Femmes engagées, femmes inspirantes

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Pony

J'ai eu un gros coup de coeur pour Pony, de son vrai nom Gabrielle Laïla Tittley, il y a déjà quatre ou cinq ans. Ce sont d'abord ses affiches colorées et remplies d'émotions et d'humour qui m'ont fait craquer, puis ses vêtements porteurs de messages. Mon coton ouaté Marie Curie est d'ailleurs ma deuxième peau en cette période de confinement. Et au fil du temps, j'ai commencé à la suivre sur Instagram et à lire des entrevues sur elle, et je suis littéralement tombée sous le charme de sa personnalité. Pony, c'est une fille vraie, qui n'a pas peur de parler de ce qu'elle vit, de ce qu'elle ressent et des lourdes épreuves qu'elle a traversées et qui ont façonné son travail et son œuvre.

1. Peux-tu d'abord nous expliquer quel chemin tu as parcouru pour devenir l'une des artistes les plus inspirantes du Québec?

Pendant longtemps, j'ignorais ce que j'allais faire plus tard. Je savais que j'étais une jeune fille avec une imagination débordante, mais je ne savais pas instinctivement quel médium j'allais utiliser pour canaliser cette énergie créatrice. J'ai commencé à peindre à 16 ans. Il y avait toujours plein de pinceaux et de pots de peinture qui traînaient chez moi. Ma mère peignait pour le plaisir et elle nous encourageait à faire de même.

La première œuvre que j'ai réalisée, c'était dans le but de m'offrir en cadeau à mon copain pour sa fête. C'était un portrait de nous deux en train de s'embrasser, ha! ha! Ouff! Le résultat n'était pas super! À partir de ce moment-là, je me suis exercée de plus en plus à la peinture, et c'est devenu en-dedans. Par contre, je ne me sens pas limitée à la peinture ou au dessin pour m'exprimer. J'essaie d'explorer d'autres médiums, comme la vidéo, par exemple. La réalisation sera mon prochain outil créatif.

2. Le nom Pony, ça vient d'où?

C'est un acronyme : Poor One Newly Young. C'est une phrase un peu abstraite, qui signifie : « Une nouvelle page, un nouveau chapitre. »

3. J'ai lu dans un article que ton univers créatif représentait un peu la rencontre entre la dureté du monde adulte et la candeur de l'enfance, et je crois que ça explique pourquoi autant de jeunes se retrouvent dans ce que tu fais. Peux-tu nous dire pourquoi c'est une zone qui t'interpelle?

Je n'ai pas beaucoup de beaux souvenirs d'enfance. J'ai l'impression que cette période de grâce et de naïveté, je ne l'ai pas vraiment connue. J'ai grandi trop vite et je pense que cette phase de ma vie est demeurée incomplète. Je cherche consciemment à la revisiter et à la réécrire au présent, entre autres à travers mes œuvres.

4. Tu étais quel genre d'adolescente?

Très désobéissante et tes en colère. Je me cherchais beaucoup. J'avais su peu confiance en moi que j'étais un réel caméléon. Jusqu'à l'âge de 15 ans, j'ai moulé ma personnalité sur celle des autres, pour leur plaire. Ensuite, j'ai rencontré mes premiers vrais amis, qui m'ont fait sentir complètement aimée et acceptée comme j'étais. C'était une hang de marginaux, des musiciens, des jeunes philosophes avec qui j'avais la liberté d'être moi-même. Dans toute mon étrangeté.

5. Ta dernière collection porte sur la santé mentale. Peux-tu nous expliquer pourquoi c'est un thème qui t'a inspirée?

Ça serait légitime de dire que j'ai vécu une jeunesse trouble. En vieillissant, j'ai acquis des comportements très malsains en cherchant l'acceptation et l'amour des autres. Ces comportements reflétaient réellement mon grave manque d'amour propre. L'anorexie et la boulimie, par exemple, m'ont suivie pendant 10 ans. Ce sont des troubles psychologiques très dangereux pour la santé. Pendant cette période, j'étais souvent en dépression. Ces agissements m'ont poussée vers d'autres dépendances connexes, notamment aux laxatifs et même à la cocaïne. Ma vingtaine était très contrastée, entre de grandes amours, de profondes amitiés... et une puissante haine de moi-même.

Je suis une personne très « noir et blanc ». Donc je baigne souvent dans des émotions extrêmes, très peu nuancées. Heureusement, je réussis maintenant, en me débarrassant de mes réflexions et habitudes nocives grace à de l'aide psychologique et à celle de ma famille et de mes amis, à retrouver la zone grise beaucoup plus naturellement.

La vie est donc vraiment plus douce pour moi maintenant. Je me sens plus forte et je veux utiliser mes expériences pour aider les autres. Par cette dernière collection, j'ai donc eu envie de garder vivant le dialogue sur la santé mentale, parce que la clé de la délivrance d'une telle souffrance, je crois, passe par la verbalisation de ce que l'on vit.

6. J'ai vu sur Instagram que tu t'es associée à Tel-Jeunes. Peux-tu nous en dire un mot?

Dans le cadre de la collection Mental Wealth, j'ai décidé de réaliser, avec un ami, des vidéos traitant de thèmes liés aux difficultés communes chez les jeunes. Le partenariat avec Tel-Jeunes était parfait pour ça! On s'est associés à cet organisme pour avoir une portée encore plus grande, pour faire entendre notre message au plus de jeunes possible. Pour que l'idée fasse son chemin. Je suis très heureuse de cette collaboration!

7. Enfin, quel conseil donnerais-tu à une jeune fille qui veut poursuivre une carrière artistique comme la tienne?

Mets-toi pas trop de pression.

Reste authentique.

Oublie ce que les autres font! Tu vas te distinguer par ton originalité. Donne-toi la chance de te planter et de faire des erreurs, sans culpabilité.

Tout le monde commence quelque part.

Tu vas t'améliorer avec le temps, n'abandonne pas.

Tu vas t'améliorer avec le temps, n'abandonne pas

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