Miasme |Iwaoi|

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Le thème de cet os est : miasme.

Miasme : nom masculin.
Odeur pestilentielle provenant d'une décomposition.

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S'il y avait une chose qu'Oikawa ne supportait pas depuis le début de l'Apocalypse, c'était bien l'odeur putride dégagée par les zombies et leurs cadavres en décomposition. Ces miasmes avaient le don de lui donner la nausée et ne manquaient pas de faire remonter dans son estomac tout ce qu'il avait ingurgité dans la journée.

Oikawa avait toujours été quelqu'un de douillet, et sa survie en cette sombre période relevait du miracle. Lui-même se demandait comment il avait fait pour s'en tirer sain et sauf, même s'il savait que la présence d'Iwaizumi n'y était pas pour rien.

Oikawa était particulièrement sensible, et ses cinq sens étaient plus en exergue que la moyenne. Il était par exemple très difficile au niveau de la nourriture, il rechignait à manger un steak qui aurait cuit une minute de trop et refusait de toucher à un œuf dur si le jaune n'était pas parfaitement compacte. Autant vous dire que les boîtes de haricots et les snack périmés qu'il était obligé d'avaler pour ne pas mourir de faim était un véritable calvaire pour notre pauvre Oikawa et son palais délicat.

Mais ça encore, il arrivait à le supporter. Un jour, ils étaient tombés sur un camion de sauce ketchup laissé à l'abandon, et Oikawa en avait fait tout un stock pour masquer le goût de toutes les choses horribles qu'Iwaizumi le forçait à manger. Même si c'était loin d'avoir bon goût, il préférait que tous ses plats aient l'arôme de la sauce tomate sucrée plutôt que de sentir le goût du vieux maquereau en conserve se répandre dans sa bouche.

Cependant, il y avait pire pour Oikawa que de sentir son palais gustatif se faire violer à chaque repas. Pire que de voir des cadavres en putréfaction à tous les coins de rues et des zombies déambuler avec un œil ou un bras en moins, pire que d'entendre leurs grognements gutturaux et les cris effrayés des survivants.

Parce que l'odorat était bien le sens le plus développé chez Oikawa.

Et à ses yeux, ou plutôt, pour son nez, il n'y avait rien de pire que les miasmes dégagés par les revenants qui les poursuivaient. Désormais, ce n'était pas la peur de se faire dévorer qui effrayait Oikawa, mais la peur de renifler ne serait-ce qu'une seule fois leur odeur pestilentielle qui lui donnait envie de vomir.

Depuis que l'invasion de zombies avait commencée, il ne se passait pas un jour sans qu'Oikawa regrette d'avoir un odorat aussi fin. Entre le fumet infect qui émanait de leurs boîtes de conserve, les effluves ignobles qui envahissaient les rues jonchées des carcasses des survivants et les émanations nauséeuses des zombies à leur trousse, Oikawa se sentait mourir à chaque fois.

Ce n'était pas les revenants qui allaient le tuer, mais leur odeur.

— Shittykawa, arrête de rêvasser et ramène-toi.

— Iwa-chan, je t'ai déjà demandé d'arrêter de m'appeler comme ça !

— Et moi je t'ai déjà dit d'arrêter de gueuler bordel !

Leur dispute avait attiré un zombie qui tourna la tête dans leur direction tandis qu'Iwaizumi entraînait Oikawa derrière un mur. Il plaqua sa main contre sa bouche pour l'empêcher d'émettre un son. Le zombie resta immobile une trentaine de secondes avant de se remettre à boiter dans une rue opposée.

Iwaizumi soupira, et libéra Oikawa de son emprise. Il inspira une grande bouffée d'air, comme si la main d'Iwaizumi l'avait empêché de respirer.

— Des fois, je me demande pourquoi je t'ai sauvé la vie. Ça aurait été beaucoup plus facile de survivre si t'avais pas été là pour tout faire foirer à chaque fois.

— Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, Iwa-chan. C'est quand même pas ma faute si tu es tombé amoureux de moi.

Iwaizumi grogna, lui asséna un coup sur la tête, mais ne démentit pas.

Le premier jour de l'Apocalypse, alors que les infos à la télé conseillaient à tout le monde de rester chez soi en attendant de pouvoir maîtriser la situation, Oikawa avait complètement cédé à la panique. Après avoir publié plusieurs stories Instagram pour se plaindre de la décision du gouvernement et demandé comment il allait faire pour survivre s'il ne pouvait plus s'adonner à sa virée shopping du samedi, il avait décidé d'aller faire les courses une dernière fois histoire d'avoir de bonnes choses à manger en attendant que la situation soit réglée.

Il faisait chaud, ce jour-là. Même son ventilateur posé sur la commode prêt de l'entrée ne suffisait pas à le rafraîchir. Il avait ouvert la porte, un sac de course sous le bras, puis s'était dit qu'il lui en faudrait peut-être un de plus au vu des provisions qu'il voulait faire. Il avait laissé la porte ouverte et était retourné fouiller dans un placard pour dénicher un autre sac. Sauf qu'à ce moment-là, il se trouve qu'un zombie avait déjà pénétré son immeuble, et qu'il rôdait dans la cage d'escalier juste à côté de son appartement.

Oikawa avait entendu un grognement, avait sorti la tête de son armoire pour vérifier d'où venait ce bruit étrange, et avait à peine eu le temps d'ouvrir la bouche de stupeur avant de voir le zombie sur son paillasson s'élancer dans sa direction. Oikawa n'avait pas bougé de son placard. Il avait été paralysé par la peur, et était déjà en train d'imaginer sa mort. Lui, Oikawa Tooru, la diva des réseaux sociaux, terrassé par une crise cardiaque avant même que le zombie n'ait eu le temps de croquer dans sa chair.

Ce scénario se serait sans doute réalisé si son petit-ami n'était pas arrivé pour lui sauver la mise et fracasser la tête du zombie à l'aide de son ventilateur.

— En tout cas, ça m'aurait pas fait de mal si le zombie t'avait bouffé la langue. J'aurais pu avoir la paix.

— Ça aurait été moins agréable de m'embrasser si je n'avais pas eu ma langue, non ?

Là encore, Oikawa se reçut un coup sur le crâne, mais Iwaizumi ne le contredit pas.

Enfin, même si les miasmes étaient difficile à supporter et qu'il commençait sérieusement à être dégoûté des champignons en boîte à la sauce ketchup, Oikawa comptait bien survivre malgré tout. Parce que s'il n'aurait jamais pu survivre jusqu'ici s'il n'avait pas été épaulé par Iwaizumi, l'inverse était également vrai.

Un monde sans Oikawa, Iwaizumi n'en voulait pas.

Des cœurs en apesanteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant