Chapitre 5

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Le dîner passa et contre toutes attentes, le grand-père de Suli s'éclipsa dans une pièce refoulée de l'appartement. Suli se demanda pourquoi il ne participerait pas à la discussion, mais elle était trop préoccupée par ce qui allait venir pour poser la question. Sallie sortit le dessin où se trouvait le symbole et le posa sur la table à manger. Elle croisa ensuite les bras et Inola déclara :
- Maintenant, tu vas exactement nous dire ce qui s'est passé tout à l'heure, et n'oublie absolument aucun détail est-ce bien clair ?
Suli se contenta d'hocher la tête car les mots ne voulaient pas sortir. Elle s'accorda trois longues respirations avant de tout déballer :
- Et bien, j'étais devant la glace quand tout à coup mon œil a affiché un message...
Elle expliqua tout, le message indéchiffrable au début, les numéros, le mot, le mal de tête, l'effacement soudain puis la tête qui tournait. Elle se sentit tout de suite mieux après avoir tout confier à ses maternelles. Mais celles-ci ne dirent mots et se regardèrent, du même regard lorsqu'elles avaient regardé le symbole la première fois. Elles affichaient une mine désespérée et triste, mais lorsqu'Inola regarda Suli, celle-ci aperçu un brain de pitié dans les yeux de sa mère, ce qui lui fit l'effet d'un coup de poignard. Pourtant Sallie déclara simplement et calmement :
- Ma chérie il se fait tard et tu as été bien bouleversée aujourd'hui, vas donc te reposer, ta mère et moi devons parler toutes les deux. Nous en reparlerons un autre jour, d'accord ?
- Mais, dit Suli un peu surprise, je croyais que vous alliez m'expliquer ce qui se passe et me dire à quoi correspond ce symbole et pourquoi ce message et pourquoi tout ça !
Les larmes lui piquaient déjà les yeux et sa voix se brisa.
- Tu as entendu ta grand-mère Suli, répondit sa mère, vas te coucher dans ta chambre, c'est tout pour le moment.
Suli quitta sa chaise et alla à toute vitesse dans sa chambre, laissant ses larmes couler sur ses joues et inonder son lit. Elle entendit les petites voix de ses maternelles mais ne voulut plus rien entendre. Elle qui pensait qu'elle allait enfin avoir des réponses, qu'elle allait enfin mieux comprendre certaines choses qui lui remplissaient la tête depuis des années.
Mais pourquoi me cachent-t-elles des choses ? Elles sont censées être ma famille bon sang !
Elle s'était encore trompée et Inola et Sallie ont encore eu la même réaction qu'à chaque fois, la laissant seule, dévorée par ses tourments.
Elle commençait à en avoir assez qu'on lui cache des choses et qu'on la laisse tomber. Elle se décida de ne plus parler à ses parents, leur laissant le choix de tout lui expliquer une bonne fois pour toute. C'est elle qui déciderait à présent ce qu'elle voudrait savoir et ce qu'on devrait lui raconter.
Ses parents n'auraient plus le choix, Suli voulait des réponses, ils iront les lui donner. Quitte à les forcer, que ça ne leur fasse pas plaisir, elle obtiendrait ce qu'elle voudrait, elle était dès maintenant déterminée à obtenir ce qu'elle souhaitait depuis toujours. Elle s'endormit cette pensée en tête et les larmes séchées sur ses joues qui étaient parvenues à son cou.

