Chapitre 3 :

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Au bout de quelques heures, Octavia et Nathan avaient totalement disparu. Charlotte bougeait sur la piste de dance, mue par la seule force de l'absinthe qui noyait ses veines. Moi, j'étais assise, attendant patiemment que le temps daigne passer.

- Tu comptes regarder ce mur jusqu'à ce qu'il tombe ?

Surprise, je me retournai si vivement que je sentis une douleur irradier mon cou. Charles était là, debout à côté de moi, me surplombant de toute sa hauteur insolente.

- Peut-être, répondis-je en tentant de cacher dans ma voix le trouble qui m'envahissait. Tout dépend de si je trouve quelque chose de plus intéressant à faire.

- T'as pas envie d'aller danser ?

Danser ? Il venait de me proposer d'aller danser ? Mais de quel film des années quatre-vingts ce mec s'était-il donc échappé ?

- Non, pas vraiment. Je suis pas très danse.

- Pas très danse, ou pas très moi ?

Quelle question stupide ! Quel genre de fille pourrait ne pas être très « lui » ? Je veux dire, ce garçon avait tout pour plaire, du physique de mannequin au regard ravageur et moi, moi j'étais juste une fille assise sur une chaise.

- Il faut que j'aille aux toilettes.

Sans doute la pire échappatoire qu'il existe, c'était malheureusement la seule que j'avais trouvée. Au bout de dix minutes à tourner en rond, je me rendis compte que je n'avais aucune idée d'où se situaient les toilettes.

- Perdue ?

Sa voix, qui m'était devenue familière, m'étonna toujours. Rêvais-je ou bien Charles me suivait ?

- Je ne suis pas perdue, j'ignore seulement où je vais.

Il esquissa un rire étouffé avant d'ouvrir la porte qui se trouvait derrière lui.

- Votre trône mademoiselle.

- Merci, répondis-je poliment, mais je n'ai plus envie.

- Très bien, alors si tu es libre, on pourrait peut-être faire un jeu toi et moi.

Octavia n'était pas là, Charlotte était bourrée et la physionomie des murs de cette maison était si parfaitement imprimée dans mon esprit que j'aurais pu les redessiner les yeux fermés. Au fond, qu'avais-je à perdre ? Si ce jeu ne me poussait pas à me déshonorer, je devrais accepter.

- Tout dépend, quel genre de jeu ?

- Vérité ou vérité. Il faut raconter, chacun son tour, quelque chose sur soi que tout le monde ignore. C'est censé nous permettre d'apprendre à nous connaître.

- Donc tu veux apprendre à me connaitre ?

- J'aimerais bien, en effet.

Soit je rêvais, soit le plus beau garçon de cette fête était en train de me draguer. Je devais rêver.

- Alors, tu joues ?

- Je... heu... oui, pourquoi pas.

Il sourit, pas le sourire d'un prédateur venant d'attraper sa proie, un sourire doux, calme et... romantique ?

- Pas ici, dit-il en me prenant par la main, on ne s'entend même pas parler. Il faut un endroit plus calme.

Il m'entraina dans une chambre, s'assis sur le sol et attendit tranquillement que je fasse de même.

- Alors, je commence ou tu commences ?

- Je commence. Une chose que personne ne sait, c'est ça.

Il acquiesça.

Je réfléchis un instant, que pourrais-je bien dire d'assez personnel pour correspondre à la consigne donnée, et en même temps d'assez banal pour être confié à un parfait inconnu.

- Je n'ai jamais eu de crush. Je sais que je suis hétéro, mais je n'ai jamais trouvé un garçon assez attirant pour qu'il me plaise.

De toutes les choses que j'avais vécues, il fallait que je choisisse celle-là. Eléonore Mauryson, vous êtes la pire idiote que je n'ai jamais connue.

Il me regarda, longuement, mais ne répondit rien.

- A ton tour, parvins-je à prononcer tandis que la honte faisait rougir mes joues.

- Pour rester dans le thème, je ne suis jamais tombé amoureux. J'ai déjà été avec des filles, mais aucune n'a réussi à toucher mon cœur. Je m'étais résolu à l'idée que le sexe serait à jamais la seule chose qui chamboulerait mon quotidien, jusqu'à ce que je ne me rende compte que je croyais au coup de foudre.

Je n'eus pas le temps de répondre quand un bruit interrompit notre conversation.

Comme si j'en rêvaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant