Bouge ton gros pied de sur ma tête !
La voix d'Octavia m'extirpa de mes rêves emplis de beaux garçons en chemise blanche.
- Comment j'ai atterri ici ?
- Pourquoi, t'aurais préféré finir la nuit avec Charles ?
Cette simple pensée me fit écarquiller les yeux, bien que son visage au coucher soit bien plus agréable à regarder que celui d'Octavia au réveil.
- C'est pas ce que j'ai dit.
L'expression de ses traits suggérait un : « mais t'y a pensé ». Faux. Enfin... n'imaginons pas de choses obscènes avant le petit déjeuner ! A cette simple pensée, mon ventre se mit à gargouiller.
- Tu n'as pas quelque-chose à manger ?
- Je te parle d'amour, et toi tu me parles de nourriture !
- Parce que ce n'est pas la même chose ?
Octavia se figea d'un coup, puis éclata de rire. Je l'imitai, jusqu'à en tordre mes abdos invisibles. Foutu syndrome du membre fantôme.
Une fois remises de nos émotions, nous descendîmes manger. Un repas que je pris seule, comme tous les petits déjeuners que je partageais avec Octavia.
- Si tu fais un vertige à l'entrainement ce soir, je te jure que je ne te ramasse pas !
Elle ne prit même pas la peine d'écouter ma remarque, trop absorbée par son téléphone.
- Quelque-chose ne va pas ?
- C'est rien, t'inquiète.
Elle mentait presque aussi bien que moi, et ce n'était pas un compliment.
- Explique-moi, je te rappelle qu'on est censé tout se dire !
- C'est pas important, c'est juste... Nathan.
- Nathan ? Il est fou amoureux de toi, où est le problème ?
- J'en sais rien, je le trouve distant. Vers la fin de la fête, au moment où tout le monde avait bien trop bu pour être intéressant, lui et moi on a... enfin tu vois, pas besoin que je te fasse un dessin.
J'esquissai un bref regard vers l'escalier, priant pour ne pas avoir dormi dans un lit remplit de... beurk, c'est dégoutant !
- Mais au moment où la chose allait devenir plus concrète, poursuivit-elle en tentant tant bien que mal de flouter les détails, j'ai paniqué. Je ne sais pas pourquoi, j'étais bien mais j'ai... Je lui ai demandé de partir, et il l'a fait, et depuis plus rien. Pas même un message.
Une partie de moi voulait le traiter de connard, mais une autre comprenait à quel point il était parfois difficile de suivre Octavia. J'irais lui parler, et je déciderais si oui ou non je dois coller mon genou entre ses parties génitales.
En arrivant devant le lycée, Octavia me prit par le poignet en m'entraîna sur le chemin bétonné. Elle ne prit pas le temps d'attendre Nathan, ni Mathéo, comme on le faisait tous les jours. Je vis dans ses yeux qu'il valait mieux ne pas poser de questions, et je la suivis sans dire un mot.
La matinée passa plus vite que je ne l'aurais imaginé, sans doute grâce à l'absence inattendue de monsieur Révolution. Charlotte nous avait gardé deux places à la cantine, un miracle pour quelqu'un d'ordinaire si tête en l'air. Nous nous assîmes à une petite table ronde, tels les trois mousquetaires, le charisme en moins.
- Merde, m'exclamais-je, j'ai oublié mon téléphone !
- T'as vraiment besoin de ton portable pour manger ? me questionna Charlotte.
L'hôpital était en train de se foutre de ma charité !
- Non, mais je ne veux pas le laisser trainer dans mon sac, on ne sait jamais. Je vais le rechercher, je reviens dans cinq minutes.
Au moment où le battant de la porte se referma, je sortis le téléphone de la poche de mon manteau. Il fallait que j'appelle Nathan.
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Comme si j'en rêvais
Teen FictionOrdinaire. C'est assez triste qu'un mot somme toute aussi banal puisse à ce point définir une personne. Pourtant, j'étais la représentation exacte de l'humain ordinaire. Taille moyenne, poids moyen, coupe de cheveux classique. Et pour couronner le...