Nos vies décolorées || Naruto

𝙲𝚒𝚗𝚚

Bonne lecture !

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Quand Sasuke revient, il y a deux sortes d'élèves.

Ceux qui n'osent pas l'approcher. Ils restent à l'autre bout de la classe et lui lancent des regards interloqués et curieux. Ils chuchotent entre eux, hésitent à répondre quand la maîtresse lui pose une question à lui et qu'il n'a pas l'air décidé à répondre. Sasuke était toujours le premier à qui les autres disaient bonjour. À présent, ceux-là hésitent même à hocher la tête sur son passage.

Et puis, il y a ceux qui le collent comme un véritable chewing-gum. Il y a beaucoup de filles et quelques garçons ; ils posent des questions, des questions qui font même grimacer Naruto. Ils lui demandent si tout va bien, s'il a besoin de quelque chose, s'ils peuvent faire un truc pour qu'il se sente mieux. Certains l'interrogent même sur cette nuit-là, et c'est là que Sasuke s'éloigne rapidement.

Un jour, il pousse un élève trop insistant.

Le lendemain, les autres prennent leurs distances et le laissent enfin tranquille.

Sasuke ne rougit plus. Ne sourit plus. Il ne dit plus trop rien, en fait. Quand la maîtresse lui pose des questions, il regarde ailleurs et attend. Le silence qui suit met tout le monde mal à l'aise.

La fin de l'année arrive. C'est quand le temps commence à se réchauffer que Naruto décide de ne pas prendre le même chemin que d'habitude. Il ne s'est pas fait punir, à passé la journée dans le silence ; Shikamaru a dormi à côté de lui, et Naruto a décidé de faire pareil. Personne n'a fait attention à lui.

Il est sorti en même temps que tout le monde.

(Et avait fini par oublier à quel point les regards des mères étaient blessants.)

Il n'a pas fait de bruit, a enfoncé ses mains dans ses poches, et a suivit le chemin qui part de l'école pour longer le grand lac. C'est à cent mètres des grandes portes du clan Uchiha que Sasuke se retourne.

Naruto n'ose même pas croiser son regard.

— C'est quoi ton problème ?

Le lac est clair. Le soleil est vraiment chaud pour la première fois depuis un moment. Il fait en sorte de fixer le ponton au loin, car ses joues se mettent doucement à brûler.

Il a imaginé la scène pendant des jours, avant d'enfin trouver le courage.

Il ne sait pas pourquoi il fait ça.

Il le fait, c'est tout.

— Tu veux quoi ? continu Sasuke.

Sa voix est irritée, un peu trop forte. Il n'a pas encore l'habitude de se sentir tout le temps en colère, et ses muscles sont tendus (Naruto le voit dans le col de son t-shirt). Il le fusille du regard.

Sasuke Uchiha avait tout.

Et Naruto sait un peu ce que ça fait de ne rien avoir.

— Je...

C'est un murmure que personne, et certainement pas Sasuke, n'a entendu. Il déglutit, serre son poing dans sa poche, et s'avance doucement.

En le voyant, l'autre garçon fronce les sourcils et se tend encore plus. Sur ses gardes, comme si Naruto allait se jeter sur lui pour le blesser.

(Il paraît que Sasuke était là. Qu'il a vu des choses. Que cette nuit-là, il a bien failli y passer, comme tous les autres.)

Il s'avancer encore, et au bout d'un moment Sasuke arrête de reculer. Personne ne dit rien, Naruto inspire, puis arrive devant lui.

Il tend le bras.

Sasuke fronce les sourcils. (Il ne fait aucun mouvement, alors Naruto utilise son autre main relever la sienne et pouvoir enfoncer le ticket dans le creux de sa paume.)

Leurs regards se croisent un instant, puis Sasuke baisse les yeux pour regarder ce qu'il tient à présent : un bon pour un ramen, avec une adresse.

Quand il se redresse, Naruto s'éloigne déjà dans la direction opposée.

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