Sous notre nez

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Enfermés dans le bouclier créé par Lia, Natsu et les autres essayaient de comprendre exactement quelle était la menace.

La petite, malheureusement, ne leur était pas d'une grande aide, répétant seulement que quelqu'un de "méchant" les observait.

Lucy était complètement abasourdie par la puissance que dégageait l'enfant, si frêle en apparence. Elle était aussi un peu inquiète, car la Magie Sylvestre, aussi appelée Arche des Arbres, était une magie dangereuse, qui pouvait avoir des conséquences redoutables sur son utilisateur. Cela pouvait aussi expliquer pour quelle raison la famille de Lia avait été prise pour cible dans un premier temps. Si tous les membres de sa famille possédaient les mêmes dons incroyables...

La blonde s'agenouilla près de la fillette.

- Lia, chaton, il va falloir que tu nous aides à comprendre, s'il te plaît. Comment arrive-tu à sentir la présence de quelqu'un ? Peux-tu nous indiquer dans quelle direction ?

Elle ne doutait pas une seconde de la véracité des paroles de l'enfant, l'effroi dans ses yeux était bien réel, et de par son vécu, peut-être que la petite avait gagné en sensibilité.

Mais l'enfant secoua la tête.

- Je ne sais pas Lucy, il est là, mais sans être là, je ne comprend pas, répondit Lia, les yeux pleins de larmes.

Sentant qu'elle avait besoin d'être rassurée, Lucy posa la main sur les cheveux de la petite.

- C'est très bien Lia, tu nous a protégés et tu nous aides beaucoup, ne t'inquiètes pas.

- Je... je crois qu'il est parti, réagi soudain Lia en regardant autour d'elle.

Elle tomba ensuite à genoux au sol, épuisée d'avoir utilisé ses pouvoirs pour la première fois depuis bien longtemps.

Pendant que Wendy et Happy accompagnait Lia jusqu'au banc le plus proche, Natsu et Lucy les suivaient de près tout en discutant à voix basses.

- Quelqu'un dont on ne détecte pas l'odeur... murmura Natsu.

- Qui est présent sans l'être... continua Lucy.

- Il est invisible ? Il possède un bouclier particulier ? On est sûr que c'est un "il", déjà ?

- Je pense que oui, lui répondit la blonde. A mon avis Lia n'aurait pas réagit aussi viscéralement face à une femme. Mais cela n'explique pas pourquoi on n'a rien senti, nous. Ça me fait penser à quelque chose que Sting m'a dit...

Pensive, Lucy continua, ne se rendant pas compte que son camarade s'était raidi.

- Parfois, on ne voit pas ce qui est juste sous notre nez...





Fried, quand à lui, écoutait sagement les paroles de Sue, la rousse qui l'avait pris sous son aile.

Cette dernière lui expliqua qu'ils se baladaient tous dans les jardins royaux quand ils avaient ressenti la même sensation étrange que lui, avant de se retrouver ici. 

Si certains continuaient de rendre visite à leurs familles, d'autres avaient abandonné, ne supportant plus l'idée d'être à la fois si proche et si loin de leur entourage. C'est ainsi qu'un petit groupe d'entre eux décidèrent d'apporter de quoi s'installer dans les jardins, car, étant leur lieu de disparition, si quelqu'un devait les sauver, cela serait à cet endroit.

Malheureusement, personne n'avait aucune idée du pourquoi et du comment.

Comment étaient-ils arrivés ici ?

Pourquoi eux, et pourquoi maintenant ?

Pour compliquer encore les choses, aucune autre personne enlevée n'était familière avec la magie, donc Fried ne pouvait compter sur aucun soutien à ce niveau-là. Il se trouvait entouré d'un groupe hétérogène de personnes, que rien ne semblait lier entre eux.

Sue était une commerçante de Crocus, venue en promenade avec son mari, mais on retrouvait aussi un jeune homme étranger qui avait un rendez-vous à la garde royale pour y passer un entretien, et un vieil homme solitaire qui venait s'assoir dans le labyrinthe régulièrement depuis plus de trente ans.

Tout en collectant des informations auprès de tout le monde, Fried sentit des picotements dans sa nuque, comme si on l'observait à son insu. Sans se retourner, il demanda à Sue.

- Est-ce que tout le monde est là ?

- Oui, à notre connaissance. Certains passent quelques heures à observer leurs proches, mais ils reviennent toujours. Après tout, nous sommes les seuls à pouvoir nous voir et nous entendre...

Fried hocha la tête, avant de brusquement faire volte-face, faisant sursauter ses camarades.

Il crut voir une forme noire disparaître de son champ de vision.

Alors comme ça on veut jouer à cache-cache ? pensa-t-il avant de s'élancer à la poursuite de ce qu'il avait cru apercevoir.

Certain d'entendre des pas devant lui, Fried courait à en perdre haleine, faisant confiance à ses sens pour le guider. Hélas, il se retrouva rapidement dans un cul-de-sac. Seul.

Réfléchissant à toute vitesse, il prit la parole.

- Je vais faire une hypothèse. Supposons que quelqu'un ait le pouvoir de nous transporter de notre monde à celui-ci. On peut aussi supposer qu'une telle personne aurait le pouvoir de refaire le trajet en sens inverse, et donc de disparaître.

Supposons que cette personne m'écoute en ce moment. Qu'elle m'observe sans être vue. J'aimerais vraiment pouvoir parler à une telle personne. Sachant que mes pouvoirs sont inexistants ici, j'imagine que cette personne n'aurait rien à craindre de moi.

Fried ne savait pas vraiment ce qu'il espérait, mais il attendit ainsi une dizaine de minute. Sans succès.

Frustré, il retourna au camp, où Sue le héla.

- Bah alors, on a le feu aux fesses, jeune homme ?

Fried étant Fried, il ne compris pas la boutade, et répondit, mortellement sérieux.

- J'ai cru voir quelque chose... je me suis trompé...

Sue était émue par ce garçon si réservé, si terre à terre, qui lui faisait un peu penser à son jeune frère.

- T'inquiètes pas, va, on comprend. Viens, on va aller cherche de quoi faire ton couchage pour la nuit.

Après un repas sommaire, chacun rejoignit sa couchette. 

Fried resta un long moment éveillé, bien après tout le monde, le regard perdu dans les étoiles - si semblable à celles de son monde - les mains croisées derrière la tête, avant de finalement s'assoupir.

Soudain, un effleurement contre sa joue le réveilla en sursaut et il n'eut que le temps d'apercevoir une masse de cheveux noirs avant que la forme ne s'éloigne à toute vitesse.

Cette fois encore, Fried essaya de la rattraper, mais il échoua à nouveau.

Pensif, il retourna sur sa couchette, mais ne trouva pas le sommeil pour le reste de la nuit.

- Bonjour ! lui lança Sue le lendemain matin, avant de l'emmener chercher des vivres pour le petit déjeuner.

Même vide et inhabité, ce monde était la copie conforme du leur : tout bien créé dans l'un l'était dans l'autre. Mais l'inverse n'était pas vrai, autrement, il y a bien longtemps que les rescapés auraient fait passé un message.

- Sue, je pense que nous ne sommes pas seuls ici. Quelqu'un nous a amené...

- Et pourquoi quelqu'un ferait ça, tout en restant caché ?

- La solitude, lui répondit gravement Fried, je crois que c'est la solitude qui l'anime.

III. JealousyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant