39. Procès-verbal n°5

1.7K 205 13
                                    

Procès-verbal n°5

Antonin Pastore

Inspecteur de police : Vous êtes donc un proche de Juliette ?

A. Pastore : Oui.

Inspecteur de police : Proche à quel point ?

A. Pastore : C'est ma meilleure amie.

Inspecteur de police : Nous pensions avoir rencontré ses proches les plus intimes le premier jour.

A. Pastore : J'étais vraiment mal après avoir appris sa disparition. J'étais perdu.

Inspecteur de police : Et aujourd'hui ?

A. Pastore : Je suis conscient que j'aurais dû venir tout de suite vous parler, mais je ne pensais pas – et je le pense toujours – que je pourrais vous aider en quoi que ce soit.

Inspecteur de police : À nous d'en juger. Je vous écoute.

A. Pastore : Je suis allé à cette soirée, ce n'était pas prévu. Mariam et Juliette n'étaient pas au courant. C'était sur un coup de tête. J'avais passé un sale dîner. J'ai quelques problèmes à la maison.

Inspecteur de police : Problèmes de quel type ?

A. Pastore : Avec mon père. Je ne souhaite pas entrer dans les détails.

Inspecteur de police : Du moment que ça n'a rien à voir avec la disparition de votre amie.

A. Pastore : Je peux vous l'assurer. Ça n'a jamais concerné Juliette. C'est familial. Strictement familial.

Inspecteur de police : Donc, ce soir-là...

A. Pastore : Mon père m'a fait sortir de mes gonds. Je n'en pouvais plus. Je supportais trop de choses depuis trop longtemps. Et je me taisais sur trop de sujets. Depuis trop longtemps. J'ai un peu bu. Plutôt beaucoup, pour être honnête. J'ai voulu aller retrouver Juliette pour lui dire ce que je pensais vraiment d'elle. Qu'elle n'était pas qu'une amie à mes yeux.

Inspecteur de police : Comment a-t-elle réagi ?

A. Pastore : Les sentiments ne sont pas réciproques.

Inspecteur de police : Comment l'avez-vous pris ?

A. Pastore : Je ne vais pas mentir, ça ne m'a pas fait plaisir. J'étais triste, déçu. Je n'ai pas voulu rester plus longtemps chez Leo.

Inspecteur de police : Qu'avez-vous fait ? Où êtes-vous allé ?

A. Pastore : J'étais parti pour errer dans la ville, mais un de mes frères m'a appelé en pleurs, il avait peur de notre père. Du coup, je suis rentré chez moi m'occuper de lui.

Inspecteur de police : Vous n'avez pas revu Juliette de la nuit ?

A. Pastore : Non. Je ne l'ai pas revue.

Inspecteur de police : Donc vous avouez vos sentiments à votre meilleure amie qui vous fait comprendre que ce n'est pas réciproque et vous partez.

A. Pastore : C'est ça. Retour chez moi. Vous pouvez interroger mes frères si vous voulez, ils vous le confirmeront.

Inspecteur de police : Nous verrons si nous en ressentons le besoin.

A. Pastore : Je n'arrête pas de repenser à mon départ. D'un côté, je ne le regrette pas car mon frère avait besoin de moi. D'un autre côté, je me dis que si j'étais resté, si je n'avais pas réagi égoïstement, peut-être que Juliette n'aurait pas disparu. Peut-être qu'elle serait toujours là. On pourrait reparler de la soirée, je pourrais essayer de tout arranger entre nous.

Keep It QuietOù les histoires vivent. Découvrez maintenant