Flocon |Kuroken|

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Le thème de cet os est : flocon.

Flocon : nom masculin.
Petite masse peu dense.

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Un jour, Kuroo a fait un vœu. C'était un jour de neige. Le ciel était blanc, tout comme le paysage qui avait changé de couleur de la même manière qu'un renard polaire qui revêt un pelage blanc pour mieux se fondre dans le décor. Les flocons étaient tombés sans discontinuer du soir au matin. Ainsi, alors que la veille, la ville était encore colorée, Kuroo avait été émerveillé en ouvrant ses rideaux après son réveil, ébloui par cette infini clarté.

Enfilant sa grosse doudoune, ses bottes, ses gants et son bonnet, enfouissant son nez dans son épaisse écharpe rouge, il s'était précipité dehors le sourire jusqu'aux oreilles. Sous le regard amusé de ses parents qui lui avaient souhaité de passer une bonne journée à l'école, Kuroo s'était engagé sur le chemin habituel. L'école n'était pas loin, alors malgré son âge — il n'avait que sept ans —, il était tout à fait capable de se débrouiller tout seul.

Du moins le pensait-il. Il ne s'en était pas encore rendu compte, courant dans la neige la langue pendue, cherchant à gober les flocons qui auraient le malheur de se déposer sur son muscle rose et baveux, mais il s'était perdu. Un enfant perd facilement ses repères si le paysage change un peu trop d'apparence.

Alors qu'ils continuait de trottiner, bercé par les frouch frouch que produisaient ses pas dans la neige, il finit par se rendre compte que ce n'était pas normal qu'il ne soit toujours pas arrivé à l'école.

D'habitude, il avait à peine le temps de jouer et de courir un peu qu'il y était déjà. Pourtant, même s'il n'avait pas la notion du temps, il savait, il le sentait : les lieux lui étaient étrangers, et cette route enneigée, c'était la première fois qu'il y mettait les pieds. D'un coup, tout se mit à tourner autour de lui. La panique le gagna, il avait l'impression d'étouffer dans son gros manteau. Il retira l'écharpe autour de son cou, elle lui donnait la sensation de suffoquer.

Il avait chaud. Son cœur palpitait, s'excitait dans sa cage thoracique. Sa vision se troublait, son souffle se faisait court. Des larmes vinrent perler au coin de ses yeux, semblables aux petites gouttes gelées qui pendaient sous les rembardes des balcons et qui finiraient sans doute par se transformer en stalactites. Les maisons et les panneaux se confondaient, le blanc qui les recouvrait prenait de plus en plus de place. Kuroo ne reconnaissait rien.

Il voulait crier, mais aucun son ne parvint à sortir de sa bouche. Les membres tremblants, il se roula en boule sur le trottoir, attendant qu'on vienne le chercher. Il agitait ses mains contre ses bras, comme s'il voulait se réconforter lui-même. Il voulait appeler à l'aide, mais tout était brouillon dans sa tête. Il essayait de raisonner, de se dire que l'école allait finir par appeler ses parents lorsqu'ils remarqueraient son absence.

Mais Kuroo était terrifié, et il eut beau se répéter que sa mère finirait par venir le sauver, il ne pouvait arrêter le tremblement de son corps ou même espérer ralentir les battements de son cœur.

Alors, puisqu'il était tout seul, petite boule noire abandonnée au milieu d'une route blanche et brillante, et qu'il n'avait plus vraiment la notion de rationalité, il se mit à joindre les mains. Pourtant, ses parents n'étaient pas croyants, et il n'avait pas vraiment de Dieu à qui implorer de l'aide. Mais Kuroo ne faisait pas ça pour prier. Il s'apprêtait à faire un vœu.

Il ne savait pas si quelqu'un, là-haut, quelque part, l'entendrait, ni pourquoi il s'apprêtait à faire quelque chose d'aussi illogique. Mais il voyait ça dans les films d'animations japonaises, parfois. Quand le héros est perdu, il se met à formuler un vœu. Le plus fou, c'est que ce vœu finit toujours par se réaliser. 

Des cœurs en apesanteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant