Chapitre 29: Un cauchemar perpétuel

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PDV Karol

Allongé dans mon lit d'hôpital, je fixe le cahier que je tiens dans la main en essayant de rassembler mes pensées.

Je n'ai aucun souvenir de l'accident et c'est dû au choc selon les médecins. À mon réveil, ils m'ont posé des millions de questions sur ma famille, ma vie et ce genre de chose et j'ai pu restituer les événements avant ma chute sans problème, même si les souvenirs me semblaient irréels. Ils ont conclu que ma chute était la cause de tout, mais au fond de moi, je savais que cet état second venait des médicaments et de l'angoisse. Je n'ai rien dit, à quoi bon, la cause n'a pas une grande importance en soi.

Ce qui retient mon attention et m'inquiète, c'est quelque chose sur laquelle les médecins ne m'ont pas questionné, mais qui est pourtant inquiétante : je suis incapable de me remémorer les paroles des chansons de Soy Luna ni les pas des chorégraphies.

Je me souviens de tout le reste, même des mélodies, mais les paroles ont disparu de ma mémoire et je n'ai aucune idée de la raison.

Je m'en suis rendu compte il y a deux jours, quand Michael est passé me voir et m'a demandé si je me rappelais des paroles de Valiente. J'ai dit oui, sans même réfléchir, mais quand j'ai essayé de chanter aucune parole n'est sortis et j'ai commencé à paniquer. Je lui ai dit que chanter m'angoissait et il n'a pas insisté.

Après ça, à chaque fois que j'avais le temps, j'ai écouté les chansons sur mon téléphone en boucle et j'ai noté les paroles dans le carnet que ma mère m'a apporté. Pourtant, malgré mes efforts, je n'arrive pas à les retenir, ce qui ne fait que m'angoisser encore plus, surtout que je suis incapable de me concentrer plus de 15 minutes.

J'essaie de ne pas le montrer, mais j'ai souvent de la visite et ce n'est pas toujours facile. Même si j'ai plus de facilité qu'avant ce n'est pas encore ça et je suis très rapidement fatigué. Je ne veux inquiéter personne, ils le sont déjà suffisamment, surtout, Ruggero.

Il est passé me voir tous les jours selon Michael. Pour être franche, je m'en doutais, premièrement parce que je le connais et deuxièmement, car je me souviens avoir entendu sa voix plusieurs fois. Pour moi, les trois jours de coma ont duré une éternité, j'étais incapable de me situer dans le temps ou de démêler le vrai du faux. Je vivais dans un cauchemar perpétuel ou je voyais ma famille mourir sous mes yeux.

Le souvenir le plus marquant que j'ai, c'est Ruggero qui hurle avant de tomber dans le vide sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, je descends des escaliers et j'ai beau courir, je n'arrive jamais au bout, tandis que son cri résonne dans ma tête sans s'arrêter. Quand je finis enfin par arriver en bas, il est allongé dans une flaque de sang et me regarde, les yeux vides en me demandant de rester en vie.

Parfois, entre deux cauchemars, je me souviens avoir entendu sa voix et avoir senti son parfum. J'arrivais à ouvrir les yeux, à serrer sa main dans la mienne et à lui parler, je voyais qu'il était en vie et je pleurais sans comprendre comment c'était possible avant de retomber dans les tréfonds de ma tête et de le revois mourir une fois de plus.

Quand je me suis réveillé, j'étais convaincue que tout le monde était mort et que c'était ma faute. J'ai éclaté en larme quand on m'a dit qu'il allait tout bien et on a dû me le dire plusieurs fois avant que je ne me calme.

Je me souviens d'absolument chaque seconde passée dans cet enfer, de l'extérieur ça a duré trois jours, mais pour moi, c'était l'équivalent de l'éternité. Je sais que les scènes d'horreur sont fausses, mais pour le reste des souvenirs, je suis toujours incapable de discerner le vrai du faux.

J'ai noté dans mon carnet chacun de ses moments et j'ai entouré en rouge ceux qui ne sont pas réels, mais ça ne me rassure pas beaucoup, je suis toujours convaincu qu'ils peuvent mourir à chaque seconde et j'ai besoin de me répéter en boucle qu'ils sont en vie pour ne pas céder à la panique.

Au début, je ne réalisais pas ce qui c'était passé, j'étais bien trop shooté pour pouvoir y réfléchir.

La sensation de paralysie au niveau de mes jambes quand je me suis réveillé, le fait de ne pas les sentir, de ne pas pouvoir les bouger a provoqué une angoisse énorme et on a dû m'injecter un sédatif.

Pour moi, tous les gens que j'aime était mort et j'étais en enfer, alors quand je me suis réveillé incapable de bouger dans un lit d'hôpital avec des gens que je ne connaissais pas autour de moi, j'ai totalement paniqué et je ne l'ai pas supporté. Il m'a fallu plusieurs heures d'explication pour comprendre ce qui était arrivé : que mes derniers souvenirs n'étaient que des cauchemars. Cependant, vu que je ne me rappelais pas ma chute, je refusais de comprendre et d'admettre la vérité. Je suis resté totalement déconnecté les deux premiers, je préférais dormir et planer à cause des médicaments que d'accepter la réalité.

Pourtant, j'ai dû m'y confronter quand la dose énorme de médicament que l'on m'avait donné pendant mon coma à commencé à se dissiper, et peu à peu, j'ai compris que même si ma famille était en vie, la réalité cachait un autre type de cauchemar.

Quand on m'a annoncé que je ne pourrai peut-être plus jamais marcher, danser ou patiner, j'ai compris que je ne pouvais plus fuir. Sur le coup, je n'ai pas réagi, je ne savais pas comment assimiler l'information. J'ai pris mon carnet et je l'ai noté à l'intérieur, car depuis mon réveil, ce carnet représente la réalité. Dès que quelque chose est écrit dedans, c'est que c'est réel et quand je l'ai posé sur le papier, j'ai éclaté en larme. Des mots sont revenus dans ma mémoire, une phrase de Ruggero que j'étais incapable de situer dans le temps, mais dont j'étais persuadé de l'authenticité.

"Je ne te laisserai pas te détruire, peu importe ce que tu fais pour m'éloigner."

Est-ce que je m'étais détruite ? Oui certainement, à ce moment en plus de réaliser ce qui c'était passé, j'ai compris que j'avais provoqué cet événement, je m'étais détruite toute seule, j'avais tout gâché. Il a essayé de m'arrêter et je l'ai éloigné de moi, je me souviens de son regard, de son inquiétude. Je me rappelle l'avoir repoussé, avoir refusé son aide et être monté sur scène. La question à laquelle je n'ai pas de réponse, c'est pourquoi ?

Pourquoi est-ce que je suis monté sur cette scène ?

Voilà pour ce chapitre. Karol essaye de se rappeler de son accident.

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AVphoenix6

Entre amour et haine #RuggarolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant