La Prophétie de la Lune d'Or et de la Lune d'Argent (𝑪𝒉𝒂𝒏𝑳𝒊𝒙)

Chapitre 6

Après la nuit passée dans les bras de Chan, le Prince parlait plus avec le reste du groupe que d'ordinaire. Malgré l'escarmouche, il retrouva le sourire aux bons mots de Jisung et aux batailles verbales entre Seungmin et Minho. Seul le Loup semblait ne pas avoir la tête aux conversations. Ignorant comment Minho pouvait être aussi impassible après avoir évoquer le fait que Félix puisse être l'Ange, il abandonna l'idée même d'en parler à qui que ce soit d'autre dans leur compagnie. Pour le moment, ils devaient rejoindre Miroh.

Ils reprirent le voyage en formant deux petits groupes séparés d'une dizaine de mètres les uns des autres. Le Prince ouvrait la marche avec Jisung et Minho, pendant que Chan fermait la marche accompagné par Seungmin et Hyunjin. La cité se faisait de plus en plus visible au travers de la brume matinale, le ciel était encore gris ce matin là. Pourtant, la forêt des Bois Jaunes illuminait le pourtour de la ville. Même sans soleil, il était facile de deviner que les feuillages n'étaient pas les seuls à être jaunis : l'écorce des arbres l'était tout autant. Étonné, Chan n'eut pas l'occasion de poser de question que Seungmin répondait déjà.

« On dit que les arbres ici se gorgent des métaux du sol. C'est impossible de les couper avec des haches : ils sont plus solides que la meilleure des armes. C'est un Esprit de la Nature qui les a ensorcelé pour éviter aux Hommes de les couper. »

Le Loup retint à peine un rire. À croire que le Voyant se voulait être l'érudit lorsque Félix n'était pas là pour lui couper l'herbe sous le pied.

« Un Esprit de la Nature ? Ce ne sont que des légendes. » répondit Chan en jetant un coup d'œil amusé à ses compagnons de route. Ceux ci échangèrent un regard, rendant ainsi l'Homme Bête perplexe. « Quoi ? »

« Les Esprits de la Nature ont vraiment existé tu sais. » continua Seungmin soudain sérieux « J'en parlais à Hyunjin lorsque nous étions dans la forêt de Chronosaurus, j'ai été surpris de ne pas en voir au moins un là bas. »

Ce fut difficile pour Chan de ne pas dire que ce n'était que de vagues contes pour les enfants. Après tout, il était mal placé pour dire quoi que ce soit : son peuple était croyant et il suivait son destin à cause d'une Prophétie prédite des années auparavant. Ils tombèrent de nouveau dans le silence et ce jusqu'à arriver aux abords de Miroh.

La cité n'avait pas de muraille à proprement parlé. Les maisons et autres abris se faisaient de plus en plus nombreux au fil de la route, jusqu'à ce que les bâtiments soient assez agglomérés pour devoir faire serpenter des chemins autour. Aucun barrage de soldats ne les arrêta à l'entrée de la ville et ils purent enfin mettre pied à terre dans la ville de Miroh.

Les rues étaient en terre battue, dégagées et plutôt larges. Contrairement à la cité du Labyrinthe, plutôt malfamée, des petits nobliaux marchaient sans se cacher dans la rue au côté de marchands ou de vendeur à la criée. Le bruit incessant des conversations faisait pulser la foule autour de la compagnie, ce qui la força à s'aventurer plus loin dans la ville pour se mêler plus facilement à la population. Ils avancèrent prudemment, en tenant leurs destriers par les rênes et en baissant la tête dès qu'un casque royal se faisait voir. La foule était si dense qu'ils passaient inaperçu dans leurs capes de voyage. Pourtant, la tension ne quitta pas une seule seconde le Loup. Les narines dilatées et l'œil vif, il observait la moindre silhouette suspecte, prêt à donner l'alerte pour déguerpir. Plus ils faisaient leur chemin vers la bibliothèque, plus il était nerveux.

« Chan, tout va bien. »

La voix de Jisung le sortit à peine de ses pensées. Il tourna la tête vers le Sensitif qui avait posé sa main doucement sur son épaule. Son pouvoir affluait en lui doucement, relaxant ses sens et ses pulsions, laissant place à une vigilance plus tranquille. Chan déglutit : parfois il oubliait jusqu'à quel point le garçon pouvait être puissant.