Damiano habitait un appartement spacieux, au rez-de-chaussée d'un bel immeuble dans le centre de la capitale italienne.
Il ne l'avait avoué qu'à ses amis, mais s'il avait prit un logement au premier étage, c'était uniquement pour soigner sa phobie des hauteurs.
Lorsqu'ils entrent, la jeune fille laisse ses yeux balader un peu partout dans la pièce à vivre. Elle admire les moulures au plafond, les murs gris sombres qui donnent au salon cet air accueillant et les lumières tamisées qui contrastent à merveille avec le reste de l'espace. Il a bon goût en décoration.
Juste à côté de la fenêtre se tient une petite étagère large chargée d'une multitude d'albums vinyles. La blonde, attirée par les étuis colorés et par le tourne-disque en 45 tours trônant sur le dessus du meuble, s'en approche. Appuyé contre le mur, le chanteur la regarde d'un œil attendri pendant qu'elle examine avec attention ses pochettes. Avec un rire, il demande :- tu trouves ton bonheur ?
- c'est que t'en as une tonne..
Elle eut un instant d'arrêt marqué par un petit sursaut. Damiano s'approche, et soulagé quand il constate qu'elle venait juste d'extirper un vinyle de son étagère avec des yeux pétillants. Plus pétillants que d'habitude, ça va de soi.
Livia tenait entre ses mains un disque annotée A Moon Shaped Pool, produite par Radiohead. Et c'était son préféré du groupe.
Après The Bends et Pablo Honey, faut pas déconner avec les classiques.
Sa mère en est une fan inconditionnelle, et depuis petite, elle a été bercée par Thom Yorke, inlassablement mais toujours avec un plaisir immense. A supposer qu'elle en a fait son habitude, aujourd'hui.- t'aimes Radiohead, toi ? elle demanda avec un peu d'étonnement.
- Toi aussi, j'ai l'impression ?
- j'ai grandi avec leur musique, j'écoute depuis que je suis gamine.
- tes parents ont bien fait ton éducation.
- ma mère, elle souligne, les yeux toujours rivés sur le dos du carton. ça me surprend tellement que t'ai celui-là, je veux dire, c'est un des plus récents !
- j'entretiens ma petite collection, il réponds en souriant comme un attardé.
D'un point de vue extérieur, il aurait adoré se faire bouffer ses propres dents à cet instant-là. Mais elle avait un air si enjoué qu'il ne pouvait qu'être satisfait.
- c'est laquelle ta préférée, alors ?
Livia retourne l'album, cherche un instant des yeux et pose son index en son milieu.
- true love waits, elle annonce avec un sourire radieux.
Alors, il fait de son mieux pour sortir le disque de sa pochette sans la lui enlever des mains et le dépose sur la platine.
La blonde relève la tête presque immédiatement lorsque les premières notes de sa chanson favorite résonnent.
Un sourire immense passe sur son visage, se propageant sur celui du chanteur qui sourit désormais, autant qu'elle. Ses yeux dessinent le carton illustré, ses lèvres retracent les paroles silencieusement.
Damiano s'approche d'elle lentement, et dépose ses mains sur ses hanches.
Pas un mot, pas un geste.
Il attend qu'elle réagisse.
Ses yeux profonds et clairs se lèvent, et serrée contre lui, elle sourit de plus belle pendant qu'elle murmure les vers.
Il rit à peine, pour ne pas paraître bête, en la tenant enlacée. Il la fait tournoyer sur elle-même, obnubilé par sa désinvolture, par sa fougue. C'était comme tenir un éclair entre ses mains, mais un éclair qu'il mourrait d'envie d'embrasser.
Lorsque la musique prend fin, elle rit toujours; elle se laisse retomber doucement dans ses bras comme s'ils s'étaient toujours connus.
Il dégage sa nuque de ses cheveux de lis et dépose une chaîne de baisers dans son cou en la tenant toujours près de lui.
