Chapitre 1

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- C'est bon, Tatiana. Tu peux rentrer.

Tatiana, qui terminait tout juste de ranger le nouveau stock dans l'arrière boutique, se tourna vers sa patronne d'un air interrogateur avant de jeter un œil à sa montre.

- Mais... La boutique ne va pas fermer avant au moins deux heures, s'étonna-t-elle.

Celle-ci la couvait avec malice, l'œil rieur. Sally était une femme d'une cinquantaine d'années, pourtant, elle était très loin de faire son âge.
Avec cette silhouette de rêve, cette peau lisse, ces cheveux châtains et ce teint halé, il était en effet difficile de concevoir qu'elle se rapprochait dangereusement des soixante ans.
Tatiana aurait tout donné pour avoir au moins cette taille fine qui lui donnait une apparence de sablier.
La jeune femme avait effectivement une taille marquée, mais le gras stocké dans son ventre était tout sauf gracieux. Sans parler de sa poitrine, de ses hanches et de son fessier qui étaient bien trop généreux pour être qualifiés d'harmonieux.
Tatiana n'avait pas spécialement de look, alors elle enfilait des vêtements amples tout simple pour cacher ces formes qui l'incommodait tant.
Ses cheveux aussi lui menait la vie dure.
Durant ses années lycée, elle avait pris l'habitude de se lever très tôt le matin pour pouvoir lisser son abondante chevelure bouclée et noir, mais elle avait abandonné le combat depuis belle lurette.
La jeune femme les laissait à présent cascader librement sur ses épaules.
Elle avait appris avec le temps à les supporter, contrairement à ses petites tâches de rousseur qui venait gâcher ce petit nez rebondis qu'elle aimait bien.
Lorsqu'elle trouvait le temps de se maquiller, elle les cachait toujours derrière du fond de teint pour essayer de les oublier...

- Allez, zou ! S'amusa Sally
- Mais... Je ne comprends pas. Vous voulez fermer plus tôt ? S'enquit-elle

Sally secoua la tête en pouffant de rire.

- Non, non, mais aujourd'hui... C'est ton anniversaire ! S'enthousiasma t-elle en tapant dans ses mains. Alors je te libère ! Profite bien de ton après-midi, ma petite Tatiana !
- C'est vrai ?! Oh, merci beaucoup Sally ! S'exclama-t-elle en la prenant dans ses bras.

Sally répondit à son étreinte en riant de bon cœur.

- Profites-en pour te retrouver un peu avec ton chéri, Sourit-elle en lui tapotant le dos, Avez-vous prévu quelque chose pour l'occasion ? Va-t-il t'emmener au restaurant ?

Tatiana sentit tout son corps se crisper, mais elle s'efforça de lui sourire le plus naturellement du monde alors qu'elles mettaient un terme à leur accolade.

- Je ne sais pas, je suppose qu'il va me faire la surprise...
- J'en suis certaine, s'enthousiasma Sally, N'oublie pas de te faire belle et de te maquiller un peu ! Mets aussi la robe que je t'ai offerte à Noël. Tu vas être resplendissante !

Tatiana continua de sourire en hochant la tête, avant de détourner les yeux presque par réflexe.
Si elle savait ce qu'il était advenu de cette robe...
Elle s'empressa de chasser de son esprit, la vision de ce beau tissu bleu ciel, déchiré en mille morceaux. Elle détestait repenser à cette terrible soirée.
Celle où elle avait faillit se retrouver à l'hôpital...

- Je te retrouve demain matin, lui dit-elle en lui caressant le bras, le regard bienveillant. Bonne soirée Tatiana, et joyeux anniversaire.
- Merci, Dit-elle en souriant, timidement. Je vous promets d'en profiter.

Sans perdre un instant, Tatiana récupéra son sac, et salua sa patronne une dernière fois avant de quitter la boutique.
C'était une belle journée ensoleillée. Pas un seul nuage ne venait chatouiller les grattes ciel de New-York.
New York. Cette ville mythique que tout le monde connaissait, même sans y avoir posé les pieds.
Cette ville magique où tout devenait possible.
Tatiana se souvenait encore de cette euphorie qui avait saisit son cœur, le jour où elle avait quitté la Louisiane, sa ville natale, pour intégrer l'université d'art de New York.
L'énergie de cette ville l'avait transcendée, et elle s'était juré de réaliser son rêve.
Celui d'ouvrir un jour sa propre galerie d'art...
Mais elle s'était rapidement heurtée à la réalité.
Elle n'avait à présent plus le goût de rien...
Elle tressaillit en sentant son téléphone vibrer dans sa poche. Elle n'avait pas envie de le sortir, elle savait très bien qui essayait de la contacter...

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