Wonderland

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Je me lève difficilement et me dirige vers la salle de bain d’un pas traînant.

Face au miroir, j'observe mon reflet. J'ai de grosse cernes de couleur violacée, un teint blafard et le regard vitreux. Mon corps est grand et mince. Mes os apparaissent au niveau de mes hanches, de mes côtes et de mes épaules. Je suis pas beau à voir.

Je déambule en boxer dans mon appartement sans but précis. Je passe devant mon armoire et je prend un sweat-shirt trop grand pour moi ainsi qu'un pantalon cargo noir. Les affaires bouffantes me permettent de cacher mon corps squelettique.

Je retourne devant mon miroir. Habillé, je fais déjà moins peur. Mais cela ne change rien à mon visage effrayant.

Mes nuits sont rythmées par des insomnies et mes journées par des cours interminables.

Je n'aime pas aller en cours. L'université est un lieu que je déteste tout autant. Je ne m'y sens pas à ma place. Je n’y ai pas et je n’y suis pas ma place. J'aimerai ne pas devoir y aller.

Je sors de mes pensées, mon regard était noyé dans celui de mon reflet.

Je prépare mes affaires et part, direction une journée longue et interminable assis sur les bancs de l'université.

Je m'appelle Khyle, j'ai 20 ans et je suis en fac de philosophie, un choix imposé par mes parents.

Les cours ne m'intéressent pas et comme à chaque fois, je reste assis en haut de l’amphi, dans le coin le plus proche de la sortie.

Je tombe de fatigue. Les éléments tournent autour de moi. Je me sens oppressé. Mon cerveau menace de sortir de ma boîte crânienne et mon cœur bat à un rythme insoutenable, si bien que j'ai l'impression qu'il va éclater.

Je sors une paire d'écouteurs et lance ma playlist. La musique m'aide beaucoup, elle m'apaise. Quand le monde crie trop fort, elle crée une barrière imperméable et protectrice.

Les premières notes du violon de Lindsey Stirling jouant le morceau Underground me parviennent. D'abord lointaine, comme si la mélodie sortait des profondeurs de l'eau. Puis de plus en plus claire, comme si elle émergeait.

Le rythme s’accélère et me hurle de partir en courant pour retrouver la sécurité de mon appartement.

Je ne réfléchis pas plus longtemps et sort de la salle.

Je jette mon sac sur mes épaules et entame une course en petite foulé. Plus la musique joue, plus ma foulé augmente.

Arrivé chez moi, je dépose mon sac dans l'entrée et me dirige vers ma salle de bain où je me passe de l'eau sur le visage.

Comme à chaque fois que je me retrouve devant le miroir, j'observe le reflet de mon visage.

Plus les heures passent, plus le manque de sommeil marque mes traits, les creuse et les rend plus effrayants.

Soudain, sans que je ne puisse l'expliquer, mon reflet se met à se mouvoir.

Que se passe-t-il ?

J'approche ma main du miroir jusqu'à le toucher et le bout de mes doigts s'enfonce dans la glace.

Je retire ma main dans un geste brusque.

Je ne comprends pas ce qui est en train de se produire.

Je ne suis pas quelqu'un qui consomme de la drogue ou qui boit de l'alcool. Je ne peux donc pas voir ce genre d’hallucination. A moins que la fatigue en soit la raison ?

Mon reflet à complètement disparu, on ne distingue plus que la couleur argenté du miroir et la texture s'apparentant à de l’aluminium liquide formant des vagues comme quand une goutte s'écrase sur la surface calme de l'eau. C'est envoûtant.

ℍ𝕚𝕤𝕥𝕠𝕚𝕣𝕖 𝕕'𝕦𝕟 𝕤𝕠𝕚𝕣, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕟𝕦𝕚𝕥, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕚𝕟𝕤𝕠𝕞𝕟𝕚𝕖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant