Nous nous arrêtâmes dans un petit café à l'ambiance années 50. Je commandai un milkshake banane framboise et lui prit simplement un café. De façade, on ressemblait davantage à un père et sa fille qu'à un... qu'était-on réellement ?
- Tu bois vraiment un café au goûter ?
- Seulement quand je n'ai pas faim. Tu pourras noter ça dans la liste des choses inutiles que tu sais sur moi.
C'était déjà fait.
- Et moi, poursuivit-il, je pourrai ajouter que tu aimes les milkshakes banane framboise, soit la pire abomination que le monde ait inventé.
- Très bien, je vais donc inscrire en gras et en majuscule que tu n'as aucun goût !
Il sourit, puis plongea les doigts dans son café et m'en jeta quelques gouttes à la figure. Pas très hygiénique.
- Arrête ça ! m'écriai-je. Tu vas tacher mes vêtements !
- D'accord, madame est coquette, je note.
Il fit semblant d'écrire quelque chose dans un carnet imaginaire, tandis que j'aspirais bruyamment une gorgée de mon milkshake.
- Au fait, me demanda-t-il, tu vas à cette soirée d'Halloween qu'organise ton lycée ?
Comment était-il au courant ?
- Pourquoi, qui t'en a parlé ?
- Ton frère. Il m'a proposé de venir, histoire de ne pas se retrouver seul avec Nathan et Octavia.
Je pouvais le comprendre.
- C'est une situation dans laquelle personne n'aimerait se retrouver, déclarai-je. Je ne sais pas encore si je vais aller à cette fête. Tu sais, les fêtes c'est pas trop mon truc.
- Je comprends, c'est pas trop le mien non plus.
Sérieusement ? Charles était un mec populaire, et les mecs populaires adorent les fêtes, c'est sur la notice.
- Mais je me vois mal abandonner Mathéo, poursuivit-il.
- Et je me vois mal abandonner Octavia, bien qu'il y ait déjà quelqu'un pour veiller sur elle.
- On a qu'à y aller ensemble. Mathéo se sera trouvé une nouvelle fille à draguer au bout de dix minutes, je n'aurais plus besoin de servir de soutien émotionnel, et je suis sûr qu'il y a assez de chaises et de murs à fixer pour deux.
La proposition ne me déplaisait pas, étrangement.
- Pourquoi pas, et puis ça m'évitera de subir les interminables monologues d'Ivan.
- Ravi de pouvoir te servir de bouclier.
Une lueur brillait dans ses yeux, il était sincèrement heureux.
Un léger coup d'œil jeté à ma montre me suffit à comprendre qu'il fallait impérativement que je rentre.
- Je suis désolé, mais il faut vraiment que j'y aille, ma mère va me tuer.
- T'inquiète, je paye et je te ramène.
Attends, il quoi ?
- Hors de question que tu m'invite, on partage.
- C'est chiant de payer en deux fois, et puis ça te donnera une bonne raison pour m'inviter en retour.
Il essayait de m'avoir avec de bonnes excuses ? Il avait réussi.
- T'auras qu'à passer me chercher au lycée la semaine prochaine, et cette fois c'est moi qui offre.
- Marcher conclut.
Puis il me déposa devant chez-moi et, avant de partir, me lança un « à samedi soir ».
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Comme si j'en rêvais
Novela JuvenilOrdinaire. C'est assez triste qu'un mot somme toute aussi banal puisse à ce point définir une personne. Pourtant, j'étais la représentation exacte de l'humain ordinaire. Taille moyenne, poids moyen, coupe de cheveux classique. Et pour couronner le...