Il y avait de l'agitation au camp. Dariis venait à peine de se réveiller en cette fin d'après-midi, et il avait entendu le remue-ménage, le hennissement d'animaux inconnus, et la voix du mage qui résonnait dans la plaine jusqu'à son abri.
Il rampa jusqu'à un de ses postes d'observation favoris, et remarqua deux inconnus qui suivaient le mage à grands pas vers le camp. Le plus grand des deux tenait les brides de ce qui semblait être, pour Dariis, deux cerfs gris particulièrement épais, et sans cornes, dont le large museau s'allongeait vers le bas. L'un avait une crinière blanche, et l'autre noire, leur queue ressemblait au toupet tombant de fleurs qui poussaient dans la forêt elfique. Mais Dariis était surtout surpris par leur obéissance, et quand l'humain s'arrêta, les animaux aussi, juste derrière lui. Il ne voyait pas le visage du plus grand, uniquement la tresse qui lui entourait la tête et couronnait son carré châtain, mais il entendit clairement sa voix qui répondait au mage.
« Moi, c'est Alexia. Lui, c'est Quinty. »
Il n'avait pas besoin de se le faire redire deux fois (de toute façon, comment serait-il allé leur demander de répéter ça ?) et retint tout de suite leur nom. Toujours en mouvement, sans avoir pendant ce temps cessé de marcher de-ci, de-là, et même un peu essoufflé, le mage leur présenta les trois autres hommes et se présenta en retour, et finit par s'arrêter devant le bâtiment de la mairie, qu'il contempla quelques secondes. Il leur fit soudain face d'un quart de tour rapide et expérimenté, exécuté par ses bottes de cuir, qui soulevèrent un peu de la terre sèche et battue qui avait affleuré à cause du fréquent passage à cet endroit. Puis il reprit tout aussi soudainement ses mouvements quasi erratiques.« Posez vos affaires, posez-les, allez-y ! Vous êtes ici chez vous, enfin presque. Quels beaux chevaux ! Magnifiques... »
Et alors que le mage déroulait un peu plus son intarissable discours de bienvenue, les gratifiant, prêt à les conduire à travers le camp, et à leur décrire tout ce qu'ils verraient, Alexia leva un sourcil, dubitative. Presque ? Toute cette effusion et un « presque » ? Mais elle n'interrompit pas le mage dans sa logorrhée verbale. Le tour du camp, qui aurait pu durer une minute, s'étira pendant dix, et c'est seulement une fois revenus à ce qui semblait être la place de ce minuscule village, qu'Alexia eut un début de réponse : le mage leur fit contourner la petite mairie.
Darris sut aussitôt ce qui allait se passer, et il avait hâte. Il connaissait les signes par cœur désormais, il aurait pu les retracer yeux fermés dans le sable, dans la même exacte écriture que celle du mage. Il commençait aussi à connaître un peu leur langage, les sons récurrents, les intonations, et quelques mots. Il allait enfin pouvoir donner un sens à certains de ces motifs. Il en tremblait presque.
Le mage leur montra le mur couvert d'écritures d'un ample geste des bras.
« Voici les lois de notre communauté. Vous savez lire ?
- Oui, oui bien sûr », répondit Alexia. Quinty hocha la tête. Il parcourait déjà les quelques paragraphes des yeux.
« Il faut que vous les lisiez à voix haute, que vous juriez de les respecter, et que vous les signiez. »
Alexia ne répondit pas tout de suite. Elle regarda le mage dans les yeux, frontalement, elle semblait le jauger. Tous se demandèrent quel pouvait bien être le problème, ce qui lui déplaisait tellement dans cette idée. Quinty avait commencé à se balancer d'un pied sur l'autre avec gêne, comme s'il voulait aller se cacher quelque part, dans un trou de souris ou dans une grotte comme Dariis.
« Mon frère est muet. »
Alexia l'avait dit comme elle aurait dit qu'il portait une chemise marron, et l'expression du mage ne trahit aucunement le souci que cela lui causait.
VOUS LISEZ
RELIQUES - Dream SMP AU
FanfictionLa légende raconte que trois voyageurs s'établirent sur le bord du monde connu, et fondèrent un pays pacifique avec d'autres humains et créatures qui les rejoignirent, un pays où il faisait bon vivre. Mais la légende se trompe. Quand fuyards, meurt...