Captive {Loki}

Chapitre 14

Erika

Le froid avait pris sa place sur Alfheim, et Erika était bien heureuse que Daerel passe plusieurs fois par jour entretenir le feu des appartements du Seigneur ou elle serait morte congelée.

— Dis-moi, Daerel, commença-t-elle tandis qu'il lui déposait son déjeuner. Depuis combien de jours suis-je enfermée ?

— Vingt-sept jours, répondit-il après un calcul mental rapide.

Erika soupira. Son corps était encore douloureux comme au premier jour de sa captivité. Elle n'était même plus sûre d'être capable de marcher. Elle avait beau bouger autant qu'elle le pouvait, s'étirer... Elle sentait bien que son corps souffrait de cette inactivité. A l'occasion, elle devrait demander au Seigneur de pouvoir sortir, si possible régulièrement. Elle s'était tenue à carreau ces derniers temps. Elle lui répondait quand il se sentait d'humeur à converser, elle le laissait tranquille quand il revenait énervé... Elle répondait à ses questions sans trop d'anicroche. Peut-être qu'il accepterait sa demande sans en exiger trop en échange.

— Veux-tu bien faire quelque chose pour moi ?

Il la regarda, incertain.

— Je ne peux rien faire qui ailles contre la volonté de mon maître, prévint-il.

— Ça n'est pas le cas. Peux-tu demander à ton maître ce qu'il me couterait de pouvoir marcher un peu. Si possible régulièrement. Mon corps supporte difficilement sa condition sédentaire.

Il hocha la tête avec un sourire, affirmant qu'il devait le retrouver lorsqu'il en aurait terminé avec elle.

Erika repensa à ses amis et sa famille, avec qui elle correspondait normalement par lettres et qui devaient s'inquiéter de son silence prolongé. Ils lui manquaient terriblement. Elle aurait aimé leur donner de ses nouvelles, leur expliquer qu'elle allait bien. Relativement bien. Le Seigneur ne s'était pas opposé fermement à l'idée qu'elle puisse voir ses amis, mais elle craignait le paiement qu'il exigerait en échange. Aussi, elle n'en avait pas parlé.

Elle mangea rapidement son repas et tendit son bol au serviteur, qui la débarrassa avant de quitter la pièce. Avec cette requête, au moins, elle pouvait tâter un peu le terrain. Il ne l'autoriserait probablement pas à sortir de la chambre – elle était volontairement restée floue sur ce point – mais au moins, elle pourrait se dégourdir les membres beaucoup plus facilement. Avec beaucoup de chance, il lui retirerait même ses chaines le temps de la balade.

Lorsque la porte s'ouvrit une heure plus tard, elle ne s'attendait pas à voir entrer le Seigneur en personne. Il posa son regard directement sur elle en entrant, lui informant que c'était pour elle qu'il était revenu. Pour lui répondre en personne. Il aimait jouer avec elle, s'amusant de ses réactions (et surtout à la provoquer).

L'asgardien s'approcha et s'agenouilla devant elle. Il avait une clé en main, qu'il utilisa pour la détacher.

— La première heure est gratuite, informa-t-il avec un sourire dont il avait le secret.

Erika massa ses poignets, chevilles et son cou, enfin libérés. Quelques jours après son arrivée, Daerel les avait desserrés et ils ne la blessaient plus comme au début, mais ça n'en était pas agréable pour autant.

— Merci, lâcha-t-elle à contre cœur.

Elle n'aimait pas être gentille avec lui, mais c'était le meilleur moyen pour obtenir ce qu'elle voulait. Il tendit une main dans sa direction, qu'elle ignora royalement. Elle préféra prendre appui sur le poteau sur lequel étaient attachées ses chaines et tenta de se lever. Ses jambes, trop faibles pour la soutenir, ne lui permirent même pas de se mettre debout. Ses articulations, et principalement ses genoux, lui firent mal et elle grimaça en se laissant retomber sur sa couverture. Elle tremblait, un peu de froid mais surtout parce qu'elle était faible, et elle serra les dents.