Chapitre 8

148 17 1
                                    

Erika

Les forces commençaient à lui revenir tandis que son corps assimilait ce qu'elle venait d'avaler. Elle n'avait jamais vécu d'expérience aussi affreuse que celle qu'il venait de lui faire subir, un instant plus tôt. Elle s'était alors résignée : plutôt se soumettre plutôt que de revivre ça une nouvelle fois. Il ne lui demandait que de se nourrir, après tout.

Erika le suivit du regard, espérant en vain que celui-ci se mettrait à cracher des éclairs et qu'elle pourrait tuer son tortionnaire sur le coup. Bien évidemment, rien ne se passa. Il marcha tranquillement jusqu'au bain que son serviteur venait de lui préparer, une douce odeur fruitée embaumant l'immense pièce. Elle devait avouer que c'était tentant, elle aurait adoré se jeter dans l'eau et profiter d'un moment pour reposer du corps usé par sa vie d'esclave. Si le Seigneur n'avait pas été là, bien sûr.

Celui-ci retira son manteau et le jeta au sol. La surprise empêcha Erika de détourner les yeux. Il comptait vraiment se déshabiller devant elle ? N'avait-il aucune pudeur ? Il déboutonna son haut, se retrouvant rapidement torse nu. Il n'avait pas les épaules larges pour un asgardien, et sa taille était fine. Il était définitivement musclé, mais cela se voyait moins que ses congénères. Il avait la peau plus pâle également. Elle observa les courbes de son dos. Quelques cicatrices déformaient sa peau à quelques endroits.

Très vite, il se retrouva nu comme au premier jour. Il se tourna alors vers Erika constata avec satisfaction qu'elle le regardait. Elle détourna les yeux rapidement, mais c'était trop tard.

— Tu peux regarder, si tu le souhaites.

Sur ces mots, il lui fit face, écartant les bras. Elle leva les yeux au ciel, le faisant rire.

— N'allez pas croire que la vue me plait.

Il ne répondit pas, mais son sourire grandit. Objectivement, et ça faisait mal à Erika de se l'avouer, c'était un bel homme. Mais son attitude, son titre, ses mots... tout chez lui l'horripilait.

Daerel se jeta sur le tas d'habits sales laissés par son maitre pour le mettre dans une caisse, qu'il emporta avec lui hors de la chambre.

— Continue de boire, ordonna le Seigneur en l'observant depuis son bain.

Elle grimaça et porta la gourde à ses lèvres pour en boire une petite gorgée.

Il se lava dans le calme, fredonnant une musique qu'elle ne connaissait pas. Erika se laissa tomber sur le sol, fatiguée. Ce qu'elle pouvait s'ennuyer... Elle ferma les yeux un instant.

Quelque chose de mouillé sur sa joue la ramena à la réalité, se rendant compte qu'elle s'était endormie. Au-dessus d'elle, le Seigneur était accroupi, une serviette autour de la taille. Il lui sourit, ses doigts humides toujours sur sa joue. Elle les balaya, claquant sa main avec un air sévère.

— Je vérifiais juste que tu n'étais pas morte.

— Je vais bien.

— Tu ne vois pas ce que je vois, ma belle.

Il désignait son corps tout entier. Elle baissa les yeux sur ses vêtements tachés de terre et de sang. Elle avait l'air plus maigre aussi, ce qui n'était pas bon signe, même pour un elfe.

— Ne m'appelez pas comme ça, gronda-t-elle.

Elle attrapa le bol de soupe et en avala une nouvelle lampée avant de grimacer.

— La nourriture de madame n'est pas à son goût ? se moqua le Seigneur, tout de même satisfait de la voir se sustenter d'elle-même.

— C'est froid, répondit-elle.

— Si tu avais mangé à l'heure, ça aurait été à bonne température.

Elle rétorqua à l'aide d'une grimace ironique qui le fit rire de bon cœur. Il glissa ses doigts dans les cheveux de l'elfe d'un geste beaucoup trop personnel à son goût, et elle s'écarta vivement, faisant résonner ses chaines. Il baissa les yeux vers elle avait de passer ses doigts dessus.

— Si tu es sage, peut-être que je te les enlèverai.

Elle pouffa, n'y croyant pas une seconde.

— Je suis sérieux.

Ils se jaugèrent du regard quelques secondes.

— J'ai tenté de vous assassiner. Pourquoi ne pas m'avoir fait exécuter ?

Il sourit distraitement.

— Qui sait ? Si tu me donnes ton nom, je te le dirais peut-être.

— Rien n'est gratuit avec vous, déplora-t-elle.

— Je te l'ai dit, tout à un prix dans la vie.

C'est donc ainsi qu'il voulait jouer avec elle. Marchander. Ça aurait pu être bien pire, elle devait l'avouer. Elle resta silencieuse, et il haussa les épaules en se relevant.

Quelques minutes plus tard, Daerel refit son apparition.

— Demain, je veux que tu laves notre invitée, lui ordonna-t-il, faisant rougir son serviteur.

— Même pas en rêve ! s'époumona la concernée.

— Ne t'en fais pas, ma belle, tu n'es pas son genre.

Il lui envoya un clin d'œil entendu. Elle reporta son regard sur le serviteur, gêné de voir sa sexualité ainsi exposée.

— Arrêtez de m'appeler comme ça.

— Tu en es sûre ? Ça risque de te couter cher...

Elle leva les yeux au ciel, agacée.

— Partons sur quelque chose de plus abordable. Si tu ne me réveilles pas cette nuit, tu auras le droit à une couverture et un oreiller.

C'était tentant, très tentant. Elle avait le corps courbaturé à force de rester sur le sol constamment, et il faisait froid la nuit. Elle ne lui donnerait pas cependant la satisfaction d'accepter verbalement et détourna la tête sans un mot.

Il sembla satisfait. Il dénoua la serviette qui dissimulait jusqu'à lors son intimité et la lança en direction de son serviteur qui l'attrapa en vol. Il bailla bruyamment en s'étirant, et cela demanda toute la volonté de l'elfe pour détourner le regard. Elle n'avait jamais vu d'asgardien nu, et il y avait quelque chose de captivant chez lui. Quelque chose qu'elle détestait, naturellement.

Le Seigneur glissa sous ses draps. Daerel termina quelques tâches et quitta la pièce. Erika s'étala sur le dos, retenant un soupir agacé. Non seulement elle devait passer une nouvelle nuit ici, mais en plus, elle devait faire attention à ne pas faire de bruit, ce qui était particulièrement compliqué lorsqu'on était retenu par des chaines en métal. Chaque mouvement les faisait cliqueter entre elles ou les gliisait sur le sol, générant un bruit bien insupportable qui lui couterait probablement l'oreiller et la couverture qu'il lui avait promis.

— Bonne nuit, ma belle.

Elle lâcha un soupir agacé, le faisant rire.

Captive {Loki}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant