5. Chalet familial

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Lorsque je passe l’entrée, une grande pièce m’accueille, faisant office de grand salon avec cuisine ouverte. J’aperçois un couloir qui doit mener aux chambres et sanitaires, tandis qu’une porte est présente à côté de la magnifique et imposante cheminée en pierre froide et surmontée d’une large poutre.
L’intérieur du chalet est aussi charmant et incroyable qu’à l’extérieur et des habitantes qui l’occupent. Les tissus du mobilier sont dans des tons écrus donnant au lieu une ambiance cosy et chaleureuse. Les murs de bois sont, comme au-dehors, de couleur miel, et deux tapis immenses rehaussent de leurs couleurs vives l’ameublement clair de la pièce avec des coussins assortis.
Je m’intéresse aussitôt aux nombreux objets qui décorent autant la partie cuisine que celle du salon. Posée sur un large meuble, une coiffe indienne aux plumes blanches et bleues attire mon attention. J’observe tout particulièrement les perles rouges, blanches, marron et bleues tissées à la perfection sur ce chef-d’œuvre.
Plus loin, un instrument de musique indien est accroché au mur paré richement de plusieurs toiles. L’une d’entre elles représente le visage d’un amérindien en noir et blanc. Une autre, une amérindienne les cheveux tressés assise au bord de l’eau en compagnie d’un loup se tenant à ses côtés, dans une myriade de couleurs.
Il y a des peintures représentant un troupeau de bisons, des amérindiens torses-nus parés de colliers et de plumes sur leurs montures lancées au galop. Que ce soit des portraits ou des scènes de la vie ou imaginaires, ils représentent tous sans exception des sujets se rapportant aux autochtones. Tout comme chaque objet présent dans la pièce.
Ma culture m’étant encore inconnue est bien là, présente dans chaque espace de cette maison.

— C’est magnifique.

Je les complimente les yeux encore ébahis devant chaque découverte.

— Merci, répond Kachina. Tout ceci t’est encore mystérieux.
— Oui, comme je vous l’ai dit, j’ignorais tout de cette partie de ma vie. Seul mon visage me laissait à penser que j’étais obligatoirement une amérindienne, mais à part ça, rien.
— Ne t’en fais pas pour ça, nous te conterons les légendes de notre tribu et te ferons découvrir les chants et leurs significations.
— Ça sera avec joie.
— Pour nous aussi, m’affirme Aquene m’observant toujours de ses yeux larmoyants et heureux. Tu es une Isha.
— Je le suis à moitié, dis-je en leur offrant une petite moue.
— Peu importe. Chez nous, lorsqu’un enfant est métis, il est indien s’il l’est de sa mère.
— Comme moi.

Mon arrière-grand-mère hoche la tête et pose ses mains vieillies sur mes épaules en me faisant face et plantant son regard dans le mien.

— Exact. Tu es une véritable Isha, Tala. Et tu es ici chez toi. Je veux que tu te sentes bien dans notre maison. Je ne veux en aucun cas que tu te sentes comme une étrangère ici. Certes, nous ne nous connaissons pas, mais nous allons nous apprendre ensemble, me dit-elle avec cœur.
— Ma mère a raison, déclare Kachina en posant à son tour une main par-dessus celle de sa mère côté gauche. Nous ne voulons pas que tu te sentes de trop parmi nous. Au téléphone, nous t’avons sentie réticente par rapport à nos potentielles futures réactions en ce qui concerne le long terme.

Je soupire en baissant le visage un instant avant de leur avouer mon inquiétude.

— Par crainte de m’imposer dans vos vies déjà bien rangées.
— Tu n’es pas un boulet pour nous. Bien au contraire, tu es une bénédiction. Tu ne peux pas t’imaginer combien nous sommes reconnaissantes envers les Grands Esprits de nous avoir donné cette chance inouïe de te retrouver et de pouvoir te garder précieusement dans nos vies jusqu’à notre dernier souffle. Ne doute jamais de ce que tu représentes pour nous, Tala. Tu es nôtre et nous t’aimons plus que tout au monde, me révèle Kachina en serrant mes deux mains désormais dans les siennes.

Isha (Sous Contrat D'édition "Bookmark" )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant