La Femme Rouge

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Au couvant, La Mère Esther était dans tous ses états. Il était dix et neuf heures, Meda n’était pas encore rentée. Ce n’était pas dans ses habitudes et tous le savaient. Elle ne comprenait pas pourquoi les deux filles n’étaient pas rentrées ensemble.

Mère Esther : vous êtes sorties d’ici ensemble ce matin. Pourquoi tu es rentré sans elle ? Qu’est-ce qui s’est passé sur le chemin ?

Anita : elle m’a dit qu’elle allait rester étudier. Je ne sais pas ce qui s’est passé par la suite. Elle devrait normalement être déjà là, elle m’a dit qu’elle n’en avait que pour deux heures de temps.

Mère Esther : je sais que je vais commencer par où à la chercher ? Ou bien elle est avec cet homme ? Je vais le tuer s’il la touche.

Anita : non ma mère, elle n’est pas avec lui. Elle est en train de souffrir, je le sens. Ses souffrances sont atroces, elle peut même en mourir.

Mère Esther n’écoutait pas ce que disait Anita. Elle pensait à tous les endroits où pouvaient être Meda. Elle était loin d’imaginer que la petite baignait dans son propre sang au milieu d’une broussaille. Elle eut l’idée que la petite soit avec son enseignant. De ce fait, elle fouilla dans son répertoire et trouva le numéro de monsieur Martin.

Mère Esther : tu fais quoi avec une jeune fille à cette heure de la nuit ? Laisse la petite rentrer chez elle

Monsieur Martin : de quoi parlez-vous ma mère ? Quelle jeune fille ?

Mère Esther : Oh bon Dieu ! Venez nous en aide. Cette enfant n’a rien demandé. Elle est innocente.

Monsieur Martin : il s’agit de Meda ? Il y’a quoi ? Elle a quoi ?

Mère Esther : elle n’est pas rentrée. On ne sait même pas où la chercher. On ne comprend même plus rien. Depuis j’ai envoyé fouiller le quartier mais personne ne l’a retrouvé.

Martin sauta de son lit tel une sauterelle. Il mit un pull et sortit en course. Une moto empruntée le laissa devant le couvant en moins de cinq minutes. Il trouva la Mère dans un bain de larme, soutenue par Anita. Jusque-là, il n’y avait aucune nouvelle. Il décida de sortir la chercher. Anita alla avec lui. Mère Esther était assise sur son vieux canapé. Elle se faisait vieille et ne pouvait plus faire ce genre de course. Malgré cela, elle voulut sortir chercher la prunelle de ses yeux.

Elle fit un tour dans sa chambre pour chercher un pull contre le froid. Elle avançait le long du couloir. Lorsqu’elle posait un pas, elle en entendait un autre. Cet autre pas n’était pas le sien. Elle serra le cœur et alla jusqu’à la salle de prière. A son arrivé, elle tomba devant la scène que lui avait raconté Meda un jour plus tôt. Une femme était face à l’autel les mains levées vers le ciel. Toute vêtue de rouge, elle se tourna vers Mère Esther. Avança de quelque pas et sourit.

Mère Esther : que veux-tu ? Pourquoi tu reviens dans nos vies ? On avait conclu un marché et tu devais disparaitre à jamais.

-je t’avais dit de me la laisser. Je t’avais dit que je pouvais mieux m’en occuper mais tu as préféré n’en faire qu’à ta tête. Elle va souffrir et je serai là pour elle. Elle va me prier et vais venir à elle.

Mère Esther : je lui ai appris à prier le Dieu tout puissant. Jamais elle ne te priera.

-elle m’a vu l’autre jour et tu as fait semblant de ne pas croire. Tu sais que si elle peut me voir cela voudrait dire qu’elle veut me voir.

Mère Esther : que le feu te consume. Retourne dans ton enfer. Vas-t-en !

Cette conversation des plus mystérieuses s’était terminée, laissant la mère supérieur en larme. La femme rouge avait pris le large sans franchir la porte, sans passer par une fenêtre. Elle n’était tout simplement plus là. Mère Esther s’était laissé tomber devant l’autel. Elle priait pour qu’il ne soit arrivé rien de grave à sa petite. Elle savait que quelque chose s’était passé.

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