Nos vies décolorées || Naruto

𝚀𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

Bonne lecture !

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Deux semaines plus tard, Naruto arrive dans une classe chuchotante.

La maîtresse n'est pas encore là, mais étrangement il retrouve ici la même impression qu'il a traîné dans la rue depuis chez lui. Les adultes murmuraient d'un air sombre, des ninjas passaient au dessus des toits d'un air pressé, une femme a pleuré dans les bras de quelqu'un à quelques mètres de lui.

Il a froncé les sourcils, mais ne s'est pas arrêté pour autant.

Mais là, alors qu'il marche lentement jusqu'à sa place au fond de la classe tout en remettant en place les lunettes dans ses cheveux qu'il trimbale partout à présent, il ne peut s'empêcher d'observer chaque visage. Des filles reniflent. Un garçon se mord la lèvre en parlant avec son voisin. Personne ne fait attention à lui.

Shikamaru ouvre un œil quand il s'assoit à côté de lui. Sa tête est enfoncée entre ses bras croisés. Naruto se laisse tomber sur sa partie du banc en bois.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Certains lui lancent un regard, et il se recroqueville un peu en fronçant les sourcils. Il n'a pas parlé si fort que ça. Choji se penche derrière Shikamaru en le regardant comme s'il avait deux têtes.

— Comment t'as fait pour louper ça ?

— Louper quoi ?

— Tout le monde en parle.

Naruto sent quelque chose serrer son ventre, une colère qui lui donne l'impression d'avoir été acculé dans un coin. Parfois, il a envie de répondre, d'aboyer comme un véritable chien sur lequel on a tapé une fois de trop. Il a envie de leur rappeler que personne ne lui parle à lui, qu'il ne voit personne en dehors des cours et que ses seules informations viennent des quelques rares conversations avec le Hokage, ou ses discussions avec Iruka quand ce dernier semble avoir rassemblé assez de courage pour revenir lui parler (Naruto finit toujours pas s'énerver un peu, avec lui, sans trop savoir pourquoi).

— Et ben moi j'en ai pas entendu parler, grogne-t-il tout bas.

Choji ouvre la bouche, prêt à répondre quelque chose, mais tout à coup Shikamaru se redresse et ils se tournent tous les deux vers lui.

Il hausse les épaules.

— Le clan Uchiha a été exterminé hier soir.

Le silence qui suit est éloquent, et Naruto aperçoit quelques têtes se tourner vers eux. Lui reste immobile, car deux choses lui viennent en même temps.

D'abord, un sensation étrange à l'égard du mot exterminé. Il a l'impression que Shikamaru ne devrait pas dire quelque chose comme ça. Que personne dans cette classe ne devrait dire quelque chose comme ça. Que si lui disait un mot pareil, Ishiraku (qui est sa référence en matière d'adulte) le regarderait avec de gros yeux et des sourcils froncés. Il a l'impression que Shikamaru vient de dire un gros mot.

Puis, tout à coup, Naruto comprend.

Son sang se glace (une sensation étrange, vraiment : tout à coup tout son corps semble avoir été plongé dans de l'eau froide et il sent comme un poids tomber dans son estomac, c'est lourd et dérangeant).

Il ouvre la bouche, mais rien ne sort.

Sasuke.

Il tourne doucement la tête pour regarder autour de lui. Les mines sombres. Les lèvres tremblantes.

Sasuke.

Shikamaru a dit les choses simplement, mais Naruto remarque ses épaules tendus et son regard un peu trouble.

Sasuke.

Uchiha.

— Et... ?

— Ouais. Enfin, presque tout le clan. Il paraît que Sasuke est à l'hôpital.

Les sourcils de Naruto se haussent.

— Il va bien.

Et une nouvelle sensation vient remplacer tout le reste : une vague qui fait disparaître le château de sable sur lequel était niché son sang glacé et les pierres dans son ventre. Ce n'est pas vraiment agréable. C'est différent.

Le soulagement.

Naruto serre les lèvres.

Il veut demander des détails, il veut demander plus, tout savoir : savoir ce que les autres ont entendu et que lui ne sait pas. Savoir ce qui s'est passé, pourquoi Sasuke, comment a-t-il fait ?

Mais la porte s'ouvre, et la maîtresse entre dans la classe en serrant son cahier habituel contre sa poitrine, mais un peu plus fortement.

Naruto ne dit rien de plus. Il l'écoute parler, pour une fois.

Il ne sort même pas ses affaires de toute la matinée.

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