4.

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5h50.
Ça fait bientôt cinq heures que je suis assise sur ce tabouret en compagnie de James.
On a encore beaucoup discuté cette nuit.

_ Je crois que je vais y aller, je dis à James, sans aucune conviction.
_ Tu n'as aucune envie de partir, hein ?
_ Comment t'as deviné ?
_ Tu n'étais pas très convaincante, à vrai dire.

Je me redresse.

_ J'aime discuter avec toi. Ces petits moments qu'on a ici ces dernières semaines sont les seuls moments où je n'ai pas envie de crever.

Je me lève de mon tabouret, règle l'addition et me tourne vers James.
Il a le regard vide, je sais qu'il m'a entendu mais il ne répond pas. Il fixe son verre vide.
J'attends une réponse, mais rien ne sort de sa bouche.
Bon.
Je tourne les talons et m'en vais.

Les miaulements de Charlie me réveillent.
J'ouvre difficilement les yeux et attrape mon téléphone. Il est 12h14.
Je suis encore épuisée. Ma tête me fait souffrir, je n'ai aucune envie de me lever.
Je vais sur les réseaux sociaux tout en grattant le ventre de mon petit chat à moitié endormi, puis je tombe sur un article qui parle des Avengers.
Je l'ouvre, puis tombe directement sur la photo d'un homme que je connais bien.
C'est James.

Je me redresse dans mon canapé-lit. Pourquoi une photo de mon compagnon de beuverie se trouve-t-il dans un article sur les Avengers ?

Je lis alors l'article, intriguée. Il dit que l'homme sur la photo est James Buchanan Barnes, dit Bucky, le meilleur ami d'enfance de l'ancien Captain America, Steve Rogers.
Apparemment, il a été victime d'un lavage de cerveau par une organisation appelée Hydra, ce qui l'a amené à tuer une centaine de personnes.
Il a ensuite été gracié après que Steve Rogers l'ait retrouvé et recueilli.

J'hallucine.

Ça explique tout, en fait.
La culpabilité le ronge, je le vois bien.
Il souffre. Il a perdu tant de choses.
Je comprends mieux maintenant.

Plusieurs larmes se mettent à couler. Je me sens tellement mal pour lui.
Et j'avoue qu'une infime partie de mon être n'a qu'une envie : le prendre dans mes bras et lui dire que tout ira bien.

Mais nous n'avons pas ce genre de relation. Tout ce qu'on fait, c'est avaler des litres d'alcool côte à côte et déballer nos plus sombres sentiments l'un à l'autre.

Je continue de lire l'article, et je suis interpellée par une phrase.

« A l'aide de son bras en vibranium, James Buchanan Barnes a contribué à sauver le monde lors de la bataille contre Thanos. »

Son bras en vibranium ?
Ça explique les gants et les manches longues. Et moi qui croyais qu'il voulait cacher une cicatrice ...

Au bout d'une petite heure sous ma couette, je me lève enfin et me dirige vers le coin cuisine de mon appartement.
Pendant que mon café coule, je me prépare des toasts à l'avocat.
Je mange mon repas devant un épisode d'une série que je regarde pour la millième fois, puis me prépare pour sortir.

Le vent caresse mon visage alors que je marche dans la rue. Je ferme les yeux pendant un court instant pour apprécier ce moment encore plus intensément.
Deux personnes me bousculent, mais je m'en fous.
Je continue de me balader, sans but précis.
J'arrive devant un café, pourquoi pas.
Je m'installe en terrasse et sors mon carnet et mon crayon. Ça fait longtemps que je n'ai pas écris, j'en ai envie tout d'un coup.
Je commence à écrire à propos d'un homme qui rencontre une femme dans un bar.
Une serveuse m'apporte mon café allongé, puis je continue à écrire tout en buvant ma boisson.

Je regarde l'heure : ça fait maintenant une heure que j'écris non stop sur mon carnet.
Je souris.
Écrire a toujours été mon échappatoire, ça me manquait.
J'allume une cigarette puis commande à nouveau un café. On me l'apporte, puis je continue d'écrire pendant plusieurs heures.
La serveuse m'informe que le café va fermer, et effectivement je vois sur mon téléphone qu'il se fait tard.
Je règle mon addition puis décide d'aller faire un tour au bar.

Il est tôt pour que James y soit, mais j'espère quand même l'y retrouver.

VIOLETTE - A LOVE STORYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant