Femmes engagées, femmes inspirantes

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Chaque année, l'équipe de rédaction de L'ABC des Filles et moi nous réunissons pour faire notre sélection des femmes qui nous ont particulièrement inspirées au cours des derniers mois. Le but est d'en apprendre un peu plus sur elles, de vous les faire découvrir et de souligner leur apport dans notre société. Voici donc le portrait de trois modèles féminins qui ont tracé une marque indélébile dans leur domaine respectif et qui sont toutes engagées dans le rayonnement du leadership féminin au Québec.

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Valérie Plante

Valérie Planye est née le 14 juin 1974 à Rouyn-Noranda, en Abitibi. Après s'être installé à Montreal pour faire ses études universitaires, elle s'engage dans la lutte contre les inégalités sociales. En 2013, elle est élue comme conseillère de Sainte-Marie dans l'arrondissement Ville-Marie. Trois ans plus tard, Valérie Plante est élue à la tête de Projet Montreal et devient candidate du parti pour l'élection municipale de novembre 2017. Elle remporte cette bataille le 5 novembre 2017, contre le maire sortant, Denis Coderre, et devient ainsi la première mairesse dans l'histoire de la ville de Montreal. Le fait qu'elle ait accepté de nous accorder cette entrevue est un grand honneur pour moi.

1. Petite fille, te voyais-tu devenir un jour la première mairesse de Montreal?

Je n'ai jamais rêvé d'être la première mairesse de Montreal. En fait, je n'ai jamais eu de plan de carrière politique. Mon besoin de m'engager socialement et mon désir de changer les choses ont toujours guidé mes choix, et quand j'ai décidé, en 2013, de me lancer en politique, je l'ai fait avec l'idée de contribuer à la société et d'améliorer mon quartier et ma ville. À chaque étape de mon parcours politique, j'ai cru en moi ; que ce soit en 2013, lorsque je suis devenue conseillère de la Ville du district de Sainte-Marie, en 2016, lorsque j'ai été élue chef de Projet Montreal, ou en 2017, lorsque j'ai été élue première mairesse de Montreal. J'ai su miser sur ma détermination, sur ma capacité de rassembler et sur ma vision pour aller vers les gens. Cela m'a permis de défoncer toutes les portes qui se dressaient devant moi et de me présenter telle que je suis : une citoyenne engagée, une mère de famille, une militante convaincue et surtout une Montréalaise qui aime sa ville et qui a une idée claire de l'endroit où elle a envie de l'emmener.

2. Ton rôle de mairesse prend-il des proportions différentes puisque tu es une femme?

Être la première mairesse de Montreal vient avec une pression supplémentaire. Je suis consciente d'avoir une grande responsabilité, non seulement de faire honneur à toutes les électrices et à tous les électeurs qui m'ont accordé leur confiance, mais aussi à tous les jeunes qui m'écrivent ou qui m'interpellent dans la rue et qui voient en moi un exemple, la preuve que tout est possible. Je suis peut-être la première mairesse de Montreal, mais je souhaite de tout coeur qu'il y en ait plusieurs autres après moi. Pour le moment, je suis le seul modèle, et ce n'est pas toujours facile d'avoir ce poids sur les épaules, mais je sais qu'à l'avenir, d'autres figures féminines émergeront en politique municipale (et aux autres paliers), parce que d'autres femmes auront pris leur place et fait le choix de se lancer dans le domaine. Les femmes ont une voix, elles doivent la faire entendre, et la politique est une bonne façon d'y arriver. Il faut par contre être faite forte, parce que les femmes sont plus sévèrement critiquées lorsqu'elles sont en position de pouvoir. Ce n'est peut-être pas aussi clair que ça l'était par le passé, on ne me dit pas de retourner dans ma cuisine, mais certains comportements, certains non-dits révèlent une forme de sexisme ambiant contre lequel on doit lutter.

3. Ton équipe est plutôt jeune ; c'était important pour toi de « rajeunir » la politique municipale?

En fait, c'était surtout important de rester moi-même et de m'assurer que la Ville de Montreal, en tant qu'employeur, soit plus représentative de la population, que ce soit en termes d'âge, de sexe ou de diversité culturelle. Je tenais également à ce que mon équipe soit paritaire, c'est-à-dire qu'elle compte autant de femmes que d'hommes. Mon équipe est en grande partie formée de personnes qui sont à mes côté depuis plusieurs années et en qui j'ai confiance. Ce sont des gens qui ont une bonne expérience politique, qui ont un sens du devoir exemplaire, qui débordent d'énergie et d'idées, qui partagent ma vision de Montreal et qui n'ont pas peur de poser des questions et de bousculer le statu quo. Accessoirement, ce sont aussi des personnes relativement jeunes, mais ce n'était pas un critère d'embauche. La priorité était de former une équipe dynamique et efficace qui nous permettrait de mettre en place notre vision du Montreal de demain. Il s'avère que cette équipe est plutôt jeune lorsqu'on la compare à celles qui l'ont précédée, mais j'ai toujours aimé suivre ma propre voie, alors je n'y vois que des avantages.

4. Si tu avais un conseil à donner aux jeunes filles qui se sentent attirées par la politique, quel serait-il?

Je leur conseillerais de s'engager! Participez à l'organisation de votre école, de votre quartier ou d'un organisme que vous aimez. Faites avancer des dossiers qui vous tiennent à cœur, c'est la meilleure école! Aussi, il ne faut pas hésiter à parler aux personnes élues. Posez-peur vos questions, elles se feront un plaisir d'y répondre. Et si vous avez envie de plonger dans le bain de la politique municipale, le Jeune Conseil de Montreal organise chaque année, depuis plus de 30 ans, une simulation qui permet à 80 jeunes âgés de 18 à 30 ans de vivre l'expérience d'un conseil municipal, avec tout ce qu'il comporte de débats, de réflexions et de votes serrés. Cité du conseil municipal destinées aux femmes intéressées par la politique de s'initier, de se former ou d'approfondir leurs connaissances en matière de politique municipale grâce à des ateliers et à des exercices pratiques. Le Jeune Conseil de Montreal et Cité Elles MTL sont autant d'occasions de rencontrer des personnes élues de la ville et d'échanger sur leurs expériences, leurs parcours et leur vision. Plusieurs membres du conseil municipal ont d'ailleurs eu la piqûre en participant à ces simulations.

5. Tues mère de deux garçons. Peux-tu nous parler de la conciliation travail-famille et de la pression souvent vécue par les femmes à ce niveau-là, en politique comme ailleurs?

Ouf! Je dois admettre que ce n'est pas toujours facile! La conciliation politique-famille représente vraiment un défi. Mes journées s'étirent en général sur 12 heures, alors ce n'est pas toujours facile de trouver du temps pour me consacrer sur mon rôle de mère de deux ados. Mais lorsque j'ai été élue. j'ai fait le choix de ne pas devenir esclave du travail. J'ai décidé que la conciliation travail-famille serait une réalité. Je n'arrête pas d'être une mère parce que je suis une mairesse, alors mon équipe et moi, on aménage mon horaire pour que j'aie certains soirs libres pour me permettre de passer du temps avec ma famille et je me réserve toujours une journée la fin de semaine pour être à la maison. Si on veut encourager les jeunes et les femmes à se lancer en politique, je pense que c'est important de donner l'exemple et de parler de conciliation travail-famille. J'invite d'ailleurs souvent mes collègues, hommes et femmes, à donner l'exemple eux aussi.

 J'invite d'ailleurs souvent mes collègues, hommes et femmes, à donner l'exemple eux aussi

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