Chapitre 26 :

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Le serveur vint nous apporter nos plats la seconde suivante. A ma grande surprise, je reconnus ce visage et ces yeux verts malicieux. C'était Robin, un garçon de notre lycée qui était apparemment partisan des jobs d'été au mois de novembre.

Il nous servit, non sans saluer Nathan et Charles comme s'ils étaient amis, et nous snober au passage. Merci Robin.

- Ne dis pas bonjour surtout ! hurla Octavia à travers toute la salle.

Il ne releva pas, et elle comprit vite que le charisme n'était pas sa principale qualité.

- Connard, laissa-t-elle échapper. A ce propos, j'ai une autre anecdote sur Eléonore.

Super. Associée au mot « connard », j'imagine que je devais m'en réjouir.

- C'était durant un cours de maths, en seconde. Robin et moi étions voisins, mais comme vous devez l'avoir remarqué, ce n'est pas la grande amitié entre nous. J'en profitai donc pour l'envoyer s'asseoir ailleurs et laisser Eléonore prendre sa place. Pourtant, allez savoir pourquoi, il y avait certains cours où il préférait rester à côté de moi. Dont les cours de français, juste après les fameux cours de maths. En maths donc, je proposai à Eléonore de venir me rejoindre à l'heure suivante, et par conséquent de prendre la place de Robin. Elle aurait pu simplement dire, à voix basse, qu'il n'accepterait jamais de la lui céder. Mais non, il a fallu qu'elle crie, que dis-je, qu'elle hurle : « non, sinon Robin il va encore me soulever ». Je vous laisse imaginer le moment de gêne, un souvenir épique.

Je sentis mes joues rougir, était-il réellement nécessaire de remettre ce sujet sur la table ?

- A ma décharge, il prenait ma chaise et la soulevait quand il voulait que je lui rendre sa place, et je ne pouvais pas prévoir que tout le monde allait se taire pile à ce moment-là.

Mes excuses ne leur suffirent pas à oublier les détails de ce récit.

- En tous cas, ajouta Charles, il y a plutôt intérêt à s'agir d'un mal entendu, où je me ferais un plaisir de coller mon poing dans sa figure.

Peu être un peu excessif pour une simple histoire de chaise ?

- Ne te la joue pas grand frère protecteur, j'ai déjà Mathéo pour ça.

Le dîner continua dans la bonne humeur, entre les rires et les petites anecdotes amusantes que chacun disséminait de-ci de-là, les uns sur les autres. Au moment du dessert, Charles glissa sa main entre mes doigts. Il ne dit rien, et laissa seulement ce geste me troubler. Nathan et Octavia c'était déjà embrassés une dizaine de fois en l'espace de deux heures, mais cette fois ce n'était pas eux, cette fois ce n'était pas elle, c'était moi. C'était à moi qu'un garçon tenait la main, c'était à moi que ce garçon tenait. Une pensée idiote, qui suffit à me rendre heureuse.

Puis nous poursuivîmes la journée en balade au bord d'un lac, Octavia dans les bras de Nathan, Alex et Alexis qui se chamaillaient et moi, marchant près de Charles, son bras autour de mes épaules. Le romantisme lui-même en aurait vomi. Etais-je entrain de devenir ce genre de fille gnangnan qui se marient à Noël dans une comédie romantique ? Surement. En avais-je quelque-chose à foutre ? Non.

Ce soir-là, dans mon lit, je me demandais si cette journée marquerait le reste de mon existence. Moi, mes amis, mon copain... ce mot sonnait encore faux dans mes pensées. Mon copain, Charles était mon copain. Je m'endormis avec cette idée.

Comme si j'en rêvaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant