ℍ𝕚𝕤𝕥𝕠𝕚𝕣𝕖 𝕕'𝕦𝕟 𝕤𝕠𝕚𝕣, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕟𝕦𝕚𝕥, 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕚𝕟𝕤𝕠𝕞𝕟𝕚𝕖

Rêve éveillé

Après une après midi rythmée par une chaleur de plomb en cette fin de mai, à lire et nous reposer, nous avions décidé de profiter de la fraîcheur naissante de la soirée.

C'est alors que nous roulions, fenêtres ouvertes, cheveux aux vents, une légère mélodie s'échappant de l'auto radio, en direction du front de mer. Tu regardais par la fenêtre, pensive, contemplant le paysage qui s'offrait à nous.

Une fois arrivé à notre destination, nous sortions du véhicule, récupérant nos affaires dans le coffre afin de nous installer sur le haut de la falaise. Quoi de plus simple qu'un pique nique face à l'océan.

Nous ne parlions que très peu, jugeant les mots inutiles et profitant simplement de ce moment partagé hors de toutes temporalités.

Une fois notre repas terminé, nous prenions un moment pour admirer un peu plus la vue face à nous. Tu étais assise entre mes jambes, ta tête reposant sur ma poitrine. Je viens déposer un baiser sur ta tempe avant de poser ma tête contre la tienne. Mes bras enlaçaient ta taille tandis que nos mains étaient jointes. Le soleil commençait à se coucher, teintant le ciel et les quelques nuages qui le parsemaient de nuances impeccables, allant du rouge vif au violet profond. Le bruit tranquille des vagues en contrebas nous parvenait. C'était apaisant.

Sans plus de mots que nécessaire, nous décidions d'aller marcher sur la plage afin de profiter des dernières lueurs du soleil. Ainsi, nos chaussures dans une main et nos doigts entrelacés de l'autre, nous nous promenions sur le bord de l'eau. Les vagues venant s'échouer sur nos pieds nus tantôt délicatement, tantôt avec plus de ferveur, nous éclaboussant légèrement.

Il n'y avait que peu de monde en cette soirée. Quelques couples nous imitaient tandis qu'un groupe d'amis s'amusait et qu'un chien courait, faisant des allers retours entre l'eau et ses maîtres, aboyant joyeusement par moment.

Après quelque temps à marcher, nous nous asseyons dans le sable afin d'observer le soleil se rapprocher de la ligne d'horizon pour laisser place à la lune et ses étoiles dont certaines commençaient déjà à apparaître. Les couleurs du ciel avaient encore changé, se fonçant doucement. Quelques bateaux naviguaient encore paisiblement au loin.

Ce spectacle était d'une beauté sublime mais il n'était rien face à celui auquel je prêtais le plus attention. En effet, il n'y avait rien de plus beau à mes yeux que de te voir observer ce tableau, un léger sourire aux lèvres et le regard étincelant.

Aucune photo, peu importe le talent du photographe et la qualité de l'objectif, n'aurait pue immortaliser cet instant à la perfection, comme je pouvais le voir. Mais je me risquais quand même à essayer.

Alors, je me levais et pris un peu de recul, cherchant un assez bon angle, jouant avec les contrastes et la luminosité de manière à rester le plus fidèle possible à l'original.

Je pris quelques clichés et reviens m'asseoir à tes côtés pour te les montrer. Sans grande surprise tu fis une remarque sur le modèle au premier plan et je ne manquais pas de te réprimander gentiment car tu étais de loin le plus bel élément de ces photos, assise de dos, à regarder l'environnement et à profiter de l'instant présent.

Nous continuions de regarder le soleil se coucher, disparaissant doucement puis totalement derrière la ligne d'horizon, nous faisant jouir de ses derniers rayons, laissant peu à peu place à l'obscurité. La lune s'était levée et les étoiles étaient maintenant plus nombreuses.

Nous restions ainsi encore un moment avant de reprendre notre chemin en sens inverse, nos mains toujours liées. Rien n'aurait pue les séparer, pas même la réalité qui suivrait ce rêve éveillé.