Il est allongé dans son lit et il regarde le plafond en écoutant la musique que jouait sa playlist. La pluie tombe à flot, les gouttes viennent s'écraser contre le velux dans un bruit sourd. Seule une lumière chaude provenant de la lampe sur sa table de chevet éclaire la pièce.
Son regard se perd sur la platitude de la peinture blanche. Ses pensées vagabondent il ne sait où et cela lui est bien égale, jurant que c'est toujours mieux que l'instant présent ou ses ruminations habituelles. Et il sourit bêtement, sans savoir pourquoi.
Il tourne la tête sur la gauche et tombe nez à nez avec le vide. Un vide occupant l'autre moitié de son lit. Cette moitié, comme destinée à être éternellement froide.
À cette vision son sourire s'évanouit, le ramenant durement à la réalité. Cette réalité régit par la solitude, le manque d'une personne mais il ne sait qui.
Il regarde alors son plan de travail jonché de matériels divers de dessin et de feuilles puis ses guitares et enfin son carnet et son stylo où prennent vie des personnages par l'écriture. Il se plaît à se dire qu'il trouve refuge dans ses passions.
Il se tourne sur le flanc droit et passe un bras sous son oreiller. Il regarde dans le vide quelques secondes puis ferme les yeux. Sa respiration ralentit et son corps se détend.
Il ouvre les yeux à demis, éblouit par la clarté. Il ne sait combien de temps s'est écoulé. Il regarde autour de lui et fronce les sourcils. Une étendue de sable s'offre à lui, le son des vagues venant s'échouer sur la plage lui parvient.
Il se redresse sur ses coudes et regarde de manière plus précise l'endroit où il se trouve. Derrière lui se dresse une falaise, dont la roche est légèrement percée par endroit formant des arcs de pierres ou des grottes dans lesquelles l'eau s'engouffre tantôt calmement, tantôt furieusement.
- Ça y est, la marmotte est réveillée ? entend-t-il derrière lui.
Il se tourne en direction de l'endroit d'où venait la voix. Là, il découvre un jeune homme, aux cheveux brun bouclés et au corps sculpté par l'effort lui adressant un doux sourire.
Il ignore qui est ce garçon mais il a cette étrange impression de le connaître depuis toujours.
Le jeune homme s'assoie à ses côtés et lui dépose un baiser sur le coin de la lèvre et passe un bras derrière son dos.
Il fixe l'horizon, l'incompréhension emplissant son esprit. Tant de questions lui viennent en tête. Pourquoi est-il ici ? Qui est-ce ? Sont-ils ensemble ? Mais ce flot de pensées est interrompu par une voix grave et profonde :
- Ça te dit on marche un peu ?
Il acquiesce sans trop savoir pourquoi.
Le jeune homme se lève et lui tend la main. Il l'a saisit, se lève à son tour et laisse sa main dans celle de l'homme en face de lui.
Ils se mettent en marche, leurs mains, toujours jointes, se balancent au rythme de leurs pas.
L'un sourit tandis que l'autre reste dans l'incompréhension la plus totale.
- Lucas, quelque chose ne va pas ? Tu as l'air distant depuis que tu t'es réveillé tout à l'heure. Dit le jeune homme brun.
Ils se stoppent et leurs yeux se rencontrent. Le regard vert perçant, bienveillant et visiblement amoureux lui faisant face le détend un peu.
- Je crois que cette sieste m'a assommé… j'ai l'impression d'être perdu… avoue-t-il dans un mensonge, ses joues prenant une teinte légèrement rosé.
Le brun rit à sa réponse. Un rire profond, grave néanmoins doux. À ce son, les joues de Lucas rougissent de plus belle.
- Et bien, après notre petit déjeuner ce matin, nous avons décidé de venir passer un peu de temps sur cette plage, que tu apprécies beaucoup pour son isolement. Cet endroit te détend. À tel point que tu t'es endormie sur le sable. Et maintenant si tu le veux bien, allons nous baigner !
Et sans prévenir, le jeune homme le saisit au niveau des cuisses et le place sans ménagement sur son épaule et se met à courir vers l'eau. Lucas crie, suite à la surprise et essaye de se débattre. Mais c'est peine perdue.
Lorsque le niveau d'eau est suffisamment haut , il s'y retrouve projeté sans aucune délicatesse. Tous deux se mettent à rire à gorge déployée tel deux enfants tout en chahutant.
Lucas en vient à oublier toutes ses questions sur le pourquoi du comment de la situation et se laisse aller dans l'instant présent.
Après une durée indéterminée passée à se baigner et s'amuser, ils ressortent de l'eau et reprennent leur marche, de nouveau main dans la main, plus proche qu'au début de cette balade et un sourire niais plaqué sur la figure.
Il escalade la falaise jusqu'à une petite corniche, leur permettant de se poser et de contempler plus en détail le paysage s'offrant à eux : les vagues venant s'échouer calmement sur la plage, le soleil flirtant avec l'horizon, donnant des teintes rouges, oranges, roses et violettes parfaitement dégradées les unes avec les autres, laissant apparaître les premières étoiles et la lune.
Lucas est assis dans le bras de celui qui est son compagnon, sa tête reposant sur son torse.
- J'aimerais que cet instant dure une éternité. Dit-il doucement.
Deux bras se resserrent alors autour de lui, lui apportant chaleur et réconfort.
- Je le souhaite tout autant que toi.
Il lève légèrement la tête et se noie une nouvelle fois dans ses yeux verts et se sourire apaisant.
Sans plus réfléchir, il vient lui embrasser les lèvres tendrement avant de reporter son regard sur l'horizon. Le soleil a complètement disparu et seules la lune et les étoiles illuminent le ciel.
Lucas ferma les yeux, apaisé et heureux.
- Je t'aime Lucas.
Ce fut les derniers mots qu'il perçut avant de se laisser aller et de s'endormir le sourire aux lèvres.
À nouveau, il ouvre les yeux, allongé sur le flanc droit. Il regarde autour de lui : la plage, l'océan, la falaise ont disparu, il n'est plus dans les bras de ce jeune homme dont il ne connaissait même pas le nom. La pluie a cessé de battre et tombe désormais calmement et la musique s'est arrêtée de jouer. Le sourire sur son visage s'évanouit partiellement.
Il est dans sa chambre. Il se retourne et son sourire s'éteint complètement à la vision de cette place vide de l'autre côté de son lit.

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ℍ𝕚𝕤𝕥𝕠𝕚𝕣𝕖 𝕕'𝕦𝕟 𝕤𝕠𝕚𝕣, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕟𝕦𝕚𝕥, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕚𝕟𝕤𝕠𝕞𝕟𝕚𝕖
Storie breviCes petites histoires germent dans mon esprit tard dans la nuit. Afin de trouver le sommeil et d'écourter mes insomnies, je les écris car mon esprit tordue sait pertinemment que je dormirai pas temps qu'elles ne seront pas concrétiser. Aucun début...