Nos vies décolorées || Naruto

𝙷𝚞𝚒𝚝

Bonne lecture !

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Un jour, pendant les vacances, Naruto passe à côté du lac.

Il y en a plusieurs à Konoha, de différentes tailles, mais celui près du portail du clan Uchiha est immense et son eau est plus bleue que le ciel, tout le monde le sait. Certains s'y baignent, de l'autre côté ; la rive opposée possède même une petite plage.

En été, les enfants jouent là, parfois. Ils vont au parc, également, ou bien aident leurs parents dans leurs activités (il y a des classes d'été, aussi, avec différents thèmes. Des entraînements, ou bien du sport ou du dessin). De ce côté-ci, il n'y a presque personne, le ponton est vide, souvent.

Naruto est passé là quatre fois depuis la fin des cours.

(La rentrée se rapproche, de plus en plus ; la peur et l'impatience reviennent, plus fort.)

Il n'a jamais vu personne.

Mais aujourd'hui il y a Sasuke.

Naruto ne voit que son dos : des épaules étroites, des bras tout pales, et un t-shirt sombre mlagré la chaleur. Ses pieds frôlent l'eau, et il n'a même pas enlevé ses sandales pour essayer de les tremper un peu. Il se tient droit, pas avachi comme Naruto le serait à sa place, face à l'eau.

Short, t-shirt, exactement les mêmes tenues qu'à l'école. Il n'a pas tant grandi que ça, ou en tout cas ça ne se voit pas. Ses cheveux ont poussé, par contre.

Naruto ne remarque qu'il s'est arrêté au milieu du chemin qu'au moment où une bicyclette le dépasse en s'écartant de sa trajectoire et en lui disant :

— Reste pas planté là, gamin !

Il se pousse, fait deux pas sur le côté (l'herbe chatouille ses orteils, le soleil chauffe ses joues). Quand son regard veut à nouveau se poser sur la figure un peu lointaine de Sasuke, ce n'est pas sur des cheveux bruns qu'il tombe.

Des yeux noirs.

La bouche de Naruto s'entrouvre, et il soutient le contact pendant deux ou trois secondes.

Avant de lentement s'empourprer, quand il finit enfin par se demander ce qu'il est en train de faire. Sa tête se tourne, ses mains trouvent ses poches, et il reprend sa route d'un pas un peu plus rapide. La honte lui donne encore plus chaud et il n'a aucune envie que Sasuke pense qu'il l'espionnait ou quelque chose comme ça.

Il fait une dizaine de pas.

— Hé.

Puis s'arrête. Doucement, il se retourne et hausse les sourcils en s'apercevant que Sasuke n'est plus assis sur le ponton. Il s'est levé, a remonté la pente herbeuse et s'est arrêté à l'exacte endroit où Naruto se trouvait quelques secondes plus tôt.

Il le fixe, les lèvres serrées.

Puis ne dit rien.

— Quoi ?

Naruto attend, car son ton était peut-être un peu sec (il fait ça souvent, en ce moment. Avant, il appréciait quand les quelques personnes (adultes) qui lui parlaient disaient qu'il était poli. Ça fait longtemps que personne ne lui dit plus ça. Et ça fait quelques mois qu'il commence à s'en ficher complètement, de la manière dont il s'adresse aux autres.)

Mais Sasuke ne dit rien, à nouveau.

Ses propres sourcils se froncent, il observe Naruto sans colère, ce qui est étonnant. Il le regarde, bouge légèrement le pied comme pour faire un pas en avant, mais change d'avis. Il ouvre la bouche, un peu, puis la referme.

Son poing se serre.

Sasuke Uchiha finit par détourner le regard.

— Rien.

Il hausse les épaules, puis tourne les talons.

Naruto le laisse partir, surveillant tout de même l'arrière de son t-shirt jusqu'à ce qu'il soit réellement hors d'atteinte.

Cette fois, il n'est pas certain d'avoir bien compris.

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