Sa peau exhale une odeur agréable et singulière, idyllique.
Quelque chose de frais. Comme de la verveine. Une odeur de printemps.
Le parfum est dense, il le laisse l'envahir, serrant un peu plus son dos. Ils n'ont pas besoin de mots. Juste de cette étreinte douceâtre et reposante.
Une étreinte qui veut dire "tu peux compter sur moi".
En bref, un geste qui, autant à l'un qu'à l'autre, a pu leur manquer terriblement au cours des derniers mois.
Amour blues.Il trouve enfin le courage de lui demander si elle a faim, en relevant la tête pour trouver son visage appuyé sur son épaule.
Elle hoche la tête, puis l'imite pour trouver ses iris brunes. Ils échangent sans vraiment le vouloir -quoi que- un regard intense, lourd, mais tellement beau.
Ils se veulent, ça crève les yeux, bien au-delà d'une nuit ensemble.
Reste plus qu'à savoir lequel des deux l'avouera en premier.Il la couvre d'une caresse qui remonte le long de son dos et s'arrête jusqu'à sa joue.
Là, du bout de son pouce, il retrace ce grain de beauté qu'elle porte sous l'œil, la fine cicatrice sur sa pommette, il laisse ses doigts se promener sur sa peau nivéenne.
Elle a tout pour plaire.Cette fille porte ses défauts comme une parure de diamants.
La jolie serveuse autorise son visage à peser doucement contre la paume du brun, et qu'est-ce qu'il aime ça.
Il la sent détendue, comme s'il avait la responsabilité de son être.
Lorsqu'elle rouvre enfin les yeux, elle a un sourire en coin quand elle découvre les siens posés sur elle.- quoi ?
- t'es belle.
Instantanément, il regrette ces mots. Non pas qu'il ne les pense pas, mais il se trouve absolument ridicule.
Elle l'est, belle. Elle est même sublime, magnifique, parfaite.
Dans ses yeux, entendons.
Mais probablement pour bien d'autres.
Le truc, c'est qu'il n'aurait jamais pensé le lui dire. Même s'il en avait envie. Il se sent con.Livia pouffe en posant son front contre son torse.
Voilà qu'une poignée de pensées mielleuses s'emparent de sa tête. Il a des yeux, comme dirait sa mère, des yeux d'amour, quand il la regarde comme ça. Ou peut-être est-ce du cinéma ?
Au fond d'elle, elle sait combien elle se fourvoye.
Lui, amoureux de moi ?
Non mais la meuf, quoi !- dis pas ça. Mais t'es beau, toi aussi.
Il s'en contente, un sourire niait sur les lèvres.
Livia dégage quelque chose de pur, de très singulier. On le remarque quand elle se concentre sur quelque chose, que ses yeux saphirs se fondent en intérêt.
Elle a une aura différente, attirante dans son charme et sa personne intérieure.
On aurait tendance à se concentrer sur l'image qu'elle renvoie, bien trop parfaite pour penser qu'elle est plus que ça.
Pourtant, il n'a fallut que deux jours pour laisser au chanteur la satisfaction de découvrir sa personnalité seconde, la Livia à l'état pur. Celle qu'elle est pour de vrai quand elle enlève son tablier.Et là, les yeux dans les yeux, il se sent prêt. Il tient dans ses paumes ouvertes son cœur, un peu rafistolé, méfiant, mais il veut tenter. Il veut qu'elle le prenne, au moins en location. Pour tester.
Instinctivement, il sait bien qu'elle est différente et bien moins tranchante que la précédente, et sait que rien ne sera pareille.Il décide de faire confiance à son instinct, cette fois.
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HAUT LES CŒURS
عشوائيElle n'a rien de spécial en apparence, Livia. Elle se cache beaucoup, elle en donne trop. surtout pour Damiano qui n'ose pas se laisser faire, qui par dépit, a conclu que toutes les roses piquent. Jusqu'à ce qu'il rencontre la lavande.