La quiétude est une paix intérieure, une tranquillité d'esprit. Elle ne se présente pas à tout le monde. La plupart du temps quand on a tout, la santé, la vue, l'ouïe, on peut se permettre de défier les volontés de Dieu. On se lamente de l'échec essuyé lors d'un examen, on s'exaspère d'un manque de réussite dans nos entreprises oubliant que tout là haut il y a un décideur qui s'occupe de notre destiné. En revenant de la boutique ce jour là, Fati avait croisé la route d'un non voyant. Elle l'aida à retrouver son chemin, sous de chaleureuses prières. La jeune fille ferma les yeux et essaya de marcher, la sensation fut telle qu'elle versa de chaudes larmes s'imaginant dans une pareille situation. Elle remercia son seigneur de lui permettre de voir et de se déplacer. Elle ne cessait d'ailleurs de le faire depuis quelques temps maintenant. Son séjour se passait très bien. Baye talla et sa famille furent de chaleureux hôtes. Au delà même de toute espérance, tout se passait bien pour Fati dans sa nouvelle maison, car même Binette et Mère Fanta se comportèrent bien avec elle. Mais cela s'expliquait puisqu'elles n'étaient jamais restées seule une seule fois avec les deux femmes. Avec son travail de taximan, Baye talla partait le matin , revenait pour le déjeuner et repartait jusqu'au soir. Même si Binette avait des choses en tête, elle se gardait de faire profil bas, attendant patiemment un meilleur angle d'attaque. Et dans cette quétude, éphémère certes, Fati se retrouvait enfin. Baye talla et elle s'adonnaient à de longues discussions. Et en cet homme elle retrouvait certaines vertus d'une figure paternelle, ce qu'elle n'avait jamais eues jusque là. Ils discutaient de tout et de rien et pendant ce temps là, la nouvelle venue s'ouvrait comme rarement. L'aprés dîner était souvent leur moment favori. le patriarche se confiait à la jeune fille comme envers son égal. Il était impressionné par la vivacité d'esprit de la jeune fille.
-Fati, je t'exhorte à reprendre tes études et aller au bout de tes rêves. C'est vrai qu'on en a jamais parlé depuis que tu es là. Tu sais j'aurais adoré poursuivre les miennes et avoir des diplômes. Mais je suis l'aîné de ma famille et une fois au collège, mon école ne se trouvait plus dans mon quartier. Du coup je devais prendre les transports en commun pour pouvoir rallier mon lieu d'études. Et à chaque matin, ma mère se chargeait du transport. Je me mettais à chaque fois devant ma mère, la main tendu pour recevoir l'argent. Imagines juste Fati, j'entrais dans mes 14 ans mais j'en connaissais beaucoup sur la vie déjà. Un jour, j'ai demandé une énième fois le transport et ma génitrice m'a répondu :
- tu sais mon fils, c'est à mon tour de faire la cuisine et je n'ai que 200 cents francs avec moi. Mais tu peux prendre les 100 francs.
Je les pris le cœur lourd, et me dirigeait vers la sortie. Cependant je n'eut pas l'esprit tranquille et j'étais animé d'un sentiment de révolte. Je pouvais pas regarder ma mère souffrir comme ça alors que j'avais au moins la force de mes bras. Je sortis pourtant de la maison. Mais après quelques pas je retournais à l'intérieur et rendit son argent à ma mère.
-Tu vas plus à l'école
-Non mère, l'heure est venue pour moi de devenir un homme.
Je me dirigeais vers le marché du quartier et commençais à porter les sacs des personnes qui faisaient leur course. Je fis plusieurs vas et viens et me retrouvait avec 10000 francs au début de l'après midi. J'achetais tout ce qu'il fallait pour un bon repas et le rapporta à ma mère. Fati, le bonheur que je lus sur son visage ce jour là n'a plus eu d'égal et cela me réconfortait dans ma décision. L'école était finie pour moi.
-Ça a du être difficile papa Talla. Vous n'avez jamais regretté.
-Oui ce le fut vraiment dur puisque j'avais de grandes ambitions dans mes études. Mais les regrets nous submerge vraiment que quand il y avait plusieurs issues au moment de choisir. Il n y a pas de regret si le compte du choix s'arrête à un. Ma destinée était de m'occuper de ma mère.
-T'es un homme bon.
- J'essaye de l'être en tout cas, à chaque instant de ma vie. Ton vieux père a un long voyage qui l'attend demain. Je vais aller me coucher. Bonne nuit.
Fati repensa cette nuit là à tout ce que Baye Talla lui avait dit et se considéra comme chanceuse de pouvoir avoir sous sa main sa propre destinée. Puisque c'est pas toujours le cas et Baye Talla en était la preuve la plus vivante.
****************
Dans la chambre de mère Fanta, se tramaient des desseims machiavéliques. Avec sa fille, elle avait prévu un plan sans faille afin de se débarrasser une bonne fois pour toute de cette nouvelle venue qui les dérangeait. Mère Fanta fait partie de ces personnes qui ne reculent devant rien quand elles détestent une personne. Agir sur la vie de quelqu'un par le bien, un conseil prodigué, des études grassement payées, un amour qui change tout, autant de moyens de changer le cours d'une existence. Mais pour la vieille dame elle penchait plutôt pour la destruction pure et simple. Pour elle, même rendre fous ses ennemis n'était de taille pour ébranler sa conscience.
Faty sentait ces derniers temps de gros spasmes la secouer dès l'instant qu'elle entrait dans la maison de Papa Talla et elle s'arrêtaient aussitôt qu'elle en sortait. Cela lui parut bizzare mais elle ne s'en fit guerre.
Cependant un jour alors qu'elle rentrait avec baye Talla dans la maison, elle fut prise d'insoutenables maux de tête qui la clouèrent sur place la faisant pousser un cri déchirant qui lui prirent toute son énergie et elle s'évanouit.
Faty se réveilla entre quatre murs tout blancs et se retrouva en face du vieux protecteur.
-Faty tu vas bien
-oui papa mais je n'ai aucune envie de retourner à la maison
-Mais pourquoi donc? C'est aussi la tienne!
-Je sens que si j'y reste encore une seule minute, je risque ma vie.
-De toute les façons je te sens pas très lucide en ce moment. Reposes toi et on parlera de tout ça plus tard.
En se recouchant sur le, Fati sentit quelque chose de plus rugueux que la douceur du matelas. Elle releva le drap blanc et trouva une enveloppe scellé. Elle le prit et hésita à l'ouvrir mais sa curiosité prit le dessus. A l'intérieur, une note qui lui était adressée, puisqu'elle lit tout en bas son prénom écrit en majuscule :Tes cris d'il y a quelques jours puisque je me doute bien que t'auras du mal à te réveiller, ont alerté l'hôpital entier et je serais très brève. Je suis aussi médecin dans l'autre aile de l'hôpital et si t'as besoin d'aide, n'hésite pas à me contacter.
Elle y trouva aussi un numéro de téléphone. Et pour elle c'est comme si toutes les planètes s'alignaient enfin. Elle avait son idée en tête et sa décision était prise. Elle contacta la personne de la note et elles convinrent qu'elle pouvait bien rester chez elle après qu'elle lui ait conté les évènements de ces dernières semaines. Le plus dur fut d'annoncer sa décision à Baye Talla. Elle s'y prit en l'invitant dans sa chambre d'hôpital.
-Papa Talla. Je vous suis redevable. Vous m'avez accueilli chez vous sans rien attendre en retour. Je me suis senti en paix comme je ne l'ai jamais été durant toute ma vie. Plus qu'un toit, j'ai trouvé une famille et un père en vous. Mais parfois dans la vie, des choix s'imposent afin de trouver une certaine paix intérieure et même si pour cela il faut faire du mal aux personnes à qui on tient le plus.
-J'accepte ta décision fut la seule phrase qu'il me sortit.
Je lui montrais la lettre de la dame afin de dissiper toutes ces interrogations que je lisais dans ces yeux.
Pour se persuader encore un peu plus de la douloureuse décision qu'il venait de prendre puisque je le sentais très peiné, il alla s'entretenir avec la dame et ces retours furent positifs. Le jour de mon départ, c'est avec son taxi qu'il m'amena chez la femme de l'hôpital dans une atmosphère pesante et sous le regard satisfait de mère Fanta.
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Abdallah
General FictionUn homme que son trouble passé rattrape.Quand l'étau se resserre les motifs d'espoirs sont-ils permis ? Abdallah va devoir surmonter ses lourds antécédents et surtout vivre. Là vivre consiste à se surpasser pour consommer un mariage dans lequel il s...