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Assis à l'intérieur du café, James et moi parcourons les annonces de vente d'occasion.
En même temps, nous visionnons quelques vidéos de personnes qui partagent leur « van life ».
Je prends des notes sur un petit carnet concernant les choses d'ordre pratique auxquelles on devra absolument penser.
James me regarde faire et il rigole.

_ Quoi ?, je m'exclame en levant mon stylo en l'air.
_ Je n'avais jamais vu une alcoolique aussi organisée.

Je lui fais un doigt d'honneur.

_ Je t'emmerde.

James rigole encore plus fort, et il me fait décrocher un rictus.
Je prends une pause pour boire une gorgée de mon café, et réalise soudainement ce qui est entrain de se passer.

_ Je n'arrive pas à croire qu'on va vraiment faire ça.
_ Moi non plus.
_ C'était ton idée, pourtant !
_ Oui, mais c'est quand même dingue. Je crois que je n'ai jamais rien fait d'aussi spontané.
_ D'un autre côté, tu pouvais pas vraiment faire grand chose quand t'étais l'arme humaine d'une organisation nazi.

Il me regarde, les sourcils froncés, et je me confond en excuses :

_ Oh merde, James, je suis désolée. Pardon, je ... C'était plus drôle dans ma tête. Je suis désolée.
_ Ferme-la. On a le droit d'en parler, tu sais. Je m'y attendais juste pas du tout.

Je suis rassurée. J'ai eu peur de le vexer, qu'il me fasse la gueule et qu'il ne veuille plus être avec moi.
Ça aurait été un peu trop tard : j'ai donné ma lettre de démission ce matin et j'ai déjà déménagé toutes mes affaires dans l'appartement de James.
Enfin ... Le peu d'affaires que j'ai.
Je vivais dans un meublé, les seuls choses qui m'appartiennent tiennent dans trois valises.

J'ai entraîné Charlie à porter un harnais. Je l'ai promené avec une laisse dans la rue, et même si les passants ont trouvé ça hilarant, Charlie, lui, avait l'air de plutôt apprécier.
Tant mieux, c'est comme ça qu'il devra vivre pendant les prochains mois.
James me sort de mes pensées.

_ A quoi tu penses ?
_ A Charlie. J'ai vraiment peur qu'on le perde un jour, qu'il s'enfuit ... Avant, il n'était jamais sorti de l'appartement.
_ Il va adorer. C'est un chat, il aime forcément courir partout. Il nous ramènera des rats et on les mangera.
_ T'es dégueulasse, Barnes !

Nous rigolons ensemble.
Tous les deux, nous sommes devenus encore plus complices depuis que nous avons décidé de s'en aller ensemble.
J'ai l'impression d'être heureuse.
Mais mes cauchemars sont revenus. Et ceux de James ne se sont jamais arrêtés.
Nous avons une hygiène de vie complètement minable, nous continuons de boire quasiment tous les soirs et nous dormons peu.
Mais nous sommes enfin ensemble, c'est tout ce qui importe.
Dans une semaine, j'aurai terminé mon préavis pour le travail. Un jour après, James et moi allons voir un vendeur. Il possède plusieurs vans Wolksvagen, tout aménagés. Le prix est bien au-dessus du budget que l'on s'est fixé, mais James a insisté pour qu'on aille regarder. « Ça ne coûte rien ». Il a raison.

~

_ Bon, c'est ce soir que tu m'abandonnes lâchement pour aller vivre une vie d'aventure ?, se plaint Jessica alors que nous nettoyons des tables.
_ C'est ça !
_ Je suis trop jalouse. Non en fait, c'est faux. Je pourrais pas vivre sans Wi-Fi. Je préfère mon petit confort new-yorkais. Mais tu vas me manquer, toi !
_ Toi aussi. Je t'enverrai des photos dès que je peux, c'est promis !

On fait une pause dans notre travail le temps de se prendre dans les bras.
Elle va me manquer, mais je suis vraiment heureuse du projet que nous avons, James et moi.

J'arrive chez James et toque à la porte.
Pas de réponse.
Je prends alors mon double de clés et ouvre la porte.

_ James ?

VIOLETTE - A LOVE STORYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant