C'est à la suite du visionnement de plusieurs documentaires chocs sur la fonte des glaciers et le sort des ours polaires que Greta Thunberg, alors âgée de seulement onze ans, sombre dans une dépression qui s'étalera sur plusieurs mois, durant lesquels elle ne parvient pratiquement plus ni à manger ni à parler. C'est pendant cette période qu'on lui diagnostique le syndrome d'Asperger, soit une forme d'autisme sans déficience intellectuelle.
C'est lorsqu'elle s'ouvre finalement à ses parents qu'elle réalise à quel point elle souffre d'écoanxiété et que l'avenir de la planète l'angoisse. Mais plutôt que de rester paralysée par la peur, elle décide d'intervenir. Tout d'abord auprès de sa famille, qu'elle parvient à convertir au végétarisme, puis peu à peu au véganisme. Elle réussit aussi à les convaincre de changer leur mode de consommation. Si bien que sa mère en vient à abandonner sa carrière internationale de chanteuse d'opéra pour cesser de prendre l'avion.
C'est au printemps 2018 qu'elle fait la rencontre d'un groupe de militants écologistes en Suède, son pays d'origine. Ensemble, ils tentent de sensibiliser la population aux réalités concernant le réchauffement climatique et à l'urgence d'agir. L'un d'eux évoque alors les grèves qui ont été lancées par des élèves de Floride pour un meilleur contrôle des armes à feu à la suite de la tuerie du mois de février précédent, a Parkland.
Greta Thunberg est aussitôt emballé par l'idée, y voyant une manière concrète et efficace de faire avancer les choses. Comme ses amis semblent réticents, elle décide de se lancer seule dans le projet. En août 2018, alors que la campagne électorale bat son plein en Suède, Greta décide de repousser sa rentrée scolaire au 9 septembre, la date prévue des élections, pour consacrer ses journées à une grève devant le parlement. Elle aborde alors ses célèbres pancartes scandant Skolstrejk för klimatet, soit : « Grève scolaire pour le climat. » Ce faisant, elle demande au parlement de respecter les engagements qu'il a pris concernant la réduction de son empreinte carbone lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, en 2015.
Peu à peu, son engagement attise la curiosité des médias un peu partout dans le monde et attire de plus en plus de militants, qui en viennent à se réunir avec elle chaque vendredi devant le parlement suédois.
En quelques semaines, elle parvient à convaincre des dizaines de milliers de jeunes aux quatre coins du monde à se joindre à son mouvement. Le 15 mars 2019, ce sont des centaines de milliers d'étudiants, dont ceux de Montreal, qui participent à la toute première grève mondiale pour l'environnement.
Elle prend ensuite une année sabbatique pour participer à diverses manifestations et conférences portant sur la crise environnementale dans le monde. Elle entreprend d'ailleurs une traversée de l'Atlantique en voilier pour atteindre l'Amérique du Nord, et le 23 septembre 2019, elle prend la parole devant plusieurs dirigeants lors du sommet de l'ONU à New York, et contrairement à sa neutralité habituelle, elle prononce un discours enflammé pour tenter d'éveiller les consciences endormies et de relancer les engagements pris lors de l'accord de Paris de 2015.
Je ne devrais pas être ici. Je devrais être à l'école, de l'autre côté de l'océan. Comment osez-vous? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses! Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais.
Quelques jours plus tard, elle participe à une marche historique dans les rues de Montreal. Ce sont près de 500 000 personnes qui se réunissent pour l'entendre au début et à la fin du parcours et pour demander des actions concrètes pour la lutte contre les changements climatiques. Les images de la manifestation pacifique font le tour du monde, et de nombreux politiciens, dont le premier ministre Justin Trudeau, ainsi que des artistes y prennent part. Greta en profite pour rappeler l'importance de s'unir pour mener la bataille, puisque les dirigeants n'écoutent pas ceux qui revendiquent un plan contre les changements climatiques. Et elle encourage tout le monde à poursuivre la mobilisation jusqu'à ce que les hommes et femmes d'État finissent par entendre raison.
En somme, Greta Thunberg est devenue non seulement le symbole de la jeunesse dans la lutte contre les changements climatiques, mais elle est aussi un emblème de force, de courage et d'audace, en plus d'incarner une figure extrêmement inspirante pour toutes les générations. Si bien que le célèbre magazine Time l'a désignée personnalité de l'année en 2019. Elle devient ainsi la plus jeune lauréate de ce titre prestigieux, ainsi que la première personne ouvertement autiste à obtenir cette distinction. Grâce à Greta, nombreux sont ceux qui se sont relevé les manches pour faire entendre leur voix, pour faire une différence, pour militer, pour manifester, pour sensibiliser, et surtout pour créer enfin un espoir de faire changer les choses et préserver les richesses naturelles de notre planète.
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L'ABC des filles
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