ÉDITO

10 1 0
                                    

J'ai hésité à propos du sujet de mon éditorial. Chaque année, je réfléchis à ce qui m'a le plus bouleversée et au chemin que j'ai parcouru en un an. Il va sans dire que les douze derniers mois on été très, très mouvementés dans ma vie professionnelle. Et même si j'aimerais aborder plein d'autres thèmes, force est d'admettre que l'adaptation télé de La vie compliquée de Léa Olivier représente le point fort de mon année. Et c'est pourquoi je voudrais dédier cet éditorial au projet, mais aussi à vous, qui l'avez rendu possible.

———————————————————————————

Commençons par le début. On est à l'été 2011. J'écris L'ABC des Filles et d'autres guides pratiques depuis déjà quelques années. Mon bol que a VRAK et ma chronique dans la revue Cool m'ont permis de parfaire ma plume et de faire résonner mon nom dans la sphère jeunesse. Le hic, c'est que je n'ai aucune idée de ce que l'avenir me réserve. Un soir, mon frère (et éditeur) et ma bonne amie Ingrid (qui est ensuite devenue ma directrice littéraire pour Léa) me convainquent de me lancer dans la fiction.

Moi : Fiction de quoi?

Eux : De ce que tu veux! Mais écris pour la jeunesse, tu es faite pour ça!

Moi : Mais ça voudrait dire que je dois, genre, écrire une vraie histoire?

Eux : Oui.

Moi : Avec des personnages?

Eux : Oui.

Moi : Et si je me plante?

Eux : Tant pis. Qu'est ce que tu as à perdre?

Hum. Bonne question. J'ai pris cinq grosses minutes pour y réfléchir d'accepter de relever le défi. Je crois que l'idée de me lancer dans l'écriture d'une série pour jeunes me trottait dans la tête depuis déjà quelques années, mais je trouvais que je manquais de maturité pour le faire. Et j'avais peur, tout simplement. Peur d'être poche. Peur de décevoir. Peur d'échouer. Eh oui, encore ces beaux petits doutes désagréables qui paralysent!

Mais j'ai décidé de refouler toute ces craintes et de me lancer. Écrire de la fiction. Hum... Mais à propos de quoi? Il n'y a pas de règles quand on compose quelque chose. L'important, c'est de se sentir inspirée. Et moi, ce qui m'allumait le plus, c'était de raconter mon histoire. Celle d'une ado qui quittait son patelin natal, ses amis et tout ce qu'elle connaissait pour repartir à zéro au milieu de son secondaire. Celle de la fille perdue qui se cherche, qui est catapultée dans la métropole et qui se sent comme un chien dans un jeu de quilles. Celle qui manque trop souvent de confiance en elle et qui est en pleine construction de son identité. En ce qui concerne le style « épistolaire 2.0 », c'était une évidence pour moi : si mon personnage voulait rester en contact avec ses amis et son ancienne vie, mes romans devaient être écrits sous forme d'échanges de courriels, de textos et de clavardages.

On me demande souvent si je m'attendais à un tel engouement. La réponse est non. Pour être parfaitement honnête, la popularité instantanée de la série m'a complètement et très agréablement surprise. Évidemment, tous les auteurs rêvent d'un succès, mais dans mon cas, je n'aspirais pas à quelque chose d'aussi grandiose, et je me pince encore chaque jour pour m'assurer que je ne rêve pas. Après tout, c'est une chose de connaître une belle réussite, mais c'en est un autre de se retrouver avec une série publiée en neuf langues dans vingt-trois pays et d'avoir la chance de parcourir le globe pour rencontrer ses lectrices.

 Après tout, c'est une chose de connaître une belle réussite, mais c'en est un autre de se retrouver avec une série publiée en neuf langues dans vingt-trois pays et d'avoir la chance de parcourir le globe pour rencontrer ses lectrices

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Tout ça pour dire que j'avais déjà la tête dans les nuages lorsque j'ai appris que Léa serait adaptée en série télé. Bien que j'en aie rêvé mille et une fois depuis que je me suis lancée dans cette aventure, je demeurais consciente que rien n'était moins sûr qu'un passage au petit écran, puisque cela dépend d'une tonne de facteurs qu'on ne peut pas contrôler. Mais à mon grand bonheur, les étoiles se sont alignées, et mon rêve le plus fou s'est réalisé.

C'est grâce à mes producteurs, Encore et Slalom, que tout est devenu possible. Ils se sont battus pour obtenir du financement, ils ont réussi à trouver des diffuseurs et m'ont mise en contact avec Martin Cadotte, mon réalisateur. J'ai tout de suite été enchantée par sa vision sensible, colorée et touchante de ma série, et j'ai adoré travailler avec lui. J'ai eu la chance qu'on m'implique dans le processus d'audition, qui nous a permis de dénicher des comédiens géniaux et extrêmement talentueux. L'équipe m'a aussi permis d'assister à des journées de tournage, et même d'apparaître brièvement dans l'épisode 9 de la série! Cette expérience a été transformatrice pour moi. Non seulement je ne connaissais pas grand-chose au monde de la télévision, mais de voir mes mots, mes personnages et une partie de ma vie portée à l'écran, c'est indescriptible comme sentiment.

En somme, je me suis lancer dans cette folle aventure en racontant une partie de mon histoire, parce que c'est ce qui résonnait le plus en moi. Savoir qu'autant de jeunes s'identifient à ce que j'ai vécu est un succès pour soi, mais apprendre que des gens croient à mon œuvre au point de l'adapter pour la télévision, c'est carrément renversant. Le jour du lancement, j'ai pleuré de joie pendant mon discours. Mes larmes étaient non seulement liées à la fierté du chemin parcouru, mais aussi au fait que si ma Léa peut maintenant toucher des gens à la télé, c'est grâce à vous. Et je vous en serai à jamais reconnaissante.

 Et je vous en serai à jamais reconnaissante

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
L'ABC des filles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant