Erika
Bredouilles après plusieurs jours de recherches intensives, les gardes étaient de plus en plus nerveux. Ils se lâchaient davantage sur leurs esclaves, persuadés que c'était l'œuvre d'un d'entre eux. Erika fulminait : c'était encore pire qu'avant. Ce qu'elle avait fait n'avait servi à rien. Et en plus de cela, elle était en froid avec Aeris. Enfin... il serait plus juste de dire qu'elle l'évitait. Elle n'avait pas recroisé Twaïn non plus, travaillant à l'opposé de la ville.
Malgré tout, elle ne regrettait pas son choix. L'intendant avait mérité de mourir, et elle espérait que sa remplaçante, qui venait tout juste d'être nommée, n'aurait pas les mêmes travers que son prédécesseur.
Erika peignait un mur lorsque le chef de chantier l'interrompit.
— Erika ! aboya-t-il.
Elle se tourna vers lui, et face à son visage colérique, un vent de panique la traversa. Savait-il ? Non, impossible. Si ça avait été le cas, il ne serait pas venu seul.
— T'es dispensée d'boulot, aujourd'hui. Semblerait que t'as tapé dans l'œil d'un cul doré.
Erika fronça les sourcils et le suivi sans un mot. Elle travaillait depuis des années comme peintre sur les chantiers, et son travail était souvent apprécié pour sa qualité et son originalité. Peut-être qu'un asgardien voulait qu'elle s'occupe d'un de ses murs ? Ou sur une toile, bien qu'elle ne l'eût jamais fait ?
Il la guida à travers les travaux, s'arrêtant de temps en temps pour hurler sur les ouvriers, avant de reprendre sa route comme si de rien n'était. Ils quittèrent le chantier pour s'engouffrer dans les rues asgardiennes de la ville, aux maisons toutes plus splendides les unes que les autres. Erika mourrait d'envie de demander qui elle allait voir, et pourquoi il s'intéressait à elle, mais elle garda le silence. Le chef de chantier n'était pas connu pour faire gentiment la conversation. Il s'arrêta finalement devant un bâtiment à la devanture blanchâtre, probablement un des premiers construits à l'arrivée des colonisateurs et qui aurait bien besoin d'un rafraichissement. L'elfe frappa à la porte, et fit demi-tour, ordonnant à Erika de se comporter correctement.
Il était déjà loin lorsque la porte s'ouvrit sur un asgardien qu'Erika n'avait jamais vu. Il la détailla de haut en bas en plissant les yeux et un sourire étira la commissure de ses lèvres. Il s'effaça de l'entrée pour inviter Erika à entrer.
— Je m'appelle Kormak, se présenta-t-il.
Erika, qui le suivait de près, fronça les sourcils. Il ne s'attendait quand même pas à ce qu'elle l'appelle par son prénom ? Un peu perdue, elle l'imita :
— Erika.
— Je sais, informa-t-il d'un ton énigmatique. Hedmind t'a-t-il dit pourquoi tu étais là ?
Erika secoua la tête.
— J'ai supposé que vous vouliez refaire votre devanture.
Il rit grassement, comme si c'était une idée absurde. Erika fit la moue, vexée par sa réaction. Lorsqu'il s'en rendit compte, il leva la main vers sa mâchoire qu'il agrippa entre ses doigts pour la forcer à le regarder dans les yeux.
— C'est autre chose que j'attends de toi.
Son ton la fit frissonner. Tel un prédateur, il la saisit par le bras pour la pousser sur le canapé.
— Vois-tu, je passais par le chantier l'autre jour, expliqua-t-il en s'avançant pas à pas vers elle. Mon regard a immédiatement été attiré par l'œuvre sur laquelle tu travaillais, avant de dériver sur son auteure. Bien plus captivante.
En parlant, ses yeux la parcouraient avec une faim qui n'avait rien de rassurant pour la jeune femme. Elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait désormais. Bien que ce fût illégal, beaucoup d'elfes s'étaient retrouvés attirés contre leur volonté dans les lits d'asgardiens un peu trop gourmands. En travaillant sur le chantier, Erika était souvent habillée de guenilles et recouverte de peinture ou de poussière. Ça avait jusqu'à lors suffi à repousser toute personne qui aurait posé les yeux sur elle.
Elle se savait dans la pire des positions. Techniquement, il n'avait pas le droit de la forcer à coucher avec lui, mais elle n'avait pas non plus le droit de se défendre. Sa punition pour avoir blessé un asgardien serait bien plus grande que celle qu'il subirait en la violant. Tentant de garder son sang-froid, elle jeta un regard alentour, cherchant la moindre échappatoire. La voyant commencer à paniquer, il rit de nouveau.
— Si tu te laisses faire, ça ne fera pas mal.
Erika n'y croyait pas une seconde. Elle connaissait des dizaines d'elfes qui s'étaient fait violer, et ils s'accordaient tous pour dire que c'était la pire chose qui leur était arrivée. Les marques de coups, la honte, ce sentiment de perte de contrôle... Erika avait tant consolé ses congénères qu'elle avait presque l'impression de l'avoir vécu elle-même. Et le peu qui s'était plaint auprès de la garde avait vu leur demande se faire rejeter par manque de preuve.
Quoi qu'il en soit, elle devait s'enfuir, et vite. L'homme fit un nouveau pas, et alors qu'elle voulut s'enfuir, il lui attrapa le coude et passa son bras autour de sa gorge pour l'immobiliser. Le dos collé à son torse, elle pouvait parfaitement sentir son excitation, et rien au monde n'aurait pu la dégouter davantage. Elle s'extirpa habilement de sa prise et se précipita derrière le canapé, un peu plus rassurée à l'idée d'avoir un obstacle entre lui et elle.
— Si vous me touchez, je jure que la ville entière en entendra parler.
Il pouffa.
— Bonne chance pour le prouver.
— Le chef de chantier...
— J'ai payé Hedmind pour qu'il t'amène à moi, et qu'il garde le silence. Un mot de ma part et tu seras accusée d'avoir quitté le chantier.
Des images d'Aeris se faisant fouetter traversèrent l'esprit d'Erika. Elle avait envie de vomir.
L'asgardien enjamba le canapé, et elle prit la fuite dans la maison. Elle tenta plusieurs portes et plusieurs fenêtres, mais tout était fermé à double tour. Un cliquetis métallique lui fit tourner la tête : l'homme agitait des clés avec un sourire suffisant.
— Sois gentille et je te laisse sortir rapidement.
Il réussit à la coincer dans un coin et l'attrapa par la mâchoire. Il voulut poser ses lèvres sur les siennes mais elle ne put s'empêcher de se défendre. Elle envoya son poing dans sa figure avant d'enchainer avec un coup de pied dans son abdomen. Elle profita de son déséquilibre pour s'enfuir à nouveau, mais il lui saisit le bras lorsqu'elle le dépassa et la frappa au visage.
Les asgardiens étaient plus forts que les elfes, et ce coup lui fit tourner la tête quelques secondes. Il fut suivi par un second dans le ventre. Œil pour œil...
— J'ai dit : sois gentille, s'énerva-t-il.
Il enchaina avec un dernier coup qui la fit tomber au sol, suffoquant. Il se pencha au-dessus d'elle la forçant à s'allonger, mais c'était mal la connaitre que de penser qu'elle se laisserait un jour faire gentiment. Elle abattit son poing sur sa mâchoire, avant de le repousser de toutes ses forces de ses deux pieds pour le projeter en arrière. Son crâne heurta le coin du comptoir et il tomba au sol, une flaque de sang se répandant déjà.
Erika jura. Il ne mourrait probablement pas, les asgardiens étaient particulièrement résistants, mais elle l'avait définitivement blessé. Elle récupéra les clés dans sa poche et quitta précipitamment la demeure. Elle courut jusqu'à la rivière, où elle déterra le couteau pour le coller contre sa poitrine. Pendant un temps qu'elle était incapable de quantifier, elle attendit. Elle s'attendait à le voir arriver, lui ou la garde. Ils viendraient, elle le savait.
Erika tremblait de tous ses membres. Elle était morte. Des larmes coulèrent sur ses joues. Ce n'étaient pas des larmes de tristesse, mais de rage. Elle les détestait tant ! Tous des monstres !
À commencer par leur maitre à tous, le Seigneur Loki. Tout était de sa faute. Et quitte à être condamnée à mort, Erika comprit que c'était le meilleur moment pour l'entrainer dans sa chute. Elle n'avait plus rien à perdre.
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Captive {Loki}
FanficUne décennie plus tôt, Loki et quatre autres Asgardiens ont colonisé une planète pour ses ressources uniques, se proclamant Seigneurs et faisant des habitants leurs esclaves. Erika est une esclave particulièrement habile qui réussit à s'infiltrer da...