La semaine commençait bien : Suli n'avait pas prononcé un mot jusqu'à l'arrivée au lycée. Finn Hulina, le seul ami de Suli, l'attendait comme à son habitude aux casiers. Leur casier se trouvaient juste à côté de l'autre, Suli avait le numéro soixante-trois.
- Alors comment s'est passé ton week-end ? interrogea Finn.
Suli faillit s'étouffer à l'écoute de cette question, elle ne pouvait pas lui dire, pour le moins du monde, elle ne lui dirait rien, c'était sa promesse numéro une. Elle ne dit rien et se contenta d'un haussement d'épaule.
- Je vois, dit Finn, pas très bavarde sur ce qui se passe à la maison on dirait. Ce n'est pas grave, un jour j'arriverai à obtenir ta confiance et alors, je serai ton confident numéro un.
Elle admirait la détermination de Finn à se rapprocher d'elle mais elle déclara :
- Je te souhaite bonne chance.
Finn soupira et lâcha :
- Pourquoi as-tu toutes ces barrières autour de toi ? Je veux dire je ne vais pas te manger ni te faire de mal ou quoi que ce soit, alors pourquoi es-tu si... renfermée ?
Suli baissa les yeux, elle ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose mais la referma aussitôt. Finn hocha la tête mais la sonnerie retentit.
- On a cours de quoi là ? demanda Suli qui avait du mal à mémoriser son emploi du temps.
- Je crois qu'on a cours de français, répondit Finn, avec Monsieur Frédéric, ah oui purement français ce nom !
Suli eut un petit rire et Finn la dévisagea, il n'était pas habitué à l'entendre rire mais cela lui faisait plaisir et il s'écria :
- Non mais je rêve ou tu viens de rire ! J'ai réussi à faire rire Suli Turner ! Je peux mourir en paix ! Ah, ma journée est refaite.
- Ne t'emballe pas, ça n'arrivera pas souvent, se défendit Suli.
- C'est ça bien sûr. Ça, voit-tu, c'est le début de ma conquête de la confiance de Suli Turner.
Suli esquissa un sourire et tous deux se dirigèrent vers la salle de français. Les deux amis se trouvaient à côté dans ce cours ce qui rassura Suli. Mais elle grogna lorsqu'elle découvrit Sophie, Julie et Jessica, le trio infernal arrivé en retard, en plus.
- Et bien mesdemoiselles, dit M. Frédéric, vous êtes en retard à ce que je vois.
- Oh désolée monsieur, plaida Jessica, mais nous sommes tombées sur une queue infernale aux toilettes ! Je vous demande pardon.
La mine que faisait Jessica insupporta Suli qui esquissa une grimace. Elle fut encore plus agacée lorsque M. Frédéric lâcha :
- Ce n'est rien les filles, mais tâchez de vous y prendre à l'avance la prochaine fois pour que vous n'arriviez plus en retard. Allez donc vous installer maintenant, nous allons procéder à une présentation.
Il marqua une pause puis reprit :
- Cela fait déjà quelques semaines que vous êtes au lycée mais je veux que vous vous présentiez de façon audible, et que vous exprimiez vos projets futurs, si vous en avez.
Jessica passa à côté de Suli et lui fit un signe comme quoi elles allaient avoir une discussion après, en n'oubliant pas d'ajouter son petit sourire de peste. Elle avait un sourire abominablement parfait en plus de ses dents incroyablement blanches et droites.
Pourquoi ce sont toujours les plus belles qui ont un caractère détestable !
Mais pour l'heure, Suli détestait parler devant les personnes, encore plus devant sa classe qu'elle n'appréciait pas du tout. D'autant plus qu'elle n'avait aucun projet d'avenir pour le moment.
Les personnes se levèrent, chacune leur tour, elles parlèrent avec tellement de facilité que Suli commença à remuer sur sa chaise, tentée de demander au prof d'aller aux toilettes. C'était au tour de Finn, il se leva et se présenta.
Suli observa la salle, comme pour voir comment les gens de la classe regardaient Finn, et elle fut surprise de voir Sophie le regarder avec un sourire tendre, les yeux remplis de douceur et de compassion.
Elle était très petite, ses yeux marrons et ses cheveux blonds n'avaient rien d'incroyable mais c'étaient toutes ses petites tâches de rousseurs qui faisaient tout son charme. Elle était mignonne pour sûr. Elle avait l'air gentille aussi, pas aussi infâme qu'était Jessica ou son acolyte Julie.
Quand Finn eut fini, c'était au tour de Suli, alors elle se leva en entendant Finn dire que ça allait bien se passer. Lorsqu'elle eut dit un seul mot déjà, Jessica commença à rigoler de son petit rire moqueur. Elle murmura quelque chose à l'oreilles de ses acolytes et toutes les trois commencèrent à rire de plus belle.
- Quelque chose vous fait rire, mesdemoiselles ? lança le professeur.
Jessica se calma et dit d'une voix calme et assurée :
- Pardon monsieur mais voyez-vous, je n'entendais pas Suli et celle-ci baissait la tête, j'ai tout simplement fait remarquer que l'on dirait un animal auquel on a enlevé sa nourriture.
Le trio recommença à rire, cette fois-ci accompagné de quelques rires supplémentaires.
- Il suffit ! s'écria M. Frédéric, je ne tolère pas de telle moquerie ou comparaison de la sorte. Alors je vous prie de vous ressaisir sur le champ ou ce sera dans le bureau du proviseur que vous finirez la matinée. Ai-je été bien clair ?
Les ricanements cessèrent et les élèves acquiescèrent. Jessica se tourna alors vers Suli et la regarda d'un regard noir.
- Voulez-vous bien recommencer, mademoiselle ? demanda M. Frédéric. Mais cette fois-ci levez la tête et haussez le ton, je vous prie.
Alors Suli s'exécuta tant bien que mal et se présenta, sous les regards perçants de ses camarades.

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M.A

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