Chapitre 3 | Détectés

28 6 5
                                    

  Ambre me regardait d'un air interrogateur. Ses yeux gris me fixaient et je lisais en eux de l'incompréhension, et une certaine déception. Des bruits de pas attirèrent notre attention, ma mère s'était levée! Je pris soudain peur. Comment réagirait-elle ? Tandis que je cherchais une excuse pour justifier notre présence dans la cuisine à une heure pareille, la lumière s'alluma, éblouissant ma sœur et moi.

« - Éris ? Ambre ? Commença ma mère.
- J'avais soif, mais j'ai fait du bruit quand je me suis levée et j'ai réveillé Éris. » Justifia ma cadette.

  Ma mère hocha la tête, heureusement pour nous, la fatigue lui faisait perdre en lucidité et elle ne demanda pas plus d'explications. Devais-je la prévenir pour Ambre ? Non, c'est beaucoup trop dangereux.
  Pour la remercier de ne pas avoir dénoncé mon escapade nocturne, je désignai le verre des yeux puis jetai un regard à ma sœur et fis un léger hochement de tête. À présent, un secret nous liait.

  Je ne parvins à trouver le sommeil que parce que j'étais épuisée. Une angoisse grandissante me guettait, tapie dans un coin de ma chambre. Le lendemain, elle était encore là. Je ne pensais pas qu'elle me suivrait jusqu'au lycée, mais elle ne me quittait plus. Elle bondit soudainement de nulle part et me saisit les entrailles lorsque j'aperçus Hiro.

« - Éris ! Cria-t-il.
- Salut. Répondis-je, plus froidement que je ne l'aurais voulu.
- Je voulais m'excuser pour hier, je t'ai vraiment mise dans une situation désastreuse. Et je voulais te remercier, c'est grâce à toi si je me suis pas fait attr... »

  Je l'interrompis en lui couvant la bouche de la main. J'avais peur que quelqu'un nous entende. Nous nous rendîmes dans un couloir désert, et je pris la parole:

« - Réponds moi franchement. Est ce que tu penses que les Magicys sont inhumains?
- Bien sûr que non ! » s'écria-t-il.

  J'ouvris des yeux exorbités et lui fis signe de se taire.

« - Mais parle moins fort espèce de taré! Si quelqu'un nous entend on est morts! Chuchotais-je.
- Qu'est ce qui se passe? Tu as l'air stressée.
- Hiro, repris-je, il faut que tu arrêtes tes manifestations.
- Mais pourquoi?
- C'est trop dangereux. »

  Je lus dans ses yeux que je l'avais énervé, sa respiration se faisait plus forte et son regard plus dur.

« - Et alors? Tu accepterais de subir sans rien faire? Me lança-t-il.
- Ce n'est pas ça... ils risquent de... Ils connaissent peut être nos visages.
- Mais non, on avait des cagoules. »

  Je fus sidérée par sa confiance, si ce n'était pas du déni. Puis je pensai à ma sœur. Serait-elle un argument assez convainquant pour le dissuader? C'est avant tout pour elle que j'avais peur. Elle compte plus que n'importe qui pour moi. Si ils découvraient qu'elle est Magicy, ils l'enverraient au Jeu. Hiro et moi ne risquions rien, certes, mais les autorités pourraient très bien remonter jusqu'à Ambre.
  Non, je m'étais engagée à garder son secret. Mais alors comment le convaincre ?
Tandis que je réfléchissais, mon ami continua:

« - De toute façon, ils ne pourront rien nous faire, ils ne connaissent pas nos noms. »

  Mon cœur rata un battement. Nos noms !

« - Bien sur que si! Ils connaissent mon nom! » m'écriais-je.

  Je perdais mon sang froid, l'angoisse avait laissé place à la panique. Hiro ne comprenait pas, et je ne parvenais pas à lui expliquer. Tout se bousculait dans ma tête, impossible de rassembler mes idées.

« - Hé, calme toi. Entendis-je
- Le policier! Quand on a fait tomber le policier!
- Quoi?
- Tu m'as appelée par mon prénom. Si il t'as entendu, je ...
- Il ne peut rien faire si il n'a que ton prénom...
- Parce que t'en connais beaucoup d'autres, des Éris ?! » L'interrompis-je.

Leur Jeu : SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant