Nos vies décolorées || Naruto

𝚂𝚎𝚙𝚝

Bonne lecture !

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Quand il s'assoit sur son siège habituel (qu'il n'a plus vraiment besoin d'escalader) Naruto inspire profondément et sent son estomac gronder.

Les vacances sont longues, et elles n'ont commencé que depuis quelques jours ; il a vu les grilles de l'école se fermer, pour la dernière fois, et d'un coup c'était fini. Sa rentrée à l'Académie est encore dans un bon moment, et en attendant il ne sait vraiment pas quoi faire.

Le Hokage l'a croisé au parc. Lui a parlé. Naruto n'était pas d'humeur (il l'a même traité de vieux, ce qui est vrai). Il se promène, sort dans Konoha la journée, et fixe le plafond le soir. Certains jours il reste dans son lit. D'autres il essaye de s'entraîner, ou bien voit à quel point il peut dessiner sur des murs sans se faire attraper.

La dernière fois il a entendu des gens dire C'est le garçon qui fait tout le temps des bêtises. Un vrai cancre.

Un cancre.

Pas un monstre.

Il est certainement sur la bonne voie.

— Salut Naruto, ça va ?

Aujourd'hui, oui. À peu près : il est sorti, a réussi à sentir son chakra pendant au moins une minute entière, et le magasin où ses courses l'attendent chaque semaine avait reçu des cartes à jouer. Naruto ne sait pas trop quoi en faire, mais c'est une distraction.

L'ennui, c'est sûrement la pire choses ces derniers temps.

— Ça va. J'ai, genre, super faim. Double portion, chef !

Il sourit, et Ishiraku en fait de même avant de se tourner pour commencer à faire cuire les nouilles. Elles tombent immédiatement dans l'eau bouillante, et Naruto observe ça avec habitude.

Ici, l'odeur est toujours réconfortante. Il fait chaud, une chaleur qui provient de la cuisine et qui arrive directement sur son visage. Quand il rentre chez lui, ses vêtements sentent parfois encore le bouillon.

La sensation d'un estomac plein a vraiment du sens quand il vient ici.

— Alors, les vacances ?

— Je m'occupe.

— Tu vois des copains ?

(Non. )

— Un peu.

— Pas trop stressé pour l'Académie ?

(Si.)

— Nan, ça va.

— Ça fait un moment que je t'ai pas entendu parler de devenir Hokage. C'est toujours d'actualité ?

— Bien sûr !

Il se redresse, le menton droit. Cette idée, elle tourne dans sa tête quand il s'allonge dans son lit, quand il marche dans les rues et qu'il entend des murmures, quand la maîtresse parle de son chakra, quand les autres lui disent que ça n'arrivera jamais.

Il n'a pas envie de se dire ça. Il n'a pas envie de se dire que ça n'arrivera jamais. Car quand il y pense vraiment, quand il y réfléchit un peu plus d'une minute, alors son cœur se serre.

Il le dit à voix haute, aux autres. C'est plus facile.

— Oh, au fait. J'ai croisé un de tes camarades, la dernière fois.

— « Croisé » ?

Ishiraku se retourne à demi, tout en agitant les nouilles avec force.

— Enfin, il est venu ici. Y'a une semaine, je crois.

Naruto fronce les sourcils.

— Qui ça ?

— Il est dans ta classe, je crois. Le dernier des Uchiha.

Sa mâchoire se décroche légèrement.

— Quoi ?

— Il avait un bon. Un peu froissé, d'ailleurs.

— Il a mangé ici ?

Naruto n'arrive même pas à penser quelque chose. Dans sa poitrine, quelque chose se passe et il se dit Sasuke était là, Sasuke est venu avec le bon, Ça fait longtemps, Il a l'a gardé, Il est venu ici.

Il cligne des yeux.

— Il a mangé ?

— Justement, il est resté à peine quelques secondes. Il a donné le bon, et c'est tout. Il est reparti.

— Oh.

Il ne sait pas quoi penser. Il aurait pu arriver à la rentrée et demander à Sasuke ce qu'il en avait pensé, mais il ne l'a pas utilisé. Il n'a pas mangé. Il aurait pu le jeter, mais il l'a gardé puis l'a rendu.

Naruto sait qu'il ne lui en parlera sans doute pas.

— Tiens, bon appétit.

Un immense bol est posé devant lui, avec un sourire en prime. Naruto le lui rend, baisse les yeux, attrape des baguettes.

Elles se séparent parfaitement.

— Il a dit quelque chose ?

— Le petit Uchiha ?

Il acquiesce.

— Non, rien.

Il ne demande rien de plus, et se brûle la langue en avalant une bouchée.

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