Chapitre 7

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En distinguant l'immeuble où se trouvait son appartement, Suli se rappela qu'elle ne devait plus dire un mot à ses parents par faute de lui cacher la vérité. Elle n'aimait pas le fait de ne plus leur adresser la parole mais d'un côté elle était bien déterminée à découvrir ce qu'ils lui cachaient, alors si ne plus leur parler était la solution elle le ferait aussi longtemps que nécessaire.
Une fois la porte d'entrée passée, elle trouva l'appartement bien calme. Sa mère et sa grand-mère n'étaient visiblement pas là, elle appela son grand-père. Elle n'aura pas tenu longtemps mais tant pis, elle voulait savoir :
- Où sont grand-mère et maman ? lui demanda-t-elle.
- Sorties, répondit simplement son grand-père.
Rien d'anormal après tout, mais la curiosité en voulait plus :
- Et tu saurais où ?
- Non, aucune idée, elles ne me l'ont pas dit.
Voilà qui ne l'avançait pas plus, juste à rompre son objectif. Pourquoi fallait-il qu'elle soit si incapable de ne plus parler à ses ascendants, elle y arrivait bien avec les autres. Mais voilà qu'une chose l'interpella ; son grand-père semblait perdu, ses yeux étaient vides de pensées et d'émotions.
- Est-ce que tout va bien grand-père ? s'inquiéta Suli.
Son grand-père ne répondit pas, il semblerait qu'il soit loin. Il resta là, debout, son regard perdu elle ne sait où. Elle se rapprocha et le prit dans ses bras, elle l'emmena sur un fauteuil et lui intima de ne plus bouger, pour son bien. Qui sait ce qu'il pourrait lui arriver dans un état similaire à la somnolence.
Suli descendit de quoi écrire et dessiner, elle ne voulait pas laisser son grand-père seul. Elle attendit plusieurs minutes mais le soleil était déjà bien couché et la nuit se montra. Sa mère et sa grand-mère rentrèrent. Elle ne bougea pas, et essaya de tenir sa promesse qu'elle s'était faite à elle-même, malgré qu'elle veuille tout savoir.
Elle entendit des bribes de conversation entre ses deux maternelles : « conseil », « océan », « porte », « secret ». Rien de tout cela n'avait le moindre sens. Suli ne prononça aucun mot, aussi sa mère prit la parole :
- Bonsoir ma chérie, ta grand-mère et moi sommes allées faire un tour dehors, prendre les premiers airs frais de l'hiver. J'espère que tu es bien rentrée, que fais ton grand-père à côté de toi ?
Suli ne répondit rien, elle baissa les yeux sur son dessin et le continua comme si de rien n'était. Elle ne distinguait pas l'expression de ses maternelles. Sa grand-mère s'avança et s'agenouilla auprès de Suli.
- Est-ce que tout va bien mon enfant ? demanda-t-elle.
Sa petite fille perçu l'inquiétude dans sa voix et hocha la tête, après tout elle s'était dit de ne plus adresser un mot, c'est tout. Sallie se redressa et recula, elle entraîna sa fille avec elle et toutes disparurent dans la cuisine. Un sentiment de colère se déclencha dans Suli et inintentionnellement elle déchira son dessin. Elle regarda son grand-père et vit que celui-ci reprenait des couleurs, comme s'il était réanimé. Elle le laissa donc et monta dans sa chambre en courant, ferma sa porte à clé et resta enfermée toute la soirée. Suli ne dîna pas ce soir-là, malgré l'acharnement de sa mère à la faire sortir de sa chambre. Elle prit malgré tout une portion de pain avec du beurre, n'ayant pas mangé à midi, elle voulait quand même avoir quelque chose dans l'estomac.

La semaine passa, Suli essayait de tenir sa parole et ne décocha presque pas un regard à ses parents. Elle avait du mal à suivre les cours avec ces vérités cachées, les regards incessants de Jessica et Finn, avec qui elle n'avait pas envie de reparler de leur conversation au parc. Même si visiblement, cela n'empêcherait pas la reine des pestes à tenir sa menace.
Inola, la mère de Suli, commencerait son travail en tant que serveuse dès la semaine prochaine. M. Ravenga avait tout aménagé afin qu'elle se sente à l'aise et disposée à faire son travail correctement. Suli avait de l'espoir dans ce nouveau travail de sa mère, peut-être que leur situation allait s'arranger, mais même si c'était le cas, Jessica ruinerait sa vie par derrière, c'était une certitude.
- Je te trouve bien pâle, pour changer, intervint Finn.
Il accompagna sa remarque par un demi-sourire et un regard d'inquiétude, du moins c'est ce que Suli croyait. Ils se dirigeaient aux casiers afin de prendre leurs affaires de sport, du volley-ball pour le plus grand plaisir de Suli.
- Je n'ai pas très bien dormi, répondit-elle.
Il la regarda de nouveau et la fit s'arrêter. Elle voulut se détacher mais il avait une de ces forces, elle en fut étonnée.
- Turner, tu es mon amie et je n'aime pas te voir comme ça, alors tu vas me dire ce qui se passe pour te soulager.
Elle en mourrait d'envie désormais, tout lui raconter, ses secrets, ses craintes, ses doutes et ses pensées, mais ce serait enfreindre ses deux règles fondamentales. Elle ne pouvait pas s'y risquer, pas au premier en qui elle avait pleinement confiance, ça ne se passait pas comme ça.
- Mon grand-père est malade, dit-elle, mais rien de grave ne t'inquiète pas, un petit rhume de passage rien de plus.
Ce n'était pas tellement faux non plus. Il l'inspecta encore une fois et Suli plongea ses yeux dans les siens, puis il la lâcha. Elle se dirigea vers son casier et reprit son souffle, quelle poigne !
- Tu sais, dit Finn, je ne sais pas comment tu vas t'en sortir si tu ne confies pas un peu de tes secrets à quelqu'un qui est là pour toi quelques soient les situations. Je dis ça pour toi, un jour tu seras écrasée par tes propres secrets, Suli Turner.

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