Chapitre 2

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Tatiana sentit la souffrance de son corps avant même de reprendre connaissance.
La douleur était si grande qu’elle avait l’impression qu’un camion lui était passé dessus.

Que s’était-il passé ? Où était elle ?

Elle cligna péniblement des yeux, se demandant comment elle s’était retrouvé sur le carrelage glacé de sa salle de bain.
Ses souvenirs étaient confus, sa tête tournait un peu.
Elle posa ses mains à plat contre le sol et se redressa en grimaçant de douleur.
Son premier réflexe fut de vérifier que sa main droite était toujours intacte.

Contrairement à n’importe quelle personne « normale », qui aurait plutôt protégé son visage et sa tête, Tatiana avait plutôt tendance à se focaliser sur la défense de ses doigts.

Lorsqu’elle se prenait des coups sur la tête, elle risquait sa vie, certes, mais sans ses mains, elle n’était plus rien.
Sans elles, elle ne pourrait plus dessiner, ni peindre…

« Dieu merci, elle est intacte… »

Elle se traîna légèrement pour pouvoir s’adosser contre la baignoire et resta un long moment ainsi, à fixer un point invisible face à elle.
Elle avait un peu mal lorsqu’elle respirait.
Son cerveau l’avait oublié, mais son corps se souvenait très bien du poing qui l’avait percuté sous la clavicule.
Elle s’appuya contre le rebord de la baignoire pour se lever et traîna des pieds jusqu’au lavabo afin de vérifier son reflet.
Son visage n’avait rien, comme toujours.
Mais qu’en était-il de son corps ?
Elle tira sur son col avec précaution et ferma brièvement les yeux, épuisée, en voyant des marques sur sa nuque.
Elle soupira de dépit et relâcha son col avant d’ouvrir le robinet.
Elle se rinça le visage à l’eau fraîche, et son ventre se serra tandis que les images de la veille lui revenaient progressivement.
Elle se souvenait avoir couru pour rentrer plus vite.
À peine arrivé, il lui avait fait une énième crise de paranoïa.
N’étant pas rentré immédiatement à la maison après avoir été libéré par sa patronne, il s’était aussitôt imaginé qu’elle était allé retrouver un autre homme.
Il était entré dans une colère folle. Une énième dispute avait éclaté et elle avait une nouvelle fois perdu le contrôle de la situation.

Elle s’était probablement réfugié dans la salle de bain pour échapper à sa fureur. Le verrou était fermé.

Où était-il à présent ? Avait-il passé la nuit dans l’appartement ? Quelle heure était-il ?

Elle avait l’impression d’être perdue dans un espace serré où le temps n’existait plus. Où la vie s’était arrêtée.
Pourtant, elle devait se reprendre. Elle devait se rendre à la boutique. C’était elle qui était chargée de l’ouverture ce jour là.
Était-il trop tard ? Où était son téléphone ?

Ce fut seulement à cet instant-là que Tatiana se souvint qu’elle portait une montre à son poignet.
C’était un cadeau de son frère aîné, qui vivait toujours en Louisiane, aux côtés de leur parents.
Le souvenir de son visage souriant mit  un peu de baume sur son cœur abîmé.
Elle se mordit la lèvre pour retenir les larmes qui lui montaient aux yeux et vérifia l’heure.
Il n’était que 6h30 du matin.
Elle avait encore de la marge.
Elle soupira, un peu soulagée, et se tourna vers la baignoire, avant d’ouvrir le robinet.
Elle se débarrassa de ses vêtements avec précaution, puis elle se retint contre le mur pour escalader la baignoire, et la caresse de l’eau chaude contre son corps endolori lui fit autant de bien que de mal.
La douleur sur certaines zones était accentuée sous l’effet de la chaleur, tandis que d’autres étaient atténuées.
Après s’être savonnée le corps sans oser utiliser de gant de toilette, elle se rinça en grimaçant, puis, elle coupa l’eau et accrocha une serviette autour de son corps, le regard embué, avant de sortir de la baignoire.
Elle n’osait même plus regarder vers le miroir. Elle n’avait pas envie de voir…
Elle ne ferait qu’accabler mentalement Joshua alors qu’elle était la seule responsable de cette situation.
Elle connaissait Joshua comme personne. Ils avaient grandi ensemble.
Elle savait qu’il avait toujours eu beaucoup de mal à gérer ses émotions.
Et c’était uniquement parce qu’il l’aimait de tout son cœur qu’il devenait fou de jalousie à la moindre occasion.

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