Étoile de Vipère faisait partie de ces combattants qui ne cessent jamais de s'entraîner, ces combattants qui allient talent et travail, et qui chaque jour répètent à l'infini les mêmes gestes, des gestes qui fondent leur identité profonde. Chaque coup, précis, redoutable, était la marque d'une rigueur extrême.
Voir Étoile de Vipère s'entraîner dans les premières pâleurs de l'aube avait quelque chose d'apaisant, une douceur fatale se dégageait de chacun de ces mouvements exécutés avec une lenteur hypnotique.La conscience, la concentration et le contrôle pulsaient lentement dans ses veines, tout cela paraissait évident, comme une extension d'elle-même. Ses muscles réalisaient une routine bien huilée, et ainsi devenaient toujours plus solides, toujours plus souples, frôlant toujours un peu plus la perfection.
Étoile de Vipère combattait sans fantasme, sans transe subliminale, sans fougueuse folie, au contraire elle incarnait le sang-froid.
Une musicalité puissante mais maîtrisée, un rythme assourdissant mais contrôlé symbolisait cette technique dansante.Rien ni personne ne pouvait briser cette figure de volonté.
La meneuse pouvait entendre le calme de son souffle, sentir la pointe de ses griffes, goûter à la douleur légère des courbatures routinières. Cette douleur qui s'estompait comme un rêve au fur et à mesure qu'elle s'étirait sous les rayons humides du soleil automnal.
Ses oreilles tressaillirent quand elle perçut la rugueuse sonorité d'une griffe tranchant l'écorce.
Se laissant guidée par cette mélodie dont elle connaissait déjà l'origine, Étoile de Vipère se fraya un chemin entre les racines fourbes et fourmillantes de vieux pins suintant de sève.
Se dissimulant dans leurs ombres mouvantes, la meneuse contempla son œuvre :Sa silhouette longue et déliée virevoltait avec élégance dans cet étau de serpents turgescents qui liait les arbres à la terre. On pouvait contempler ici aussi une technique terrible et une exigence évidente.
Sa fourrure, toute irisée du clair-obscur de la pinède, semblait tantôt aussi argentée que l'aile d'une grive, tantôt aussi sombre que la plume d'une corneille.Perle d'Obsidienne bougeait comme bougent les fous, avec une beauté qui broie l'âme, une hargne qui consume le cœur et une brutalité qui dévaste le corps.
Là où son mentor gardait toujours les yeux grands ouverts, la disciple elle, laissait sans cesse ses prunelles mi-closes. Un mélange de raison et de folie émanait de son être. Cet être qui ne vivait que pour ces moments d'euphorie, à la frontière de la conscience et de la démence.Étoile de Vipère ne savait si elle était fière ou effrayée de ce qu'était devenue la chatonne un peu brisée avec qui elle avait fait un pacte.
Perle d'Obsidienne avait grandi entre ses pattes de fer et entre les crocs de la haine, entre rigueur et rancœur, entre la glace et la flamme. Voilà pourquoi combattre était pour elle une catharsis, combattre pour ne pas s'écrouler, combattre pour survivre à ses démons, pour avancer tout simplement.
Perle d'Obsidienne n'était pas seulement douée pour le combat, elle ne vivait que pour lui, il était son salut et son Némésis.
Elle était prodigieuse, une véritable perle...Oui. Ce n'était qu'une perle, et les perles se brisent.
Brusquement, un courant d'air frôla Étoile de Vipère sans la voir et fila rejoindre Perle d'Obsidienne sans crainte ni hésitation.
La meneuse inclina la tête, intriguée : Nuage de Gui bravait donc l'interdit de Fleur de Lierre...« Je suis prêts ! » gronda le jeune félin avec assurance.
Perle d'Obsidienne suspendit son geste, braqua ses yeux couleur d'orange sur l'apprenti guérisseur et hocha la tête :
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LGDC ~ Une Dangereuse Sérénade ~ II. Remords
FanficTome 2 : Remords Ce n'est donc pas une prophètie mais une malédiction... Mais comment nos deux félins liés par la haine vont-ils s'en sortir ? Comment rompre un sortilège ancestral ? Tous deux possèdent des ressources insoupçonnées et tous deux poss...