7 - Neala

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Il a refait ce truc avec son œil droit. Il est devenu presque blanc tellement sa pupille se barrait en haut vers la paupière. C'est flippant, et c'est pour ça que quand il m'a ordonné de grimper dans la chambre, je l'ai fait sans broncher. Mais maintenant, j'ai peur de ce qu'il va se passer. Quand la porte s'ouvre, je fixe mon regard au sol. Il entre, mais contrairement à ce que je pensais, il ne me calcule pas et part s'enfermer dans la salle de bain en claquant la porte. Je me lève donc du lit sur lequel j'étais assise et commence à faire les 100 pas dans la chambre. J'aimerais bien en sortir, mais j'ai peur de sa réaction. Mes yeux s'arrêtent sur une photo dépassant d'un tiroir. Je jette un coup d'œil vers la salle de bain, qui est toujours fermée, alors je me retourne vers le tiroir et prends la photo. Dessus, on y voit Bhaltair et son père, plus jeune d'au moins une dizaine d'année, et deux femmes. Enfin, une femme et une jeune fille. J'imagine que la femme est sa mère, par contre je n'ai pas la moindre idée de qui peut être la fille.

- On ne t'a jamais appris à respecter la vie privé, retentit une voix glaciale derrière moi.

Je me fige instantanément et ne dis rien. Je repose délicatement la photo à sa place et me retourne en tremblant.

- Tu sais, sur cette photo deux personnes sont mortes, dit-il. Ma mère, que mon père a tué, et ma soeur, que j'ai tué.

Un frisson me parcourt le corps à l'annonce de ses derniers mots.

- Tu as... pourquoi ?

- T'as pas encore compris que j'ai un souci avec les femmes ?

Je déglutis péniblement et ne dis rien.

- Tu vas me tuer ? je demande.

- Tant que tu ne me mets pas hors de moi et que je ne te touche pas, ça devrait aller.

Son regard froid ne me dit rien qui vaille. Je sens qu'avoir cette conversation avec moi est déjà très compliquée pour lui. Mais je me risque à lui poser une dernière question.

- Et pourquoi est-ce que tu ne me tues pas ?

Il inspire profondément avant de répondre.

- Si je ne suis pas marié, je ne peux pas être chef, et si je ne suis pas chef, je ne peux pas tuer mon père sans que ça ne me retombe dessus.

C'est donc la seule raison pour laquelle je suis encore en vie ? Je me contente de hocher la tête. Cette journée a été épuisante pour moi, j'ai envie de dormir. Lentement, je me lève et me dirige vers la salle de bain, là où un pyjama est normalement censé m'attendre, et comme je remarque qu'il ne dit rien, je m'y précipite plus rapidement. Une fois à l'intérieur, je m'enferme à l'intérieur et souffle un grand cou. Je suis mariée avec un espèce de psychopathe sans cœur et cruel, qui tue sa propre famille. Comment est-ce que je peux relativiser dans tout ça ? Je retire ma robe, enfile la nuisette qui repose sur l'étendoir et me démaquille, puis passe de l'eau sur mon visage. Il va falloir que je ressorte pour aller me mettre sous les draps maintenant. J'inspire un grand cou. Je peux le faire. J'attends encore une petite minute et décide finalement de sortir. A ma grande surprise, Bhaltair est lui-même déjà couché. Je m'approche donc discrètement de lui et soulève le drap. Je me glisse dessous en tentant de faire le moins de bruit possible. J'éteins la lumière grâce à l'interrupteur juste au dessus de ma table de chevet et tente tant bien que mal de fermer les yeux. J'espère juste une chose, c'est d'être toujours en vie demain matin.

Ƭ𝖍𝖊 𝕸𝖆𝖋𝖎𝖆'𝖘 𝕯𝖔𝖑𝖑 LIVRE ÉDITÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant