D’après sa page Wikipédia, Sophie Montecina est née en Normandie, et, après des études brillantes à Paris, elle a peu à peu gravi les échelons. Elle dirige depuis une bonne quinzaine d’années l’une des plus importantes boites de relations presses indépendantes de la Capitale. Blonde, 46 ans, carré court et lunettes de vue à monture papillon, elle mène son petit monde d’une main de fer.
Ses journées se déroulent toujours de la même façon - je le tiens d’une source sûre dont je tairai le nom : arrivée à 10 heures à son bureau, situé à deux pas du square des Batignolles, elle met son planning à jour et se fait apporter un café allongé et un macaron au chocolat, acheté le matin même par l’une de ses assistantes chez Lapurée. Puis elle passe ses coups de fil les plus urgents, avant d’aller déjeuner avec ses plus gros clients.
La plupart du temps, elle les retrouve à une bonne table de la place de la Madeleine. Elle se contente de peu de choses selon ma source, d’où sa silhouette impeccable : quelques huîtres ou une brouillade à la truffe suffisent à la rassasier pour la journée. L’après-midi ou le soir, elle se rend bien sûr aux fêtes qu’elle organise pour le tout-Paris, aidée en cela par ses six assistantes - dévouées corps et âme à cette femme de poigne, qui les paye bien et leur offre une expérience professionnelle unique
Ma source tient clairement à garder son poste.
Aux alentours de 13 heures aujourd’hui, la plus hardie de ses six assistantes a osé interrompre sa patronne en plein déjeuner.
Voilà le tableau :
La sonnerie du portable de Sophie Montecina résonne dans la salle feutrée du restaurant gastronomique. L’impeccable quadra qui enfourne l’une de ses chères huîtres avec la plus grande délectation, s’essuie consciencieusement les mains et décroche « Sophie, euh, bonjour, excusez-moi, euh, Sophie ? Je vous dérange ? Je suis vraiment désolée…C’est Marlène ».
« Marlène, mais qu’est-ce qu’il vous prend ? Vous savez que je déjeune avec le directeur marketing de Zarni ce midi ! Allons, ma fille, faites vite, vous êtes dans votre jour de chance, il vient de s’absenter une minute et je suis de bonne humeur. »
« Je suis tellement désolée, Sophie », miaule Marlène « mais j’ai pensé que je devais vous appeler. Il faudrait ajouter une personne sur la liste de la soirée d’après-demain…mais j’ai besoin de votre accord, car elle n’est pas célèbre et puis, je ne sais pas si ce n’est pas trop tard pour ajouter quelqu’un sur la liste des invités…Mais croyez-moi… elle va faire un carton d’ici très peu de temps, c’est sûr»
« Eh bien ? J’écoute, continuez, je n’ai pas que ça à faire ! »
« Eh bien, il s’agit d’une jeune blogueuse, inconnue, certes, au bataillon, mais qui fait l’objet d’un buzz énorme depuis ce matin. Elle a été photographiée par Ray Terence. Vous savez, c’est le photographe du site The Existentialist. Cet Anglais dont tout le monde parle…Il a eu un article dans Blasphème… »
« Je sais qui est Ray Terence, Marlene, merci » coupe Sophie « Eh bien, si vous pensez que cela peut apporter un peu de...comment dites-vous ?... buzz... à notre event, faites donc…Ah, bien sûr, vous penserez à lui donner un gift bag moins rempli que les autres. De toutes façons nous n’aurons pas assez de cadeaux pour tout le monde... cette soirée a un succès fou. D’ailleurs, vous penserez bien à prendre les adresses de toutes les personnes qui partiront sans leurs cadeaux, ous les enverrons chez elles dans les plus brefs délais. Marlène, mes huitres ne peuvent pas attendre plus longtemps, je vous laisse».
Je dois donc une fière chandelle, à Marlène, qui m’a rapportée cette conversation téléphonique quelques heures après. Marlène, je l’ai rencontrée lors de l’un des nombreux évènements qu’elle a organisés, l’année dernière, il me semble, et comme toute bonne attachée de presse, elle a gardé mes coordonnées et s’est souvenue de moi au moment le plus opportun….c’est à dire aujourd’hui !
Je viens juste de raccrocher avec elle et …grande nouvelle : après-demain, je suis invitée à la soirée Chlor, autrement dit la plus grande soirée de l’année !
Au programme : arrêter d’urgence les Oréos et commencer une cure minceur express aux choux (LE remède miracle tant vanté par ma mère, qui en fait deux cures par an) pour entrer dans la petite robe noire en dentelle stretch que je compte mettre et que je n’arrive plus à enfiler depuis au moins un an. Les girls, que je rentre dans ma LBD ou pas, je vous promets plein de photos de cette soirée de diiiinnnguuue !
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Confessions d'une serial blogueuse
ChickLitMa vie, de fashion zéro à fashion héros (fiction)