Instantanément, elle lui avait plu. Ses cheveux blonds, presque blancs, épais, dans une retombée naturelle et irrégulièrement charmante. Ses yeux qui tirent entre le bleu et le gris, et puis ses lèvres entrouvertes, peintes de rouge. Ça l'avait laissé béat. Il ne parlait plus. Et elle, soutenait son regard. Intensément. Sans vaciller. Ramené à la réalité par son meilleur ami, il désigne de son menton une table au fond de la salle.
- je m'occupe de nous ramener de quoi boire.
- il s'occupe surtout de ramener la serveuse dans son lit.
Un regard noir qu'il échange à son ami qui ricane comme un idiot. Il marche alors vers elle, en poussant les autres clients sans aucune gêne. Elle le regardait faire, un demi-sourire au bord des lèvres. Il s'accoude tout près d'elle, avec un sourire similaire.
- bonsoir.
Sa voix est mélodique. Douce, grave. Comme une chanteuse de blues.
- bonsoir, est-ce que...
...je peux vous embrasser ?
Elle rit doucement, d'un rire clair, lorsqu'il bute sur ses mots.
- je t'écoute.
Le tutoiement qu'elle emploie avec facilité le surprit, sans lui déplaire pour autant. Il décide d'adopter le même fonctionnement.
- deux bouteilles de kirsch, avec des verres à shots, cinq si possible.
- ça marche.
Elle se tourne vers l'étagère chargée de bouteilles. Il admire sa légèreté, la fluidité et la grâce de ses mouvements, sa blondeur voluptueuse qui accompagne la trajectoire de ses épaules, ses mains manucurées qui dépose avec soin les verres sur le plateau en fonte.
Elle avance sa commande vers lui en annonçant le prix.
Ce moment, embarqué entre leur deux regards, où ni l'un ni l'autre n'ose vraiment se lâcher.- est-ce que ce serait déplacé si je te demandais ton numéro ?
Il ne s'attend à rien. Elle doit en avoir vu passer, des étrangers un peu séducteurs. Mais à son grand étonnement, sa réponse fut différente que ce qu'il espérait.
- je finis dans un peu moins d'une heure, on peut se retrouver à la sortie ?
Il affiche un sourire. Elle avait compris, et ne s'était pas posé beaucoup plus de questions. C'est fou ce qu'il dégage. Et bon Dieu comme il l'attire. Il s'empare du plateau, elle se dit alors, qu'on admire pas comme ça des mains avec autant d'intérêt. Elle sourit une dernière fois avant qu'il ne la quitte.
*******
Une heure arriva finalement plus tôt que prévu. Il ne l'avait pas lâché des yeux. Il avait parcourut son corps, de sa nuque dégagée, le long de son dos, jusqu'à la courbure délicate de ses fesses. Ça lui arrivait parfois de mater ouvertement des femmes, des corps, comme ça. Mais elle, c'était différent. C'était plus.
Quand son regard découvrait sa poitrine discrète, il ne la trouvait qu'encore plus belle. Quand elle relevait la tête, il s'imaginait déposer des baisers sur la peau fine et blanche de son cou, en parsemer ses clavicules. Il ne pouvait s'empêcher de vouloir la découvrir, entendre sa voix sans le brouhaha incessant du bar, de poser ses mains sur sa peau fraîche, et lui murmurer, toujours, encore, des millions de fois, qu'elle est magnifique. Il se demande si elle le sait. Si elle en a conscience.
Pendant qu'elle, se demande si il l'attend encore tandis ce qu'elle ferme la caisse. Elle passe la tête par dessus le comptoir pour regarder dans sa direction. Il est là. Sagement assis. Seul. Ses cheveux bouclés tombent sur ses épaules. Elle aime ça. Elle aime sa carrure, son style, bien qu'extravagant. Elle aime le timbre de sa voix. Elle aime sa confiance en lui. Sa prestance. Elle aime tout de ce qui se dégage de lui.
Ses amis ont quitté l'établissement depuis quelques minutes maintenant, environ
trois quarts d'heure. Bien-sûr qu'ils l'ont charrié quand il a annoncé qu'il restait pour attendre la jolie blonde. Il l'attend maintenant, avec une certaine impatience. Quand son visage apparaît au milieu de l'amas de gars bourrés entassés sur le bar en imitation marbre, ses lèvres s'étirent inconsciemment. Elle sourit de toutes ses dents avant de disparaître de nouveau. Il la cherche du regard, puis tombe sur l'horloge cuivrée. Son sourire se réitère lorsqu'il constate que si elle est partie, c'est sans doute parce qu'elle va le rejoindre d'un moment à l'autre. Et il a vu juste.
Sa silhouette se dessine face à lui, et elle s'arrête à quelques centimètres, son manteau dans ses mains. Il se lève, tout près d'elle maintenant, et d'un commun accord, quitte le bar en sa compagnie.Les néons bleus de la devanture se reflètent sur le bitume humide sous leurs pieds. Elle passe son blouson autour de ses épaules. C'est son favori. Une veste épaisse et large, en effet simily cuir. Il la trouve superbe dedans. Ça lui donne un côté désinvolte. Elle fixe le ciel nocturne avec nonchalance, et il se retient malgré lui de voler à ses lèvres un baiser qui le tente pourtant tellement.
- est-ce que tu veux qu'on aille quelque part ?, il propose doucement.
- je pense qu'on a notre quota de bar pour la soirée, elle répond avec un sourire qui le fait chavirer. Mais j'habite à deux rues, si tu es partant.
De toute évidence, il accepte. Alors, ils se mettent à marcher, à leur rythme, vers l'appartement.
- je t'ai pas demandé ton prénom, il demande en se penchant vers elle.
- C'est Livia. Et le tien ?
- Damiano.
Elle sourit. Un prénom typiquement italien, comme le sien en réalité. Elle se sent si petite à côté de lui. Il doit mesurer au moins un mètre quatre-vingt, voir quatre-vingt cinq. Elle, du haut de son mètre soixante-six, bien qu'elle soit dans la moyenne, à l'air ridiculement minuscule.
- ça fait longtemps que tu travailles ici ?
- non, environ six mois.
Il hoche la tête, et ses cheveux bruns retombent devant ses yeux. Il y passe donc la main pour les rabattre en arrière. Et ça ne le rend que plus séduisant.
- t'es courageuse, c'est pas facile ce genre de profession.
- ouais, je t'avoue que si j'avais un autre moyen de gagner ma vie, j'aurais dégagé depuis longtemps.
- j'imagine bien.
Il se rapproche d'elle, et passe un bras sur ses épaules. Elle tourne la tête, surprise mais pas déçue par ce contact rassurant.
- ça ne te dérange pas ?
- pas du tout, elle répond en entremêlant ses doigts aux siens.
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HAUT LES CŒURS
RandomElle n'a rien de spécial en apparence, Livia. Elle se cache beaucoup, elle en donne trop. surtout pour Damiano qui n'ose pas se laisser faire, qui par dépit, a conclu que toutes les roses piquent. Jusqu'à ce qu'il rencontre la lavande.