté. Dans ma chute, je vis le monde tournoyer, le vent vrombissant dans les tympans. Il ne m'avait fallu que quelques instants, pour m'écraser violemment, une, deux, et trois secondes...
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Seul avec personne
خيال (فانتازيا)Un adolescent adopte le pseudonyme de X, croix qui symbolise une identité qui ne lui appartient plus. Retrouver ses souvenirs : tel est l'objectif de ce frêle garçon, bien que survivre tiendrait déjà du miracle...