Émeraude

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Le temps déverse ses larmes depuis plusieurs heures, glacés et remplis de rancœur. Celles-ci s'écrase lourdement sur les carreaux des baies vitrés au gré des rafales de vent d'automne. La tempête rabattait les titans de bois tout en brisant leur feuillage. La valse n'avait pas cessé depuis plusieurs jours et s'était accentué d'heure en heure. Le beau temps n'avait plus sa place remplacer par le froid et la mort.

De l'autre côté du verre, une pièce sombre ornait de beaux fauteuils luxueux rester dans un son sourd de tintement d'horloge de cliquetis des perles se fracassant sur les vitres et d'un souffle coupé essayant de se reprendre. Un souffle qui se voulait caché des yeux de tous et une présence qui voulait se faire oublier du monde. Le temps ne laissait aucun répit au corps laisser en silence sur le bord de la fenêtre regardant les rubans d'eau froide.

Le vent gelé rentrer dans les couloirs de la demeure faisant vibrer le vieux bois, le faisant craquer, rompre sous les talons des chaussures s'approchant de plus en plus de la grande pièce ornée de bibliothèque remplit d'ouvrage ancien renfermant le savoir de toute une génération de sorciers.

Un hurlement traversa le manoir comme un souffle se glissant dans chaque fissure, toutes les portes, toutes les barrières de sons. Un hurlement de détresse glaçant le sang et crispant la colonne vertébrale  lunaire se trouvant aux derniers étages de la demeure. La poignée bougea lentement pour laisser apercevoir une femme aux cheveux noirs et blanc vêtue d'une robe ébène.

La pluie ne cessera jamais de couler tant que le sang sera versé. Le hurlement se propagea comme une maladie dans la pièce suivit de près d'une odeur de mort et de mépris. Il parcourut le corps du prince aux cheveux de neige. Il regardait au-delà des filets cristallin, il regarde la liberté. La main de la femme effectua une pression sur l'épaule du jeune homme lui incitant qu'il était l'heure.

Son souffle se fit de plus en plus court et ses membres de plus en plus lourd. Il se déchira à la chaleur des coussins recouvrant le bord de la fenêtre. Il arbora son masque qu'il avait construit depuis de si longues années ainsi que son armure invisible qui le protégeait du mal. Ceux-ci étaient fissurés de chaque côté mais tenaient bon le laissant à l'abri de plus de danger. Il avait pourtant laissé rentrer dans sa carapace une main invisible aussi gelée que la mort. Elle-même s'immiscer dans sa vie lui broyant le cœur. Celle-ci rester en permanence et se resserrer de plus en plus fort lorsqu'Il était là ou encore lorsqu'il était le sujet d'une conversation.

Chaque jour devenait un véritable jeu de survit, de chasse à la liberté. Sa marque le brûlait comme une blessure ouverte qui ne guérirait jamais. Il ne guérirait jamais, il le savait, il s'en était convaincu et savait que le jour viendrait où il serait le traitre. Il l'était déjà malgré lui. Il ne l'avait jamais souhaité mais l'honneur de sa famille était une priorité avant son bonheur. Il n'avait d'autres choix que de faire ce qu'il ne voulait pas en réalité. Toujours oppressé par cette pression glaçante lui susurrant, tel un serpent au venin mortel, qu'il n'était qu'un lâche et qu'il était soumis à Sa main à Lui.

Il allait mourir en ayant aucune dignité et aucun Nom car c'était sa destinée et il devait en être ainsi. En ayant eu l'obligation de porter Sa marque, il avait ainsi dû porter un regard de mépris et de haine de la part d'autrui. Il s'efforce se cachait cette marque de la honte quand il était dans les grands murs en pierre couvrant le blason des quatre maisons.

Son sac prêt il le tendit à l'elfe de maison qui se trouvait au pied de sa maitresse. Il descendit l'air pensif les escaliers en bois ternit, faisant glisser sa main sur la rambarde. Les cris de douleur se firent de plus en plus fort et proche il releva la tête, ravalant le peu de courage qui lui restait. Il ne voulait pas regarder, il ne voulait pas écouter, il voulait oublier.

*

Arriver pour prendre le train il glissa un masque de fierté imparable cherchant à défier chaque personne l'approchant trop près de lui, comme un réflexe qu'il s'était forgé. Il arborait un regard aussi sombre que les enfers afin que personne n'ose croiser son regard. Pourtant la main invisible était toujours présente. Chacun de ses mouvements se faisait gracieux, froid et fière mais ce n'était qu'une façade pour cacher sa fatigue le rendant lent et lui coupant toute force.

Il se plaça dans un carré avec deux autres personnes mais le quitta bien vite, lorsque le train démarra, afin de rejoindre une petite dépendance fermer et calme. Il s'assit douloureusement sur le siège rouge royal et fermis les rideaux de la porte, d'un mouvement de baguette, afin d'avoir un peu d'intimité. Sur les vitres du train il y avait toujours ses multiples rubans cristallins qui glissaient suite à la vitesse.  Il fit tomber son masque se frottant le thorax tout en perdant son regard au loin. Sa respiration devint plus saccadée.

La main froide se resserra de plus en plus fort sur son cœur jusqu'à le faire tordre sur lui-même et se mordre la lèvre jusqu'au sang. Un cliquetis retenti, figeant le beau lunaire, laissant apparaître une tête brune couronnée d'une cicatrice en forme d'éclair sur son front. Le blond se re rassît plus droit et mit son regard sur le lointain paysage. Il ne dit mot et essaya de se faire plus petit que possible pour ne pas attirer le regard de haine du brun. Il ne le supporterait pas, il ne voulait plus de ça.

Le brun ne prit pas la parole et regarda dans l'entrebâillement de la porte le jeune blond se tenant toujours le thorax et essayant de calmer sa respiration sans grand succès. Il prit l'initiative de se poser en refermant soigneusement la porte derrière lui se posant sur la banquette face à celle de son vis-à-vis. Chaque mouvement se faisait doux et soigné pour ne pas brusquer le blond perdu dans ses pensées. Le contraire de son habitude.

La main se fit de plus en plus violente, de plus en plus menaçante, la marque quant à elle, qui s'était faite discrète commença à le bruler, lui déversant son poison comme une flamme s'embrasant de l'intérieur. Il ne pouvait plus, le masque qu'il avait réussi tant bien que mal en quelques instants, se brise de plus en plus laissant apparaitre une détresse dans ses yeux. Mais il tenait pourtant tête, ne laissant pas son esprit rompre. Regardant au loin. Il se faisait de plus en plus faible mais ne devait pas le lui montrer.

Pourtant, le brun se mit à le regarder intensément, si intensément que le blond se sentait brûler de toute part. Il se leva faible pour quitter la pièce se tenant désespérément le cœur afin de ne pas crouler sous les assauts. Il allait tomber s'il ne faisait pas barrière. Au moment où il allait enfin partir il croisa pourtant le regard émeraude du jeune homme se trouvant dans la même cabine. Celui-ci explosa le masque du lunaire en mille morceaux laissant apparaitre des yeux appelant à l'aide. Il se reprit pourtant et releva vite la tête afin de fuir ce wagon pour ne pas se faire découvrir davantage.

Ses yeux fatigués et découverts par l'émeraude se déplacer doucement dans le couloir du wagon s'arrêtant de temps en temps sur des box afin de voir s'il pouvait s'y réfugier mais rien. Pas un seul box n'était libre. Il se réfugia tant bien que mal dans les commodités pour y trouver son reflet qu'il déteste et qu'il fuyait jour après jour. Ne croisant jamais son regard trop longtemps pour éviter de vomir son dégout de lui-même.

je dois tenir

La douleur de son thorax s'accentua encore plus et celle de sa marque se fit de plus en plus intense il déboutonna sa manche dans un mouvement lasse pour y verser de l'eau mais rien ni fit. Ses yeux devinrent brouillé le souffle encore plus court. Il manqua de tomber et se rattrapa au bord du robinet. Il se maintient le torse tout en essayant de respirer normalement quand il entendit la cloche informant que le train aller arriver à sa destination. Il se releva cracha dans le lavabo et se recoiffa prenant une grande inspiration afin de ne pas se trahir. Il se regarda une nouvelle fois dans le miroir replaçant ses cheveux mis longs en arrière et recréa un nouveau masque arborant des yeux noirs de haine et des traits froid.

Un masque de dégoût. Son dégoût de lui.

La survit allait commencé dans ses murs remplis de songes et de rumeurs. Il regarda dans ses yeux et se maudit.

Tu ne mérites rien.

~ premier chapitre ~
Cup_of_Spring

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