Ƭ𝖍𝖊 𝕸𝖆𝖋𝖎𝖆'𝖘 𝕯𝖔𝖑𝖑 LIVRE ÉDITÉ

3 - Neala

En fin de soirée, je sens que le moment fatidique arrive bientôt. La nuit de noce. Bhaltair ne m'a pas quitté du regard depuis ce qu'il s'est passé tout à l'heure et ça me met vraiment mal à l'aise.

- Allez ma chérie, c'est le grand moment, me glisse soudain ma mère.

- Hein ?? je fais en fronçant les sourcils.

- Vous allez consommer votre mariage...

Je soupire. Je ne veux absolument pas le faire.

- Maman...

Je suis sure qu'il va me faire atrocement mal. Des exclamations commencent à retentir. Au début, je ne comprends pas puis rapidement je peux discerner des « baise-la, baise-la ! ». Voilà comment c'est dans la mafia. Les femmes sont des objets de luxure soumises et sans aucune liberté. Bhaltair s'approche de moi et me fait un signe de main pour que je le suive. Tout le monde commence à crier. Enfin, surtout les hommes. J'essaye de ne pas les écouter tout en le suivant à l'intérieur du manoir familial. Peu à peu, les voix deviennent lointaine. Plus on se rapproche de la chambre, plus mon cœur commence à accélérer. Quand on y arrive enfin, j'ai l'impression que je suis à deux doigts de faire un arrêt cardiaque. Il l'ouvre et j'entre derrière lui. Il referme la porte à clé après moi. J'avale difficilement ma salive.

- Déshabille-toi, dit-il.

Je reste immobile. Je suis comme paralysée. J'ai atrocement peur de ce qu'il peut me faire, ou plutôt de ce qu'il va me faire. Comme je ne bouge pas, je l'entends grogner dans mon dos, et un bruit sourd retentit, comme s'il venait de frapper quelque chose. Je l'entends respirer fort. Soudain, il m'attrape par le poignet et me tourne face à lui. Il est à moitié en train de rire et de peter un câble. Il perd la tête.

- Tu sais, quand on m'a dit que j'allais me marier, je m'en suis battu les couilles, sauf que là, il y a un souci ! Si tu ne réagis pas quand je te parle, je risque vraiment de t'exploser la gueule dans les minutes qui suivent !

Il me relâche et part dans la salle de bain mitoyenne, me laissant seule dans la chambre. J'ai peur, j'ai vraiment peur. Je ne pensais pas qu'il était fou à ce point. Il m'a l'air complètement barjo. Je prends alors mon courage à deux mains et retire précautionneusement ma robe. Je me retrouve donc en sous-vêtements. En attendant qu'il revienne, je m'assois sur le lit. J'entends de l'agitation provenant de la salle de bain. Un bruit de verre brisé retentit. Est-ce qu'il a mis son poing dans le miroir ?? Quelques secondes plus-tard, la porte s'ouvre et j'entrouvre la bouche. Il a le visage ensanglantée, comme si c'est sa tête qui avait été dans le miroir. Quand il voit que je le regarde avec effroi, il m'ignore. Il a l'air plus détendu que tout à l'heure.

- Elles devenaient de plus en plus forte, j'étais obligée de les faire taire, dit-il.

- De... qui tu parles ?

Il me regarde de haut en bas comme si la réponse était évidente.

- Les voix.

J'aurai dû m'y attendre. Mais au lieu d'aller mieux, ça ne me rassure évidement pas du tout.

- Je vois que tu as fait ce que je t'ai dit, fait-il en se rapprochant de moi.

Je sens mon cœur pulser contre ma poitrine. De manière d'ailleurs tellement forte que je me demande comment il n'est pas encore sorti en dehors de ma cage thoracique. Quand il arrive à ma hauteur, il s'arrête et m'observe.

- T'es pas moche, dit-il.

- Euh... merci...

- Mais j'ai quand même envie de te tuer.