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Ils arrivèrent, toujours l'un contre l'autre, devant un grand bâtiment sombre. Livia compose le code de l'interphone de ses doigts fins avant d'inviter le brun à entrer à son tour.
Le rez-de-chaussée est plongé dans le noir complet, encombré d'un silence pesant. La jeune fille s'avance, un spot automatique s'allume. Elle s'arrête au milieu du hall. Sa tignasse blonde reflète la lumière blanchâtre des ampoules grésillantes. Dans son halo phosphorescent, elle s'apparentait à une déesse. Elle est précisément ce genre de femme dont la beauté demeure limpide. Damiano en était hypnotisé.

- je suis au cinquième. Donc maintenant on a le choix, ascenseur ou escaliers.

- à choisir, je préfère tout de même l'ascenseur.

Un joli sourire se dessine sur le visage de la serveuse qui adresse un signe de tête à Damiano pour lui indiquer le monte-charge.

Maintenant enfermés à deux dans ce petit habitacle, ni l'un ni l'autre ne parlent. Mais la tension est palpable. Inexorablement, ils s'attirent. Et ce, depuis le début de la soirée.
Livia ne bougeait pas, taciturne. C'en devenait presque insolent. Elle le fixait avec un air de défi, la respiration lourde, les lèvres entrouvertes.
Damiano, quant à lui, se sent bien. En parfait contrôle de la situation. Il couvre la serveuse d'un regard libidineux, sans aucun gêne. Il avance avec précaution vers la blonde, et s'arrête juste devant elle. Tout près. Mais elle n'a pas peur. Et c'est bien pour ça qu'elle avait proposé qu'ils rentrent ensemble.
Livia, sous ses airs, est une grande joueuse. Elle aime le parfum, la fragrance délicate et subtile du désir. Mais ce qu'elle préfère par dessus tout, c'est travestir, enjoliver ses émotions.
Et comme c'est déstabilisant, la voir paraître si vulnérable, et en même parfaitement ancrée dans son rôle de femme fatale. Tout se joue dans l'expression de son visage. Les yeux levés vers ceux du brun, elle semble sage, presque soumise. Mais il lui suffit de hausser un sourcil pour qu'un air joueur renverse ses traits.
Damiano reste subjugué par cette habilité-là.

Désormais, leurs lèvres ne sont qu'à quelques centimètres. Si elle le voulait, elle pourrait l'embrasser là, maintenant, mais elle n'en fit rien. Les yeux à demi-clos, elle patiente, profitant de la délicieuse attraction presque offerte sur un plateau d'argent. Soudain, l'ascenseur s'arrête au troisième en vacillant un peu, mais les portes ne s'ouvrent pas. Le brun sourcille.

- il déconne parfois. Il s'arrête tout seul, et ça repart après.

Damiano presse sa paume contre le mur derrière eux et rapproche dangereusement son visage du cou de sa belle.

- j'crois que ça ne me dérange pas tant que ça.

Ses lèvres balayent l'espace tendre de sa peau de lait qu'elle lui offre en pâture, et il n'en faut pas plus à Livia qui se meurt déjà d'extase. Elle s'empare de son visage qu'elle prend entre ses mains et joint la bouche du brun à la sienne. Lui, ne perd pas plus de temps. Il la pousse un peu plus contre la paroi du petit espace et saisissant sa jambe, il la rabat contre son bassin. Elle sait pourquoi il est là. Ce n'est pas si dérangeant dans le fond. Puisqu'elle veut la même chose.

Lorsque l'ascenseur s'arrête enfin au cinquième étage, il garde ses mains sur ses hanches, la guidant hors du lieu clos pour regagner le couloir. Il continue de l'embrasser, un peu partout, et constate bien vite l'effet que lui provoque le contact de ses lèvres contre sa nuque. Il joue avec cette faiblesse là, arrachant quelques soupirs de satisfaction à la jolie blonde qui continue d'avancer à reculons dans le couloir, puis se retourne pour déverrouiller la porte de son appartement. Tandis ce qu'elle s'affaire à glisser sa clé à l'intérieur de la serrure, son amant enveloppe toujours son cou de multiples baisers, ses mains appuyant doucement sur le bas de son ventre, pressant son torse contre le dos de la jeune fille.
Il y a dans ce contact volontaire, une forme de protection, après la luxure. Une forme de soucis, d'attention qu'il porte à faire monter en elle l'envie déjà prenante. S'il a su déceler en elle ses points faibles, ces endroits précis qui la font se donner plus, il sait alors en jouer. Joindre l'utile à l'agréable.

Lorsque la porte cède enfin, ils se précipitent à l'intérieur. Alors qu'elle vient de fermer son appartement, elle sursaute à peine à se retrouver plaquée contre la paroi de bois verni.
Il la tient, fermement, mais sans jamais lui faire mal.
Ils se lient d'un baiser débordant de fougue, de violence, de passion. Les mains de Livia fourragent dans les boucles épaisses de son homme d'un soir tandis ce que lui passe ses mains sous son chemisier de satin noir. Il en défait les premiers boutons alors que la serveuse s'affaire à venir à bout de sa ceinture. Il la décolle de la porte pour la presser contre lui. Leurs souffles déjà courts s'entremêlent, se perdent, rivalisent avec l'oxygène.

- ta chambre.

Sa voix est un murmure déterminé.

HAUT LES CŒURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant