Chapitre 4

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Lorsque le soleil commence à percer à travers mes rideaux, je décide de me lever et de me préparer pour ma journée. J'ai très peu dormi. Le manque de sommeil me donne un aspect de morte vivante. Je suis au ralenti tout le matin. Je fais ma routine habituelle sans me poser de questions. Je m'habille avec ce qui me tombe sous la main sans prendre le temps de vérifier si mes habits coordonnent. J'applique un peu de fond de teint afin de faire disparaître mes poches sous les yeux. Le manque de sommeil pèse lourd sur mon corps. J'ai très peu d'énergie et je manque d'appétit pour le petit-déjeuner. Je me regarde une dernière fois dans mon miroir et constate que je ne peux plus rien faire d'autre pour améliorer mon apparence. C'est une cause perdue de toute façon.

Décourager, je ramasse mon sac et retrouve ma mère près de la porte d'entrée qui m'attend avec impatience. Elle me détaille de la tête aux pieds avec des yeux interrogateurs. Je dois surement faire peur avec mon allure, mais je m'en fous. Tout ce que je veux ce matin est d'être capable de passer à travers ma journée sans tomber de fatigue. Ma mère ouvre la bouche pour me poser une question, mais se ravise à la dernière minute. Le regard sévère que je lui fais la décourage illico. Elle ouvre la porte et accède à la voiture dans le garage. Je la suis de près avec mon corps en pitoyable état.

Le trajet jusqu'au centre communautaire se fait en silence. Je monte le volume de la radio afin de décourager ma mère à me questionner sur mon état de ce matin. Le trafic est moins dense ce qui nous permet d'arriver plus d'une heure à l'avance au centre. J'en profite pour aller me chercher un café noir afin de me réveiller. Je déambule sur le trottoir sans me préoccuper des gens qui passent à côté de moi. À l'instant où j'arrive près du Café, je sens quelqu'un m'agripper la main. Je sursaute à son contact. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui a l'audace de faire ce geste. La décharge électrique que je reçois me confirme sa présence. Effectivement, en me retournant, je constate qu'Adam se tient à mes côtés sans détacher ses doigts des miens.

– Adam? Tu m'as fait faire un saut.

– Désolé, je ne voulais pas t'effrayer.

– Tu as rasé ta barbe, dis-je sous l'effet de la surprise. Ça te va bien.

– Merci, dit-il en me gratifiant d'un séduisant sourire.

– Est-ce que tu veux un café, je m'apprêtais à m'en acheter un?

– Si tu insistes, dit-il de façon nonchalante.

Nous entrons dans le Café ensemble et passons notre commande. À ma surprise, il prend exactement la même chose que moi. La tension est palpable entre nous, mais aucun de nous deux n'ose parler. Mon apparence ridicule me met mal à l'aise devant lui. C'est bien la première fois que je me soucis de mon allure. Cependant, il n'a pas l'air à en faire tout un plat. Au moment de payer la commande, Adam glisse la monnaie sur le comptoir avant que j'aie pu sortir mon portefeuille.

– Tu n'as pas à payer, ça me fait plaisir de te l'offrir.

– Tu paieras le prochain, me dit-il avec un grand sourire.

Un silence s'installe et se fait lourd pendant que nous attendons notre commande. Je me mets à le détailler de la tête aux pieds en essayant de ne pas le faire paraître. Je suis ébahi par son charme charismatique. Maintenant qu'il n'a plus de barbe, je peux admirer son beau visage. Son teint est un peu hâlé. Sa bouche n'est pas trop grande, ni trop petite. Ses lèvres sont fines, mais parfaites pour y déposer les miennes. Ses dents sont alignées et très blanches, ce qui accentue son beau sourire. Des fossettes creusent ses joues de chaque côté de son visage. Celui-ci est parsemé de quelques grains de beauté sans toutefois être imposant. Sa mâchoire est large et très virile. On peut facilement dire qu'il a un visage qui s'apparente à ceux des dieux grecs.

Des âmes sœurs improbables (Publié chez Essor-Livres Éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant