Chapitre 7 : Call me devil

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Je volais, mes cheveux se tortillant dans tous les sens pour échapper à la pression du vent. Je n'entendais presque pas le moteur de la moto, Midnigt city résonnant à plein décibels dans mes oreilles. M83 était un groupe que j'avais découvert il y a peu, et que j'appréciais énormément. La liberté que j'entendais dans ce titre me seyait à souhait. La soirée venait d'être entamée quand j'arrivais à destination, le circuit. Il n'y avait plus un chat qui traînait, l'endroit était désert. Il fallait que je me relâche un peu, après une semaine à entendre le quotidien ennuyant de mes camarades de terminale. Courir me ferait du bien. Je me plaçais sur l'ancienne ligne de départ et changeais de musique, remettant Monsters. J'allais pouvoir déployer le plein potentiel de cette chanson. Je laissais un sourire d'anticipation s'insinuer sur mes lèvres, alors que je m'imprégnais du rythme. Je fis vrombir le moteur et m'élançais. Je sentis l'excitation m'emplir à une vitesse phénoménale, qui ne cessait de devenir plus vive et intense à mesure que les chiffres du compteurs s'élevaient. Je ne pouvais m'empêcher de continuer à sourire, alors que je dépassais la vitesse
que j'avais atteinte lors de la course illégale. Je n'étais qu'à quelques mètres du premier virage, mais je ne ralentis pas, j'étais seule. J'accélérais encore. Passer ce tournant à cette vitesse relevait du suicide, mais cela ne me découragea pas. Les quelques mètres furent engloutis à toute vitesse et je braquais le guidon à gauche d'un geste brusque. L'engin se cabra et dérapa. Ma jambe gauche rafla le sol, alors que l'arrière de la rider survolait le vide et la végétation qui s'y trouvait. Je continuais d'accélérer et le virage fut derrière moi en un clin d'œil. J'éclatais d'un rire ravi derrière le foulard que j'avais par précaution noué derrière ma tête, protégeant mon identité. J'étais en ébullition. J'avais bien fait de venir. Le deuxième virage arriva à toute vitesse. Il était plus serré que le premier. Le passer ne relevait plus du suicide mais de l'impossible. Je voulais voir si j'arriverais à le passer. Je tournais brusquement. La moto se braqua et se retourna, le mouvement était trop soudain. Je m'accrochais, serrant les dents alors que mon crâne passait à un cheveux du terrain. Je me remit en selle immédiatement et accélérais pour ne pas perdre de vitesse. Je franchis la ligne d'arrivée en un seule morceau, satisfaite et grisée. Le morceau se termina une poignée de secondes plus tard, emportant une bonne partie de ces émotions intenses. Je réajustais mon foulard et fis de nouveau vrombir le moteur. Il était temps de rentrer, j'avais un boulot à faire, et je voulais m'entraîner un peu avant. Je changeais
de playlist. Call me devil résonna dans mes oreilles alors que je reprenais la route.

J'avais poussé les meubles pour faire de la place dans le salon, qui était heureusement assez spacieux. J'avais accroché plusieurs cibles au mur. Je soupirais, mais c'était mieux que rien. Il fallait que je m'entraîne si je ne voulais pas perdre la main. Je saisis le premier couteau et me plaçais le plus loin possible de la première cible. Six couteaux, six cibles. Je pris le temps de me positionner correctement et de viser, avant de le lancer. Il atterrit dans le cercle avant le centre et je fronçais les sourcils. J'allais chercher mon téléphone et mes écouteurs. Je les mis et enclenchais une nouvelle chanson. Watch Me se mit en route et je récupérais les cinq autres lames. Je me plaçais, et me fermais les yeux, me laissant envahir par la musique. Je rouvris les yeux et lançais le deuxième couteau. Sans attendre, je lançais le suivant dans la foulée, sûre de mon geste et concentrée. Le quatrième et cinquième suivirent. En pleine action, je perçut du coin de l'oeil un mouvement et mes sens aiguisés me signifièrent que je n'étais plus seule. Sans crier gare, je me tournais vers la porte de mon appartement et lançais la sixième lame, qui alla se ficher dans le mur à quelques millimètres de l'oreille gauche de l'intrus. Celui-ci s'arrêta net, avant d'ouvrir la bouche, alors que je considérais le trou que l'arme avait fait.

- Mince, la déco est fichue.

- Tu as faillis me tuer, Isa !

Je lui fis signe d'avancer et fermais la porte derrière lui, récupérant le couteau de lancer au passage. J'agitais la main dans sa direction, avant de lui lancer un fin sourire.

Désastre [New]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant