Chapitre 15 :

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Les cours de l'après-midi furent bien plus longs que ceux de la matinée. Je crus mourir quand monsieur Cayriole, le professeur de physique-chimie, commença à déballer son monologue incompréhensible. La sonnerie retentit, deux fois, mais sa bouche ne cessa jamais de parler.

- Tu crois que si on sort maintenant, s'interrogea Octavia, il s'en rendra compte ?

- Je suis prête à parier que non, mais je n'oserais pas essayer.

Nathan n'attendait pas à la porte de la salle, comme il avait pourtant l'habitude de le faire. Je commençais à douter de ses capacités à suivre mes conseils.

Quand nous sortîmes enfin, je vis dans les yeux d'Octavia qu'elle avait remarqué son absence. J'espérais que l'entraînement des pompom girls suffirait à lui changer les idées.

Floriane nous attendait devant la porte des vestiaires, déjà prête et surexcitée. Je me demandais parfois s'il était possible de lui retirer, ne serait-ce qu'une seconde, ce surplus d'énergie qui avait le don de m'épuiser.

- Dépêchez-vous les filles ! On doit commencer la nouvelle choré aujourd'hui, j'ai trop hâte de vous la montrer !

Est-ce qu'il existait seulement une chose en ce monde pour laquelle elle n'avait pas hâte ?

En sortant du bâtiment, je sentis chaque millimètre de ma peau se congeler sur la place. S'il existait une pétition pour transformer ces tenues ridicules en sweats et en leggings, je la signerais immédiatement !

En approchant de la pelouse d'entrainement, je vis une forme rouge se dégager au loin. Un cœur. Un cœur fait de roses rouges, les fleurs préférés d'Octavia. Nathan n'était peut-être pas si stupide finalement. Un petit carton blanc trônait en son milieu, un simple « je t'aime » signé « -N. ».

Octavia se mit à pleurer, et je découvris par la même occasion qu'elle était capable d'exprimer des émotions. Nathan stoppa net son match de basket et vint l'embrasser, acclamé par tous ses coéquipiers. Sans vouloir me vanter, j'étais plutôt fier d'avoir contribué à ce spectacle, encore une mention à ajouter à mon CV.

Mathéo vint me chercher après l'entrainement, et je m'empressai de lui raconter tout le romantisme qui avait empli ma journée.

- Vous êtes tellement cliché, ça devrait être interdit !

- Tu dis ça parce que t'es jaloux.

Il ne le nia pas.

- Au fait, t'as pris tes affaires ou on doit encore passer chez Octavia ?

- Vu le poids que pèse déjà mon sac, j'ai préféré les laisser là-bas. Mais sachant qu'Octavia est rentrée avec Nathan, je les récupèrerai plus tard.

- Sage décision.

Il ne croyait pas si bien dire.

Il se gara, et je sortis vite enfiler mon pyjama, avant de m'emmitoufler dans une dizaine de plaids. En créant le monde, Dieu n'avait définitivement pas sélectionné l'option « chauffage », et le soleil avait apparemment lui aussi le droit à des congés payés.

Posé sur le coin de mon bureau, mes cours de physique me zyeutaient du coin de l'œil. Il fallait que je révise... alors j'allumai mon ordinateur, et sélectionnai l'application Netflix. Illogique ? Oui. Mais je n'en avait absolument rien à foutre.

Des films d'amour défilaient sur mon fil d'actualité. Si j'en regardais encore un, j'allais définitivement entrer en dépression. Je me demandais quel genre de personnage me correspondrait dans ce type de scénario ? Vu l'arc narratif de ma vie actuelle, un personnage secondaire, sans hésiter. Mon téléphone se mit à vibrer, et mon avis sur le sujet changea radicalement.

Charles me demandait si on pouvait se voir.

Comme si j'en rêvaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant